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Raclette, churros: pourquoi certains produits ne sont pas vendus sur le marché de Noël de Strasbourg

Alors qu’une liste de produits "interdits" à la vente au marché de Noël de Strasbourg avait fait grand bruit l’année dernière, la ville avance une volonté de mettre l’accent sur les produits locaux et artisanaux afin de rendre à l’événement une part de son authenticité.

La tartiflette, les churros, la raclette... Si ces produits, généralement typiques de la saison hivernale, peuvent être retrouvés sur de nombreux marchés de Noël, ce n'est pas le cas à Strasbourg.

L'année dernière, la diffusion d'une liste répertoriant les produits "interdits" à la vente sur le marché de Noël de Strasbourg avait fait grincer des dents du côté des exposants. Pour autant, la municipalité assure que cet emballement autour de ce "document de travail" (qui n'avait pas vocation à être diffusée au grand public) n'a pas lieu d'être.

Car cette liste, qui vise à indiquer quels produits sont privilégiés à la vente dans une démarche de mise en avant des spécialités locales alsaciennes, a "toujours existé", assure la ville.

"L'erreur a été commise de l'envoyer dans un moment où tout le monde était un peu stressé à préparer ses produits", explique à BFMTV.com Guillaume Libsig, adjointe à la mairie de Strasbourg en charge de la vie associative, en particulier la coordination du marché de Noël. "Les produits évoqués l'an dernier n'ont jamais été présents sur le marché. Le champagne, il n'y en a jamais eu."

Mettre en avant les produits locaux

Le champagne, mais aussi la tartiflette, la raclette, les donuts ou le pop corn, autant de produits qui étaient alors "interdits" dans la liste diffusée dans la presse en 2022. À la place leur étaient préférés des produits plus locaux, comme la "munstiflette" ou le crémant d'Alsace.

Si ces alternatives locales seront de nouveaux préférées sur les stands du marché de Noël cette année, la ville de Strasbourg insiste toutefois sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une liste interdisant strictement certains produits, mais plutôt une volonté de mettre davantage en avant des spécialités locales.

"Nous avons beaucoup de retours des usagers qui nous interpellent de l'offre alimentaire et l'offre de boissons. Ils aimeraient bien des spécificités locales, et pas des produits qu'on trouve toute l'année", rapporte Guillaume Libsig. "Il y a quelques années, on a eu le 'churros gate'. Oui, on aime les churros, mais ce n'est pas typiquement alsacien."

Une volonté d'authenticité qui avait interpellé certains commerçants l'année dernière, puisque la liste diffusée autorisait par exemple la vente de produits alimentaires italiens. Un point sur lequel la ville a également dû se pencher.

"Si vous avez un artisan qui prend une farine d’Alsace et des produits d’Alsace, et qui en fait une focaccia: est-ce que c’est italien, est-ce que c’est alsacien? Si un artisan travaille une pierre venue du portugal pour faire une sculpture, est-ce que c’est un produit alsacien?", explique Guillaume Libsig.

Une dimension locale plus large

Pour autant, la ville de Strasbourg n'a pas l'intention de faire du marché de Noël un marché 100% alsacien. "L'autre versant, c'est que si on veut avoir une offre accessible à toutes les bourses, il faut garder une offre de produits populaires globaux."

La ville cherche même à élargir la dimension locale de son marché de Noël, en incluant des produits non pas seulement alsaciens, mais de toute la région Grand Est.

"On a essayé de trouver d'autres solutions régionales, de faire venir des exposants avec d'autres versions de Noël. On réfléchit à développer une offre sur les terroirs du Grand Est", explique l'adjoint.

Ainsi, les visiteurs du marché de Noël de Strasbourg pourront découvrir cette année pour la première fois un stand de la région Champagne.

Vers une labellisation pour 2024

Cette volonté de mettre en avant les produits locaux découle également d'un objectif en lien avec la majorité écologiste de la ville et qui ne concerne pas uniquement les produits alimentaires, mais aussi les objets trouvés sur les stands du marché.

"Notre volonté première, c'est de proposer des produits plus éco-responsables, et éviter ceux qui ont fait trois fois le tour du monde."

Un exemple concret de cette évolution est celui des boules à neige. Depuis quelques années, ce type d'objet retrouvé sur le marché de Noël de Strasbourg est passé d'un produit bas-de-gamme importé à des modèles plus locaux, fabriqués en Europe.

"On ne veut pas interdire de produits, mais il y a des gammes, des standards, et on veut mettre en avant ceux qui sont de bonne qualité", conclut Guillaume Libsig.

La ville de Strasbourg a déjà fait savoir son intention d'aller encore plus loin dans cette démarche pour l'édition 2024: elle travaille ainsi à l'instauration d'une labellisation qui permettra d'identifier et de mettre en avant sur le marché de Noël les produits locaux et artisanaux.

Laurène Rocheteau