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Attentat de Nice: les parties civiles, déçues de l'audition d'Estrosi, veulent un procès sur les "défaillances" de sécurité

Peu satisfaites des auditions des représentants de l'État de la mairie, notamment de Christian Estrosi, les parties civiles appellent à une poursuite de l'instruction du dossier en dehors de "toutes pressions locales".

Pour les parties civiles, c'était un moment-clé du procès. Si ce n'est une reconnaissance de responsabilité, elles attendaient au moins de l'audition de Christian Estrosi, jeudi, des réponses à leurs questions sur le dispositif de sécurité en vigueur au moment de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016.

À la barre de la cour d'assises spéciale de Paris, où sont actuellement jugés des membres de l'entourage de l'auteur de l'attaque, celui qui était alors adjoint en charge de la sécurité a défendu l'action de la Ville.

Christian Estrosi, aujourd'hui maire, a mis en avant la présence d'un important dispositif de caméras de surveillance et détaillé le nombre de policiers municipaux déployés et leur affectation. Il s'est dit cependant dépourvu d'informations sur "la menace précise" -même si cette dernière "planait sur l'ensemble du territoire"- ou sur la mobilisation des policiers nationaux.

"Nos effectifs avaient été conviés à de nombreux exercices pour s’entraîner à ces différentes hypothèses, a-t-il rappelé. Il n’avait jamais été demandé à la Ville de mettre en place de glissières bétons. Ce qui était recommandé, face à la menace protéiforme, c'était de déployer des policiers en arme longue capables de neutraliser tous types d’assaillants", a-t-il ajouté, assurant que le niveau de sécurité avait été du même niveau que lors de l'Euro 2016, qui venait de s'achever.

"Je suis outrée"

Son argumentaire est loin d'avoir convaincu les parties civiles, lesquelles n'ont pas hésité à pointer du doigt des manquements dans le dispositif à l'issue de l'audition de Christian Estrosi, puis de Philippe Pradal, maire de Nice en 2016.

"Je suis outrée de son comportement. Qu'il ait la correction vis-à-vis des parties civiles, des gens qui sont partis, des familles qui sont en deuil, de dire: il y a eu une défaillance", s'est émue Nadège Renda, partie civile dans le procès de l'attentat du 14-Juillet 2016, au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

Pour Caroline, également présente au procès, la responsabilité n'incombe pas qu'à la municipalité. "Ce n'est pas M. le maire qui prend cette décision tout seul. Il est obligé de demander au préfet et aux autorités. Elles ont été incompétentes à ce niveau-là", fustige-t-elle.

Des questions en suspens

Dans un communiqué publié la veille de l'audition de Christian Estrosi, "Tous Citoyens 06" avait déjà appelé à "faire émerger la vérité" sur ces éventuels manquements, ce que les explications de François Hollande et Bernard Cazeneuve, respectivement président de la République et ministre de l'Intérieur au moment des faits, n'avaient, selon l'association, pas permis. Si l'ancien chef de l'État a reconnu "un échec collectif", le locataire de la place Beauvau a de son côté promis qu'il n'y avait eu "aucun relâchement".

Restent néanmoins toute une batterie de questions que l'association aimerait voir explorée lors d'un second procès, spécifiquement dédiée au dispositif de sécurité en place le soir de l'attentat.

"Avions-nous le niveau de sécurisation suffisant?"; "Quel a été le dispositif de sécurisation réel coordonné par l'État et par la Ville?"; "Comment l'auteur de l'attentat a-t-il pu faire ses repérages en camion à 10 reprises sur la Promenade des anglais, dans la ville la plus vidéosurveillée de France?"; "Quel a été le niveau d'implication des représentants de l'État et de la Ville de Nice dans les réunions de préparation de la sécurisation de Nice?"

Une enquête préalable à un éventuel procès est en cours, rappelle "Tous Citoyens 06", sous la direction de deux magistrats instructeurs. "Afin d'éviter toute pression locale", le collectif milite pour que le dossier ne soit cependant plus instruit à Nice.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions