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Dangerosité du vaccin, plan blanc en Paca: retour sur les propos inexacts tenus sur le plateau de BFMDICI

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Jeudi, Marie Cloarec, infirmière, et Pascal A., chirurgien libéral, étaient les invités de BFM DICI. Nous revenons à présent sur les propos mensongers qui ont alors été tenus en plateau au sujet de la crise sanitaire, une séquence que nous avons décidé de supprimer de nos réseaux sociaux.

Nouvelles restrictions, hausse des capacités hospitalières… alors que la saison touristique bat son plein, la région de Provence-Alpes-Côte d'Azur renforce son dispositif de lutte contre le Covid-19 et a déclenché le plan blanc cette semaine dans les hôpitaux.

Marie Cloarec, infirmière, et Pascal A. (qui n'a pas souhaité rendre son nom public), présenté comme chirurgien libéral, étaient les invités jeudi soir de BFM DICI. Nous souhaitons revenir ce samedi sur certains propos mensongers tenus en plateau, une séquence que nous avons en conséquence décidé de supprimer de notre site internet et des réseaux sociaux.

> Des patients Covid-19 dans les départements du 04 et 05?

Contrairement à ce qu'affirme Marie Cloarec, qui assure être "à la recherche de patients Covid, qui soi-disant sont supposés submerger nos services", 43 patients sont toujours hospitalisés pour une infection au Covid-19 dans les hôpitaux des Alpes-de-Haute-Provence (04), selon les chiffres officiels du gouvernement.

Dans ce même département, et selon les dernières données de Santé publique France, datées du vendredi 6 août, le taux d'incidence est de 311 cas pour 100.000 habitants, sur les sept derniers jours. Sachant que l'incidence moyenne en France s'établit actuellement à 228, et que le seuil d'alerte est fixé à 50.

Concernant les Hautes-Alpes (05), toujours selon les mêmes données, le chiffre des hospitalisations s’élevait vendredi à 15. Si ce nombre est certes bien éloigné de la centaine de patients soignées au printemps dernier, il est toutefois en constante augmentation depuis le 11 juillet dernier, où seuls cinq patients étaient traités pour une infection au coronavirus.

Quant au taux d’incidence, il s’élève lui à 228,6, légèrement au-dessus du niveau national.

> Un vaccin dangereux?

Concernant le chirurgien invité sur notre plateau, ses propos tenus sur les vaccins anti Covid 19 et la technologie ARN messager se sont révélés erronés, inexacts, voire mensongers. Pour rappel, tous les sérums injectés en France l’ont été après de nombreux tests, et ont tous été autorisés tout d’abord par l’agence européenne du médicament, puis au niveau national.

A l’argument opposé par notre invité sur le "manque de recul" supposé au sujet des vaccins anti-Covid et sur la technologie à ARN Messager, qui revient régulièrement dans la bouche des opposants à la vaccination, nous avons déjà consacré plusieurs articles qui répondent à cette accusation, en décembre comme en juillet dernier, et qui rappellent notamment que cette technologie n’a rien de nouvelle.

Les Académies de médecine et de pharmacie ont par ailleurs, pas plus tard que jeudi dernier, publié un communiqué pour lutter contre les fausses informations répandues au sujet de l'ARN Messager, "une arme très efficace" selon leurs mots.

Toujours selon notre invité de jeudi soir, "l'ARN messager injecté chez le rat, atteint des organes critiques, comme le cerveau, le coeur, les ovaires", ce qui "peut conduire à des dégénérescences".

Notre invité fait référence à une étude menée par Pfizer et publiée en décembre 2020, exemple régulièrement cité par les détracteurs du vaccin. Il s'agit d'un rapport de toxicologie, qui explique en effet que le produit a été testé sur des rats, et que des protéines de type "Spike" ont été retrouvées dans certains organes des animaux testés. Mais c'est une réaction tout à fait normale: en effet, ces essais cliniques ont pour objectif de tester les réactions à des doses trop élevées, pour évaluer les dégâts possibles. Et à bien ajuster la dose pour les futures injections, pour les humains. Il est donc normal de retrouver, dans les résultats de ces tests, des éléments de protéine Spike dans les organes des rats, sans que cela veuille signifier que c'est aussi le cas dans les doses de vaccin administrés aux humains.

Selon une publication de l'Inserm, l'ARN injecté via le vaccin ne présente aucun risque de transformer notre génome ou d’être transmis à notre descendance dans la mesure où il ne pénètre pas dans le noyau des cellules. Or, c’est dans ce noyau cellulaire que se situe notre matériel génétique. "L’injection est locale et les cellules qui reçoivent l’ARN codant pour la protéine Spike sont principalement les cellules musculaires : en aucun cas l’ARN ne va jusqu’aux cellules des organes reproducteurs", précise l'Institut national de la santé et de la recherche médicale. 

Sur la transmission aux rats, l'Autorité européenne du médicament précise dans une publication (page 54) que "la haute dose utilisée, 500 fois celle appliquée aux humains, par rapport à leur poids, explique le faible risque de transmission aux gonades des humains". 

Cité par l'AFP, l'immunologiste Jean-Daniel Lelièvre, membre de la Commission vaccination à la Haute autorité de santé, expliquait que "le vaccin à ARN reste localement, il ne va pas se promener partout dans vos testicules, qui sont un sanctuaire immunologique". Le généticien Axel Kahn, mort le mois dernier, apportait lui aussi une précision importante sur le sujet: "Il  y a déjà dans le corps humain plusieurs grammes d’ARN, soit des millions de fois plus que l'ARN vaccinal que l'on injecte." Ce dernier assurait, par ailleurs, "qu’au bout de très peu de temps, après avoir entraîné la synthèse des antigènes (ou protéines, NDLR) contre lesquels se développent les anticorps, l'ARN vaccinal sera détruit".

Nous tenons à présenter nos excuses aux téléspectateurs et internautes qui ont pu être influencés par ces fausses informations.

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