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Malgré le rebond de cet été, le marché automobile européen reste très fragile

Une usine automobile du groupe Volkswagen au Portugal.

Une usine automobile du groupe Volkswagen au Portugal. - CARLOS COSTA / AFP

Si le marché automobile en France comme en Europe se porte mieux, les ventes devraient globalement baisser en 2020.

Des résultats encourageants sur le marché chinois, les ventes de voitures électriques et hybrides rechargeables qui décollent en Europe, une hausse de 28,3% de la production automobile aux Etats-Unis, après un début d’année très difficile dans le sillage de la pandémie de coronavirus, le secteur automobile semble retrouver cet été des couleurs. Une embellie due notamment en Europe aux aides et primes pour acquérir un nouveau véhicule.

"C’est presque une surprise, explique au Monde ce mardi le directeur de la communication du CCFA François Roudier. Le plus inattendu étant la vigueur de la demande des entreprises, visible dans la bonne tenue du marché des utilitaires. Un triple effet a soutenu les ventes en France. Il y a d’abord un rattrapage mécanique de ce que n’avait pu être vendu pendant le confinement. A cela s’est ajouté un engouement pour le déplacement automobile lié à la méfiance envers les transports en commun. Mais avant tout, ce résultat est à mettre à l’actif du plan gouvernemental mis en place début juin".

"Le sursaut de cet été a surtout limité les dégâts"

Mais derrière ces bons chiffres, l’embellie commerciale peut-elle durablement compenser les moins 70%, 80%, 90% de ventes observées au printemps suite aux différentes périodes de confinement? Rien n’est moins sûr. Selon des projections du cabinet LMC Automotive citées dans Les Echos, le marché automobile mondial devrait baisser de 20% cette année, soit environ 70 millions de véhicules vendus. L’année dernière, 91,2 millions de véhicules neufs avaient été immatriculés. Cette performance marquait cependant déjà un recul de 4,5%, comme le soulignait l’étude annuelle du cabinet Euler Hermès.

"Le premier semestre a été exécrable, les primes ont eu l’effet attendu notamment sur le marché français. Maintenant, une inflexion du marché va s’observer en Europe et la fin de l’année devrait être marquée par une baisse des ventes, nous explique Eric Champarnaud, associé au cabinet de conseil C-Ways Le sursaut de cet été a surtout limité les dégâts".

Une baisse de 20% du marché automobile français cette année

Eric Champarnaud estime que le marché français pourrait baisser de 20% cette année, une baisse plus importante pourrait être enregistrée dans d’autres pays. Mais au-delà de cette année 2020 inédite, à plus long terme, les analystes se montrent réservés sur un retour rapide au plus haut du marché, entre 90 et 100 millions de voitures vendues dans le monde. La crise du covid-19 semble en effet avoir précipité les difficultés du secteur alors que les indicateurs macro-économiques restent orientés à la baisse.

"Selon différents facteurs (la sortie du confinement avec les mobilités douces, l’effondrement de l’usage des véhicules pendant le confinement, le recours au télétravail, une volonté de retour à une vie plus calme), beaucoup d’évolutions se font actuellement au détriment de l’automobile, poursuit Eric Champarnaud. Les différents acteurs du secteur se demandent quels vont être leurs nouveaux débouchés".

Si les années 2000 ont ainsi marqué des années de croissance, pour Eric Champarnaud, la décennie 2020 pourrait être marquée, sur les grands marchés, par "le début de la décroissance du taux de motorisation", c'est-à-dire du nombre de voitures par habitant.

A quel niveau se positionnera le marché de l'électrique?

Une autre question surgit: celle de l'évolution de la part de l’électrique. Le marché a clairement décollé en Europe, et en France, cette année. Mais à quel niveau de ventes le marché de l’électrique est-il économiquement viable? Les ventes européennes de voitures électriques et hybrides rechargeables ont certes dépassé celles du premier marché mondial au premier semestre. Une belle performance due aussi bien aux aides généreuses sur le Vieux continent qu’à la baisse drastique de celles accordées en Chine.

"Le marché du véhicule électrique a clairement décollé, les prix du pétrole restent bas, mais que se passera-t-il quand les aides seront moins généreuses? Le marché de l’électrique représentera-t-il 15 ou 25% des ventes d’ici cinq ans? Il y a de nombreux facteurs exogènes qui peuvent l’influencer", poursuit Eric Champarnaud. L’incertitude semble la règle en 2020.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web