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Voitures d’occasion: la baisse des ventes met un terme à la folle inflation

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Image d'illustration - Eric Piermont - AFP

Le prix moyen des modèles d'occasion n'a progressé que de 0,4% au premier trimestre. Il était temps. En trois ans, les voitures de plus de 15 ans ont vu leur prix moyen passé de 4325 à 6900 euros.

Pour les automobilistes qui envisagent de changer de véhicule, c’est un soulagement. Le prix des voitures d’occasion se stabilise enfin. Sur les trois premiers mois de l’année, il a évolué de 0,4% par rapport au dernier trimestre de 2022 selon les estimations de La Centrale. La folle inflation qu’a connu ce marché semble enfin endiguée.

Pour autant, par rapport à l’année dernière, acheter une voiture d’occasion coûte toujours nettement plus cher. Le prix moyen d’un modèle de moins de 24 mois n’est plus très loin des 30.000 euros. Et la hausse est particulièrement spectaculaire sur les modèles qui ont entre 5 et 8 ans: +19% sur douze mois.

+63% pour les occasions de plus de 15 ans

Quand on compare les prix à ceux d’avant la crise Covid, le constat est encore plus effarant. C’est particulièrement vrai pour les modèles de plus de 15 ans, ceux-là même qui sont prioritairement achetés par les automobilistes les plus modestes. Le prix moyen de ces véhicules en fin de course est passé de 4325 euros début 2020 à 6900 euros aujourd’hui. Une hausse de 2575 euros (+63%) qui correspond quasiment à deux mois de Smic net.

L’explication de cette folle envolée est connue. Les constructeurs automobiles ont été contraints de réduire leur production par manque de pièces et notamment de composants électroniques durant la crise Covid, puis du fait de la guerre en Ukraine. Cette pénurie a contraint les concessionnaires à imposer de longs délais de livraisons notamment pour les modèles les plus abordables qui, du fait de leur plus faible rentabilité, n’était plus privilégiés sur les chaînes de production.

Le prix moyen d'une voiture neuve a augmenté de 6000 euros par rapport à 2020

Apprenant qu’ils seraient livrés dans six, huit voire douze mois, une partie des automobilistes se sont reportés sur des modèles d’occasion récents et immédiatement disponibles. Ce qui a fait grimper leur prix et, par effet domino, cette hausse s’est reportée progressivement sur les véhicules plus anciens.

Par ailleurs, dans le même temps, les constructeurs ont augmenté les tarifs de leurs voitures neuves, notamment sur les modèles d’entrée de gamme et la part de marché des voitures électriques –vendues nettement plus cher- a également augmenté. De sorte que le prix moyen des voitures neuves achetées en France a augmenté à un rythme jamais vu au moins depuis le début du siècle: +23% en trois ans, passant, selon L’Argus, de 26.789 à 32.835 euros.

Les immatriculations de modèles d'occasion ont baissé de 6% au premier trimestre

Mais, à trop augmenter, le prix des voitures a fini par devenir rédhibitoires pour un certain nombre d’automobilistes qui sont de plus en plus nombreux à préférer garder leurs vieilles voitures plus longtemps. Sans doute aussi dans l’attente de l’arrivée sur le marché ces fameuses voitures électriques à 25.000 euros promis par les grands constructeurs européens.

Et cet attentisme se mesure désormais dans les chiffres des immatriculations des véhicules d’occasion: 82.000 immatriculations de moins sur les trois premiers mois de cette année par rapport au premier trimestre 2022. Difficile de ne pas voir dans cette baisse de 6%, l’explication de la stabilisation tant attendue des prix des occasions. Faute d’acheteurs, les vendeurs les plus gourmands ont été obligés de revoir leurs ambitions à la baisse.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco