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Renault mise sur les partenariats pour accélérer son développement à moindre frais

Luca De Meo, directeur général de Renault, le 8 novembre lors du capital market day de Renault à Paris

Luca De Meo, directeur général de Renault, le 8 novembre lors du capital market day de Renault à Paris - ERIC PIERMONT / AFP

La stratégie dévoilée mardi par le groupe au losange fait la part belle aux partenariats capitalistiques ou non, notamment dans l’optique de conserver un avantage technologique sans alourdir le montant de ses investissements.

Luca de Meo, le directeur général de Renault, ne s’en est jamais caché. "La valeur plutôt que les volumes", le credo qui constitue l’un des piliers de la "Renaulution", le plan stratégique du constructeur automobile, s’inspire de PSA. Carlos Tavares avait en effet appliqué à la lettre cette recette pour redresser les comptes du groupe sochalien lors de son arrivée en 2014 et poursuit désormais sur cette lancée à la tête de Stellantis.

La nouvelle étape de la Renaulution dévoilée semble là encore s’inspirer d’une autre vertu de Stellantis: le pragmatisme. Le constructeur né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler a multiplié les partenariats stratégiques avec d’importants groupes pour assurer son électrification et sa révolution technologique tout en protégeant sa génération de cash-flow. Le japonais Nidec (propulsion électrique), le taïwanais Foxconn (cockpits innovants), l’américain Waymo (véhicule autonome) ou le français TotalEnergies (batteries) en sont autant d’exemples. Ce mardi, Renault a fait de même, annonçant le lancement ou le développement de plusieurs partenariats.

Dassault Systèmes, Qualcomm, Google

Face aux nombreuses disruptions que connait l’industrie automobile, "aucun groupe isolé ne pas avoir toutes les solutions tout seul", a souligné Luca de Meo.

"Nous voulons travailler avec les meilleurs et les meilleurs veulent travailler avec nous", a-t-il ajouté.

Le dirigeant a notamment souligné que sa collaboration avec Dassault Systèmes pour numériser le développement produit lui permettait de gagner 4% de productivité. Autre exemple: Renault a annoncé ce mardi la création de Flexis, un partenariat avec un autre constructeur dont l’identité n’a pas été dévoilé, pour créer une famille de véhicules utilitaires autour du logiciel embarqué, à partir de 2026. L’idée étant que le groupe renforce son leadership dans ce segment très lucratif.

Renault a aussi profité de l’occasion pour étendre sa coopération stratégique avec le groupe de semi-conducteurs américain Qualcomm afin de créer une architecture électronique centralisée pour ses futurs véhicules. Idem pour Google avec qui le groupe au losange renforce sa collaboration dans l’informatique dématérialisé ("cloud").

"Les partenariats nous permettent d’accéder à des flux de revenus qui apportent des marges structurellement plus élevées que le «cœur de métier» de l’automobile", tout en diminuant les risques, a expliqué Thierry Piéton.

Surtout, ces partenariats permettent à Renault de poursuivre ses offensives dans de nombreux domaines à moindre frais et donc d’améliorer à la fois la compétitivité et sa capacité d’innovation.

"Les partenariats sont au centre de notre ADN et feront partie de la pierre angulaire de notre future rentabilité", a insisté Thierry Piéton. Ces collaborations doivent ainsi permettre au groupe de mener sa révolution avec une faible intensité capitalistique", a-t-il ajouté.

"Renault n’a pas de finances illimitées comme Tesla, car leur capitalisation boursière est bien inférieure", résume un analyste.

D’où un choix intéressé des partenariats. Horse et Ampere - les deux entreprises dont les créations ont été annoncées ce mardi - illustrent parfaitement cette approche.

Horse avec le chinois Geely

Dans le cas de Horse, en créant une filiale 50-50 dans les groupes motopropulseurs thermiques et hybrides avec le chinois Geely, Renault ne touchera aucune somme en cash, la création de cette société se faisant via des apports des actifs. Mais combiner ses forces avec le groupe chinois lui permettra via les complémentarités de produits et de géographies de doubler sa couverture de marché.

Renault a surtout estimé que ce partenariat lui permettrait de générer des économies de 2,4 milliards d’euros sur la période 2023-2030 en termes de R&D et d’investissements ainsi qu’une réduction de ses coûts fixes de 2,5 milliards d’euros sur la même période. Ce tout en bénéficiant des futurs dividendes de cette entreprise voir de gains en capital lors d’une potentielle ouverture à un autre partenaire, qui cette fois investirait en cash. Luca de Meo a clairement indiqué que des groupes du secteur des hydrocarbures pourraient être intéressés.

Quels investisseurs pour Ampere?

Dans le cas d’Ampère, ouvrir une fraction du capital à des investisseurs offre la possibilité à Renault d’optimiser la croissance de cette filiale hautement stratégique. Avec des financements externes "nous avons l’opportunité de donner à Ampere les moyens d’accélérer son développement" sans malmener les ressources financières de Renault, a souligné Thierry Piéton.

Qualcomm apportera ainsi à la fois des technologies, des ressources et des financements dans la société. Ce qui permettra également de ne pas faire déraper les dépenses. Le montant des capex (investissements) et de la R&D restera plafonné à 11% du chiffre d’affaires, a indiqué le directeur financier du groupe.

En fin de compte, les partenariats semblent constituer le réel carburant de cette "révolution" que veut lancer Renault.

Julien Marion