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Essai - Tesla Model S Plaid: le grand retour de la reine des berlines électriques

Tesla vient de démarrer les livraisons de sa nouvelle Model S en France, près de deux ans après l'ouverture des commandes. Après les Model 3 et Model Y, l'occasion pour la marque de réaffirmer son positionnement haut de gamme avec le véhicule le plus performant de son histoire.

La Model S est de retour. Le premier modèle de grande série de l'histoire de Tesla vient de connaître sa principale évolution depuis son lancement en 2012, avec un programme chargé en nouveautés alors que viennent de démarrer les livraisons en France.

Un modèle-fondateur

L'occasion d'un petit retour en arrière: au lancement de la Model S, la marque d'Elon Musk n'est encore qu'un pionnier de l'électrique. Après le Roadster, son premier véhicule, assemblé à partir de 2008 sur une base de Lotus Elise, Tesla part d'une feuille blanche pour concevoir la Model S, qui pose rapidement les bases du projet de l'entreprise américaine. Tout d'abord rendre les voitures électriques "sexy" en termes de design et de performances notamment. On ajoutera à cette recette: un intérieur très moderne avec, dès le début, cet énorme écran tactile de 17 pouces en position verticale et des compteurs numériques encore rares à l'époque, une autonomie record avec une grande batterie logée dans le plancher du véhicule et la possibilité de se recharger rapidement sur le réseau de superchargeurs.

Arrivée en 2014 en Europe, la Model S va peu à peu aussi s'imposer comme une référence des grandes berlines zéro émission de ce côté de l'Atlantique aussi. Le Dieselgate en 2015 et une "prise de conscience écologique" plus tard, Tesla s'impose désormais comme une superstar de l'électrique, avec le succès de ses modèles plus abordables, la Model 3 et le Model Y.

Une suite très attendue

Début 2021, Tesla présente ce qui s'impose comme une grosse évolution pour les Model S et X, ce qui reste son offre haut de gamme. Mais le covid et la crise des composants retardent la production: les livraisons de cette nouvelle Model S n'ont démarré que fin 2022 aux États-Unis et en cette fin d'année 2022 en Europe.

Avec un 0 à 100 km/h expédié en à peine 2,1 secondes, cette Tesla Model S revendique le titre de voiture de grande série la plus rapide du monde.
Avec un 0 à 100 km/h expédié en à peine 2,1 secondes, cette Tesla Model S revendique le titre de voiture de grande série la plus rapide du monde. © JB

Tesla propose pour le moment uniquement la version la plus extrême de cette nouvelle Model S, la Plaid. Un terme emprunté au film Spaceballs, sorti en 1987, parodie de la saga Star Wars et qu'adore visiblement Elon Musk. Dans une scène de ce film, les personnages dépassent la vitesse lumière, en passant par un premier niveau, "Ludicrous", une dénomination déjà utilisée dans le passé sur les versions les plus extrêmes de la Model S et de son cousin SUV, le Model X. Dans le film, l'ultime niveau d'accélération fait apparaître des lignes évoquant un plaid écossais. Non content d'être le nouveau mode de conduite le plus dynamique du véhicule, c'est aussi donc le petit nom de cette version, avec son logo dédié à l'arrière.

La Tesla Model S Plaid se reconnaît notamment avec ce petit logo à l'arrière
La Tesla Model S Plaid se reconnaît notamment avec ce petit logo à l'arrière © JB

De gros changements à l'intérieur

A l'extérieur, cette nouvelle Model S conserve globalement son design avec quelques subtiles modifications qui lui font gagner en dynamisme. On notera aussi le passage en noir mat des détails anciennement en chrome (poignées de portières, entourage des caméras et la bande reliant les feux arrière) et des feux antibrouillard désormais en position horizontale.

C'est vraiment à l'intérieur que se concentrent les principaux changements. On retrouve un habitacle haut de gamme, logiquement plus soigné que dans les Model 3 et Model Y, surtout avec l'option intérieur premium blanc de notre modèle d'essai. On retrouve ainsi des compteurs numériques derrière le volant... enfin le "Yoke" (le nom que lui a donné Tesla), plus proche d'un manche d'avion à deux mains ou du volant de KITT dans la série K2000. Il est proposé de série dans cette Model S Plaid.

A l'intérieur de la Tesla Model S Plaid, avec son écran tactile 17 pouces et son volant "Yoke".
A l'intérieur de la Tesla Model S Plaid, avec son écran tactile 17 pouces et son volant "Yoke". © JB

L'écran tactile central de 17 pouces est toujours là, mais il est passé en position horizontale, avec possibilité de l'incliner côté conducteur ou côté passager.

A l'arrière, les passagers peuvent profiter désormais d'un écran pour régler la climatisation et regarder des contenus sur Netflix, Youtube, Disney+ ou Twitch. Contrairement à l'écran à l'avant, ces services restent en fonction pendant la conduite, mais avec sa taille réduite, pas sûr que ce soit l'idéal pour visionner une série ou un film pendant un trajet.

