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Alpes du Sud

Le niveau de neige historiquement bas à la fin de l'hiver dans les Alpes du Sud

La station de ski d'Orcières dans les Hautes-Alpes.

La station de ski d'Orcières dans les Hautes-Alpes. - BFM DICI

L'hiver 2021-2022 a été marqué par un faible manteau neigeux dans les Alpes du Sud, avec un manque de neige plus vu depuis près de 60 ans.

La neige a manqué cet hiver dans les Alpes du Sud. Alors que l'hiver météorologique (1er décembre-28 février) a pris fin lundi, Gaétan Heymes, météorologue chez Météo France, indique que le niveau d'enneigement global a été particulièrement faible dans les Alpes du Sud pour cette saison 2021-2022. Un record du plus faible niveau d'enneigement à la fin de l'hiver a d'ailleurs été établi.

"Au 1er mars, l'équivalent en eau du manteau neigeux est le plus faible sur la période 1959/2022, encore plus faible que la valeur de 1989", a-t-il assuré sur son compte Twitter.

Une nette différence d'enneigement par rapport à 2021

Au 1er mars, l'équivalent en eau du manteau neigeux sur le territoire est de 50mm, un chiffre historiquement bas depuis 60 ans. C'est d'ailleurs moitié moins que le chiffre médian pour le territoire sur la période 1981-2010.

Pour cette même date marquant la fin de l'hiver, le record établi dans les Alpes du Sud ces soixante dernières années, est de près de 400 mm d'équivalent eau du manteau neigeux.

"Dans les Alpes du Nord, l'enneigement est meilleur, mais également déficitaire," précise par ailleurs Gaëtan Heymes.

Fin février, Météo France indiquait seulement 5 à 20 cm de neige au sol à 1500 mètres d'altitude sur les massifs du versant nord et une absence de neige sur le versant sud. À 2500 mètres d'altitude, le niveau d'enneigement était compris entre 50 et 90 cm sur les versants nord et de 15 à 35 cm sur les versants sud.

Différence d'enneigement dans les hautes-Alpes entre 2021 et 2022
Différence d'enneigement dans les hautes-Alpes entre 2021 et 2022 © Météo France

Sur ces deux photos prisent toutes les deux dans les Haute-Alpes à un an d'écart par Météo France, la différence de quantité de neige entre le mois de février 2021 et celui de février 2022 est particulièrement visible.

Un hiver particulièrement sec et doux

Pour expliquer ces faibles taux d'enneigement historiques, Météo France affirme que l'hiver a été particulièrement sec sur le territoire avec un faible taux de précipitations cet hiver et notamment une absence de chutes de neige au début du mois de février.

Ce manque de neige sur les Alpes du Sud est aussi dû à des températures qui ont été particulièrement douces cette année. Le 20 février, le météorologue Gaétan Heymes indiquait que sur certaines parties des Alpes du Sud, cet hiver est le plus doux jamais observé. C'est notamment le cas à Peone situé à 1784 mètres de hauteur dans les Alpes-Maritimes où la température moyenne a été d'environ 3,8°C sur les trois derniers mois, battant de 0,5°C le précédent record de chaleur sur l'hiver.

Dans les Hautes-Alpes, le constat est le même. C'est le cas à Villar-Saint-Pancrace, près de Briançon, où l'hiver 2021-2022 a été le troisième plus chaud observé. Sur cette commune, la température a d'ailleurs atteint 15,8 °C le 30 janvier, un record.

"Absence de froid intense, sécheresse et fréquents redoux ("blancs" ou "noirs") auront marqué cet hiver dans les Alpes du Sud", résume Gaëtan Heymes.

Des conséquences pour les stations de ski

Ce faible niveau d'enneigement aura également eu des conséquences sur les professionnels du tourisme dans les stations de ski. Certaines d'entre elles avaient dû pallier l'absence de neige en utilisant de la neige artificielle, pour permettre aux skieurs de dévaler les pistes. Le directeur de la station d'Isola expliquait fin janvier à BFM Nice Côte d'Azur qu'il n'aurait pas pu ouvrir sans la neige de culture.

"Dans de nombreux massifs du sud, la pratique du ski hors-piste est quasi impossible" faute de couche de neige suffisante, soulignait également Météo France fin février.

Les importantes chutes de neige du 14 février dernier avaient ravi les professionnels du ski qui avaient pu ouvrir davantage de pistes dans leurs stations. Elles n'ont toutefois pas compensé le manque de précipitations de la saison, selon Météo France.

Gauthier Hartmann