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Pour Greenpeace, les ventes de SUV thermiques annulent les efforts dans l'électrique

Un rapport de Greenpeace pointe du doigt les trois principaux constructeurs mondiaux: Toyota, Volkswagen et Hyundai-Kia. Malgré les efforts annoncés pour proposer des modèles électriques, les ventes de SUV thermiques ne cessent de progresser ces dernières années.

Les ventes importantes de SUV thermiques des trois principaux constructeurs mondiaux -Toyota, Volkswagen et Hyundai-Kia- annulent complètement les gains climatiques provenant des véhicules électriques de ces mêmes constructeurs. C'est ce qu'affirme un rapport de l'antenne de Greenpeace basée en Asie de l'Est, publié ce mercredi 29 novembre, à la veille de l'ouverture de la COP28.

De 15 à 40% des ventes en moins de 10 ans

"Les plus grands constructeurs automobiles mondiaux se lancent à corps perdu dans la fabrication de SUV, poussant encore davantage la planète vers la catastrophe climatique", s'alarme Erin Choi, porte-parole de Greenpeace Asie de l'Est, citée dans le communiqué de l'ONG.

Le rapport de l'organisation environnementale rappelle la forte augmentation de la part des SUV -ces "sport utility vehicles" aussi imposants que polluants- dans le total des ventes des principaux constructeurs mondiaux entre 2013 et 2022.

Chez Toyota, cette part des SUV est passée entre 2013 et 2022 de 15,6% à 37,3% des ventes, de 10,1% à 44,3% chez Volkswagen et de 19,7% à 52,7% chez Hyundai-Kia.

Au total, tous constructeurs confondus, la part des SUV dans les ventes de véhicules neufs a progressé de 15,4% à 40,8% sur la même période.

Ce tableau du rapport de Greenpeace East Asia montre l'évolution des ventes de SUV entre 2013 et 2022 chez trois acteurs majeurs, Toyota, Hyundai-Kia et Volkswagen.
Ce tableau du rapport de Greenpeace East Asia montre l'évolution des ventes de SUV entre 2013 et 2022 chez trois acteurs majeurs, Toyota, Hyundai-Kia et Volkswagen. © Greenpeace East Asia

330 millions de SUV en circulation dans le monde

Le nombre de SUV en circulation dans le monde est passé de moins de 50 millions d'exemplaires en 2010 à 330 millions en 2022, "soit 1,3 fois le nombre total de véhicules immatriculés dans l'Union européenne", selon le rapport.

L'ensemble de ces SUV ont émis en 2021 plus de 900 millions de tonnes de CO2 sur la route: si cette flotte automobile formait un pays, elle se serait classée cette année-là au sixième rang des pays les plus pollueurs au monde.

En effet, Greenpeace estime qu'au cours de sa durée de vie, un SUV émet environ 12 % de CO2 de plus qu'une berline.

Bilan négatif malgré les efforts dans l'électrique

Les émissions de CO2 provenant de l'usage des SUV du sud-coréen Hyundai-Kia, de l'allemand Volkswagen et du japonais Toyota (hors donc émissions liées à la fabrication de ces véhicules) ont totalisé 298 millions de tonnes en 2022, selon les calculs de Greenpeace

Dans le même temps, les émissions de CO2 évitées par l'utilisation de véhicules électriques de ces mêmes constructeurs l'an dernier ont totalisé seulement 9 millions de tonnes, toujours selon ce rapport. Un bilan donc largement négatif.

À noter que cette étude ne s'est cependant pas basée sur les émissions de CO2 générées sur l'ensemble du cycle de vie d'un véhicule, qui comprend aussi sa phase de production notamment.

Mais les émissions sur route sont responsables "de 70 à 80%" du total et, dans la plupart des cas, un véhicule électrique génère aussi moins d'émissions qu'un véhicule thermique sur l'ensemble du cycle de vie, a fait valoir Greenpeace auprès de l'AFP.

Greenpeace dit stop au "greenwashing"

"Il est temps pour l'industrie automobile d'arrêter le greenwashing, écrit Erin Choi dans le communiqué. Hyundai, Volkswagen et les autres constructeurs doivent réduire la taille de leurs flottes de SUV en même temps qu'ils électrifient" leurs ventes.

Greenpeace voit aussi d'un mauvais œil la tendance grandissante des SUV électriques, car ces modèles ont une empreinte carbone plus élevée que les autres voitures électriques, notamment parce que leur fabrication nécessite plus d'acier.

Un précédent rapport de WWF dénonçait d'ailleurs cette course aux SUV électriques, notamment compte tenu de leur utilisation importante de métaux critiques, avec des risques environnementaux et de pénuries de matières premières pour répondre à la demande.

L'ONG réclamait notamment l'extension du malus au poids à ces modèles de SUV électriques, pour le moment épargnés en raison de la masse élevée des batteries et de la transition en cours vers ces motorisations "zéro émission".

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet avec AFP Journaliste BFM Auto