Un monstre électrique

Mais c'est surtout à son volant, enfin à son Yoke, qu'on avait hâte de tester cette nouvelle Model S. Avec comme principale attraction, sa nouvelle architecture trois moteurs, deux à l'arrière et un à l'avant, pour une puissance cumulée... de plus de 1000 chevaux. Etonnant d'ailleurs de la part de Tesla d'évoquer de nouveau des chevaux, alors que la marque se contentait, depuis un certain temps, des chiffres sur le 0 à 100km/h et sur la vitesse maximale. Des chiffres d'ailleurs hallucinants sur cette Plaid: seulement 2,1 secondes pour atteindre les 100km/h et une pointe théoriquement possible à 320km/h. De quoi permettre à cette nouvelle Model S de s'imposer comme le véhicule le plus puissant de l'histoire de Tesla et le fleuron de sa gamme actuelle.

La Tesla Model S Plaid peut effectuer le 0 à 100 km/h en à peine 2,1 secondes, un record.
La Tesla Model S Plaid peut effectuer le 0 à 100 km/h en à peine 2,1 secondes, un record. © JDD

En revanche, la taille de la batterie n'est toujours pas précisée, seule une autonomie WLTP de 600 kilomètres est annoncée. Si lors de notre essai, la consommation s'est un peu envolée à 29kWh aux 100 kilomètres, du fait de ces tests d'accélération et du recours au mode "Dragster" qui préchauffe de la batterie pour réaliser des départs canon, Tesla a toujours été un élève modèle dans ce domaine. De plus, l'accès au réseau des superchargeurs se révèle toujours un plus sur les gros trajets, avec la possibilité d'encaisser jusqu'à 250kW.

De monstre électrique, cette nouvelle Model S sait aussi jouer les vaisseaux confortables, important pour une grande berline d'un peu plus de 5 mètres. Les suspensions adaptatives apportent clairement un plus sur ce point et pour une meilleure isolation acoustique, Tesla a introduit de la réduction de bruit active: comme sur les écouteurs et casques audio, des micros ont été installés dans les passages de roue pour analyser les bruits environnants et les annuler électroniquement dans l'habitacle. Impossible à percevoir même si cela doit participer à une meilleure isolation des sons extérieur.

Yoke et changement de modes tactile

Le volant "Yoke" reste de son côté une expérience étrange. Un peu plus large qu'un volant classique, il nécessite un petit temps d'adaptation et lors des premières manœuvres, on cherche ses repères sans pour autant être totalement perdu. On risque simplement d'appuyer par inadvertance sur les clignotants ou le klaxon. Ces fonctions sont en effet proposées sous forme de touches tactiles avec retour haptique. Une petite barre très fine sépare d'ailleurs le clignotant droit du gauche: ça n'a l'air de rien mais cela permet de savoir instantanément au toucher lequel on active. De manière générale d'ailleurs, aucun commodo derrière ce Yoke, ce qui se révèle très confortable à l'usage. Surtout par rapport à d'autres marques, où en plus d'un volant surchargé de boutons en tout genre, on se retrouve avec trois leviers derrière le volant.

A l'arrêt, un volet apparaît à la gauche de l'écran et permet en un geste d'activer la marche avant, arrière ou les modes parking ou neutre.
A l'arrêt, un volet apparaît à la gauche de l'écran et permet en un geste d'activer la marche avant, arrière ou les modes parking ou neutre. © JB

Mais la vraie bonne surprise se situe au niveau des changements de modes de conduite. Première possibilité pour partir ou passer en marche arrière, les lettres "P, D, N, R" s'affichent autour de la touche des Warning au sous l'espace pour charger deux smartphones à induction. Pas vraiment pratique par rapport à la deuxième option: lorsque vous appuyez sur le frein, une bande grisée apparaît sur la partie gauche de l'écran tactile. Un glissé du doigt vers le haut enclenche le mode "D", vers le bas, la marche arrière, et deux boutons aux deux extrémités permettent d'activer le parking ou le neutre. Des gestes très naturels et une originalité qui, pour une fois dirons les mauvaises langues, apporte un vrai plus en termes d'ergonomie.

Un prix très haut de gamme

Cette nouvelle Model S Plaid démarre à 138.990 euros en France. Notre modèle d'essai avec quelques options (couleur rouge, jantes Arachnid 21 pouces, intérieur premium noir et blanc et Autopilot amélioré) franchit de son côté la barre des 150.000 euros.

Des prix très élevés, mais qui paraissent logique pour un modèle aux performances hors norme et particulièrement polyvalent. De quoi en tout cas relancer Tesla dans la course au haut de gamme, sachant que la Model S n'est plus du tout seule sur ce créneau, avec l'arrivée ces dernières années des Mercedes EQS et EQE, BMW i4, Porsche Taycan et autres Audi e-tron GT.

Une "Model S" classique devrait bientôt être proposée à la commande avec deux moteurs et une autonomie à 630 kilomètres. Aucune information n'a pour le moment filtré sur son prix, mais une chose est sûre: elle sera moins chère.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto