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Strasbourg: deux militaires condamnés pour une violente agression homophobe

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION).

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Thomas SAMSON / AFP

Deux militaires ont été condamnés ce lundi 29 avril pour une violente agression homophobe à Strasbourg. La victime souffre d'un traumatisme crânien, d'un tympan percé et de dents déchaussées.

Deux militaires de 19 et 21 ans ont été condamnés ce lundi 29 avril à Strasbourg à deux ans de prison, dont un ferme mais sans mandat de dépôt, pour l'agression d'une "rare violence" d'une personne homosexuelle qu'ils ont rouée de coups.

Les deux hommes, fraîchement engagés au 152e régiment d'infanterie de Colmar et qui encouraient 10 ans de prison, ont comparu détenus. Le tribunal, qui les a jugés en comparution immédiate, s'est montré plus clément que le ministère public, qui avait requis trois ans de prison, dont deux ferme.

"Une agression d'une rare violence"

Le représentant du parquet, Eric Haeffele, avait dénoncé "une agression d'une rare violence" et "totalement gratuite", mue "par une homophobie assumée" et "décomplexée". Alexis Coutelle, 19 ans, et Temoana Teautoua, 21 ans étaient poursuivis pour des violences sur la victime, un homme de 28 ans, mais seul le premier était poursuivi pour les injures homophobes.

Temoana Teautoua était pour sa part poursuivi pour le vol avec violence de la sacoche de la victime qui contenait de l'argent et deux téléphones portables.

L'agression s'est déroulée samedi avant l'aube entre 04 heures et 05 heures dans le centre de Strasbourg.

Après avoir eu maille à partir avec deux personnes, les deux militaires, qui finissaient une soirée arrosée - Alexis Coutelle présentait un taux d'alcoolémie de 1,60 gramme dans le sang - ont roué de coups la victime, étrangère à la première rixe.

Alexis Coutelle a notamment abreuvé la victime d'injures homophobes, tout en insistant sur son statut de "militaire", selon des témoignages.

La victime, présente à l'audience, souffre notamment d'un traumatisme crânien, d'un tympan percé et de dents déchaussées. L'homme s'est vu prescrire une ITT de 10 jours. "Une agression sauvage" et "barbare" dont le "caractère odieux" est "amplifié par la profession des prévenus", a estimé son conseil, Clarisse de Bailliencourt.

"Je tiens à m'excuser"

Dans le box vitré, vêtus de sweatshirts gris identiques, mains jointes dans le dos, les deux jeunes militaires ont reconnus les faits et présenté des excuses à leur victime. Le tribunal a également prononcé à leur encontre une obligation "de soigner au plus vite" leur "impulsivité", selon le président Marc Picard.

Il n'ont pas le droit d'entrer en contact avec la victime et de paraître à Strasbourg pendant trois ans. Il leur est également interdit de détenir une arme pendant 5 ans.

"Je tiens à m'excuser (...) Je ne recommencerai plus", a bredouillé Temoana Teautoua, qui avait fait l'objet dans le passé de compositions pénales pour violence et dégradation.

En garde-à-vue, celui qui était également jugé pour avoir détenu au moment des faits un poing américain, a déclaré ne "jamais (avoir) aimé les homosexuels" et avoir été "énervé encore plus" quand il s'est douté que la victime l'était.

Il a également expliqué avoir entendu dans son éducation en Polynésie des choses négatives sur les "homosexuels" et les "arabes", la victime étant également d'origine maghrébine.

Leurs avocats avaient demandé des peines moins lourdes que les réquisitions, le conseil d'Alexis Coutelle, Me David Lefèvre, brossant le portrait d'un jeune "pas encore complètement constitué" et pour lequel une peine équilibrée constituerait "un coup de semonce lui permettant de rentrer dans le droit chemin".

S. B. avec AFP