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Voiture électrique: comment les constructeurs ont anticipé le zéro thermique en 2035

Le parlement européen a voté ce mercredi la fin de la commercialisation des modèles du moteur thermique à compter de 2035. Une décision anticipée depuis plusieurs mois par les constructeurs.

Ils n’ont pas attendu le vote définitif du parlement européen ce mercredi. Depuis l’annonce du projet d’interdiction des ventes de véhicules thermiques en Europe en 2035, à la mi-juillet 2021, et tout en alertant sur les difficultés à passer au tout électrique, de nombreux constructeurs ont amorcé un large virage vers la voiture zéro émission.

La plupart des grands groupes ont ainsi annoncé depuis un an l’ambition de ne plus proposer que des gammes sans essence ni diesel, et sans hybride en Europe. Une transition qui, bien souvent, interviendra avant 2035. Ces décisions doit permettre d'optimiser les coûts de développement de la voiture électrique –en massifiant les ventes– tout en réduisant, voire en supprimant, les investissement dans le développement des moteurs thermiques et la dépollution. Les Etats-Unis, la Chine et d’autres marchés auront cependant encore besoin de véhicules à moteurs thermiques à l’horizon 2035.

Renault et Peugeot 100% électrique en 2030

S’il fait partie des patrons de grands constructeurs les plus critiques sur le virage obligatoire vers l’électrique, Carlos Tavares ne l’en a pas moins pris. En mars, le directeur général de Stellantis a ainsi annoncé qu’à l’horizon 2030, le groupe ne commercialisera plus que des véhicules 100% électriques.

"Tous les lancements en Europe seront des véhicules 100% électriques à partir de 2026", avait alors indiqué Carlos Tavares.

Les gammes thermiques s’éteindront ainsi petit à petit. Certaines marques feront même le grand saut nettement plus tôt.

Comme Maserati, la toute première des quatorze marques du groupe à ne plus lancer que des véhicules 100% électriques à partir de 2024. Ce sont ensuite les constructeurs premium de Stellantis qui basculeront dans le ‘zéro émission’. Les nouveaux modèles DS à partir de 2024, Lancia en 2026 et Alfa Romeo en 2027.

Les marques généralistes passeront au tout électrique à partir de 2028, avec Opel, puis Peugeot et Fiat en 2030. Exception qui confirme la règle: Citroën. Les dirigeants de la marque aux chevrons ont annoncé leur intention d'en finir avec les moteurs thermiques mais sans donner de calendrier précis. En attendant un passage au 100% électrique, toute la gamme Citroën sera au moins électrifiée (c'est à dire au moins hybrides) dès 2025.

Au sein de l’autre groupe français, Renault, le virage vers l’électrique s’est accéléré depuis l’an dernier. Pionnier de la voiture électrique, Renault ne commercialisera plus que ce type de véhicules en 2030 en Europe. La griffe sportive Alpine amorcera elle sa conversion bien plus tôt: en 2025, les trois modèles seront électriques. Seule Dacia –même si la marque commercialise la Spring– n’a pour le moment pas annoncé de virage totalement zéro émission. Son positionnement prix pèse dans cette décision, la technologie électrique restant pour le moment toujours plus onéreuse que le thermique.

Parmi les autres marques généralistes, Volvo en 2025 et Ford en 2030 ne proposeront plus que des voitures électriques sur le vieux continent.

D’autres se sont montrés jusqu'à présent plus attentistes. Hyundai temporisait ainsi et misait jusqu'à présent pour le moment sur 2040 pour des ventes uniquement en électrique, selon l’évolution du marché. Un calendrier désormais amendé selon la dernière décision européenne mais aussi par l’appétence des consommateurs. Depuis janvier, 40% des voitures commandées chez Hyundai sont en effet des voitures électriques.

En septembre 2021, la marque soeur Kia avait confirmé sa sortie du thermique en 2035. Le Japonais Toyota, pionnier de l'hybride, n'avait donné aucun plan stratégique de sortie du thermique en Europe. La marque commence seulement à proposer des voitures 100% électriques.

Des premium plus attentistes

Cette attitude attentiste se retrouve également chez les marques allemandes et sportives. Carburant de synthèse, prise en compte des motorisations hybrides rechargeables, les marques germaniques ont avancé moultes solutions pour ne pas couper totalement le moteur thermique, même si elles travaillent beaucoup en parallèle sur l’électrique, à l’image de Porsche ou BMW.

C’est aussi le cas de Volkswagen. Le groupe allemand a annoncé un plan de 89 milliards d’euros pour la voiture électrique sur les cinq prochaines années mais le calendrier reste plus flou au sujet de l’arrivée d’une gamme sans moteur thermique. Dans la presse allemande l’été dernier, le directeur des ventes de VW, Klaus Zellmer, tablait sur 2033 à 2035 pour quitter ce marché. Une première étape se ferait en 2030, avec l'objectif de réaliser 70% des ventes en 100% électrique en Europe.

La griffe premium du groupe Volkswagen, Audi, avait donné un calendrier un peu plus clair: Audi vise 2033 pour ne plus vendre que des véhicules électriques, mais arrêtera de développer de nouveaux moteurs thermiques pour l’Europe à partir de 2026.

Mercedes en revanche table lui sur 2030 pour ne plus vendre que des électriques comme Bentley et Mini côté britannique. Cinq ans après Jaguar.

Globalement, si certaines marques continueront de développer des modèles thermiques pour les marchés non-européens, toutes ou presque proposeront des modèles électriques. Même Rolls-Royce. La marque ultra luxe britannique dévoilera en 2023 Spectre, son premier modèle de série 100% électrique.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web