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Colère des agriculteurs: comment s'organisent les manifestations dans les Alpes-de-Haute-Provence

Des agriculteurs lors d'une action coup-de-poing dans un supermarché de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) le mercredi 31 janvier 2024.

Des agriculteurs lors d'une action coup-de-poing dans un supermarché de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) le mercredi 31 janvier 2024. - BFM DICI

Relais entre professionnels, aide de la famille... les agriculteurs enchaînent travail sur leurs exploitations et manifestations depuis quelques jours. Un emploi du temps qui nécessite une réelle organisation.

Les agriculteurs poursuivent leurs actions dans les Alpes-de-Haute-Provence. À Digne-les-Bains ce mercredi 31 janvier par exemple, ils ont particulièrement ciblé les produits des grandes surfaces afin de dénoncer les imports de marchandises pourtant produites en France.

Un groupe d'agriculteurs a ainsi continué une opération d'étiquetage et de sensibilisation, menée depuis le début de semaine. "On ne va pas regarder des bananes ou des choses comme ça, mais sur tout ce qui est viandes ou légumes on va être assez intransigeants", explique Benjamin Ferrand vice-président des Jeunes agriculteurs des Alpes-de-Haute-Provence.

Des étiquettes préparées par les agriculteurs dénonçant les produits importés en France le mercredi 31 janvier à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence).
Des étiquettes préparées par les agriculteurs dénonçant les produits importés en France le mercredi 31 janvier à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). © BFM DICI

"Pour tout ce qui est produits frais on fera de l'étiquetage, car le but ce n'est pas de faire du gaspillage alimentaire", poursuit-il. "Tout le reste, on va le sortir à l'entrée du magasin dans un caddie à la vue du grand public pour signaler ce qui se passe."

En ces quelques jours de mobilisation, des changements semblent déjà opérer. "À notre grande surprise, la population est vraiment de notre côté et c'est agréable à voir", se réjouit Benjamin Ferrand.

"Il y a quand même une prise de conscience de la part des consommateurs sur le fait qu'en France on sait produire et on produit de la qualité."

Une opération toujours sans violence et surtout qui se veut pédagogique envers les consommateurs. À côté de ça, ces actions répétées nécessitent une réelle organisation pour ces producteurs qui ont toujours des exploitations à faire tourner.

"Il faut que la mobilisation continue"

L'épuisement se fait naturellement ressentir après plusieurs jours dans les grandes surfaces, les ronds-points et les autoroutes. "On est fatigués!", explose Clémence, qui reste souriante. "Ça ne va pas durer éternellement", positive-t-elle. "Il faut espérer que ça va vite arriver au résultat attendu."

Pas question pour l'éleveuse de moutons de Thoard de laisser ses bêtes seules. "On fait le travail tôt le matin et tard le soir, et après on se relaye pas mal", explique-t-elle.

"C'est vrai qu'avec les animaux, il faut y être plusieurs fois par jour et on court mais c'est nécessaire, il faut que la mobilisation continue!", précise l'agricultrice motivée.

Même chose pour Jérôme, éleveur au Chaffault, qui s'organise avec l'aide de sa famille. "On travaille un peu la nuit, et j'ai mon frère qui est aussi sur l'exploitation. On est en GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun, NDLR) mais on pas le choix parce qu'il faut qu'on soit entendu."

Un relais entre agriculteurs

Beaucoup peuvent se passer le relais en interne sur leur exploitation familiale, mais c'est surtout grâce à une organisation générale que la mobilisation arrive à se maintenir.

"On essaie de se relayer avec certaines productions qui sont en vagues creuses et qui peuvent être un peu plus présents que ceux qui doivent s'occuper des animaux" détaille à son tour Benjamin Ferrand.

À la fin de la journée, cela reste un emploi du temps encore plus tend pour les agriculteurs. "En moyenne, on fait à peu près 70 heures par semaine. Là je peux vous dire qu'avec la manifestation, on en fait encore plus et qu'on ne passe pas beaucoup de temps à la maison", soulève-t-il.

La détermination des manifestants ne faiblit néanmoins pas. "On a une grosse détresse, et maintenant que le mouvement est engendré il peut continuer tant qu'on n'aura pas de solutions en face", prévient le vice-président des Jeunes agriculteurs.

Laurie Charrié