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Fin des moteurs thermiques en 2035: Luc Chatel dénonce un "sabordage industriel"

Invité sur BFM Business ce jeudi, Luc Chatel a vivement critiqué l'interdiction de vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035.

Le Parlement européen a approuvé mercredi la proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions des automobiles neuves à partir de 2035. Dans treize ans, seuls les véhicules électriques seront autorisés à la vente, à l'inverse des voitures thermiques et hybrides.

"L’interdiction du thermique, c'est un grand saut dans le vide, et un sabordage industriel", dénonce jeudi matin sur notre antenne Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA).

"Je ne sais pas si nous aurons les clients pour ces voitures électriques qui coûtent 50% plus cher que les thermiques. On a déjà du mal à vendre des voitures aujourd'hui. D'autant plus que depuis le début de la guerre en Ukraine, les coûts ont augmenté de 26% sur un véhicule électrique. Cette hausse n'a pas encore été répercutée", s'alarme Luc Chatel, invité sur le plateau de Good Morning Business.

Un million de bornes de recharge nécessaires

L'ancien ministre sous Nicolas Sarkozy pointe aussi du doigt le manque de bornes de recharges. "Il y a 60.000 bornes de recharge aujourd'hui. Pour la montée en puissance prévue d'ici 2030, il en faudrait environ un million, rien que pour la France", assure Luc Chatel.

Pour avoir un débit proche de celui d'une pompe à essence sur une station-service, il faudrait selon lui environ 70 bornes ultra-rapides, permettant de recharger sa voiture en une vingtaine de minutes.

"Je ne sais pas non plus si on aura l'électricité décarbonée pour faire tout ça. On n'aura pas les nouveaux EPR. Et je ne sais connais pas l'impact environnemental de tout ça, ce qui est peut-être le pire. Aujourd'hui, on regarde les émissions de CO2 à la sortie du pot d'échappement. On ne prend pas en compte l'énergie nécessaire pour la fabrication d'une batterie", ajoute le président de PFA.

Il affirme que cette décision du Parlement européen ouvre la voie aux autres grandes nations automobiles. Selon lui, ce sera "un boulevard pour l'industrie chinoise". Car d'ici 2035, les constructeurs européens vont cesser de développer de nouveaux modèles thermiques, alors que "les Chinois, qui n'ont pas d'interdiction, vont continuer à faire de nouvelles voitures pendant 12 ans, beaucoup moins chères".

Luc Chatel reprend ainsi les arguments des eurodéputés de droite, qui ont tenté de bloquer le texte au Parlement. La régulation des émissions de CO2 des voitures et des camionnettes a finalement été adoptée mercredi à 339 voix pour, 249 contre et 24 abstentions.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech