Procès de l'attentat de Strasbourg: l'épouse de l'homme qui a vendu un "pistolet rouillé" au terroriste témoigne
Au procès de l'attentat de Strasbourg, la cour a étudié ce mercredi le cas d'un homme âgé de 78 ans au moment des faits, collectionneur d'objets militaires, qui a vendu à l'assaillant, quelques heures avant son périple meurtrier, un pistolet rouillé.
Cet homme, Albert B., aurait dû comparaître sur le banc des accusés, mais son cas a été disjoint en raison de son état de santé qui ne lui permettait pas d'être présent aux débats. Il pourrait donc être jugé seul, ultérieurement. Faute de pouvoir l'entendre directement, la cour spéciale de Paris s'est contentée mercredi du témoignage de son épouse, Fernande, 62 ans.
"Pour lui, elle n'était pas dangereuse, cette arme, c'était juste pour faire semblant", a affirmé cette dernière.
Contacté quelques heures avant l'attentat
Longuement interrogée en visioconférence depuis Colmar, cette femme - elle-même placée en garde à vue au début de l'enquête avant d'être mise hors de cause - dit n'avoir assisté à rien, mais se baser uniquement sur ce que lui a raconté son mari. D'après son récit indirect, Albert, un chauffeur-livreur retraité, stockait dans son garage des objets militaires qu'il achetait aux puces.
Le matin du 11 décembre 2018, soit quelques heures avant l'attentat, il a été contacté au téléphone par un homme souhaitant lui acheter une arme. Il s'agissait d'Audrey Mondjehi, aujourd'hui le principal accusé dans ce procès. Après l'avoir retrouvé sur un rond-point de Colmar, Albert amène à son domicile, à quelques kilomètres de là, Mondjehi et un deuxième homme qui s'avérera être Chérif Chekatt lui-même, présenté comme un "copain" du premier.
"Bout de ferraille"
Il leur vend alors, pour 400 euros, un pistolet "rouillé" datant de 1892, que Mondjehi aurait dit vouloir utiliser dans le tournage d'un clip de rap. D'après Fernande, Albert "dit que cette arme, c'est pas possible qu'elle ait fonctionné, c'est pour ça qu'il l'a vendue". Mondjehi l'aurait d'ailleurs qualifiée de "bout de ferraille", et Albert aurait répondu "si c'est juste pour faire des clips, c'est bon".
"Jamais de la vie, il n'aurait vendu une arme pour tuer quelqu'un ou commettre un braquage ou quoi que ce soit, pour lui c'était pour un clip vidéo", assène la témoin.
La présidente relève qu'Albert a pourtant vendu en même temps des munitions. Il "a fait une grosse erreur, mais pas dans une mauvaise intention", répond son épouse, en pleurs.