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Alsace: l'ancien archevêque de Strasbourg proposait un rite de "feu purificateur"

Une église (photo d'illustration)

Une église (photo d'illustration) - Christof Stache

De cette séance, une fidèle catholique conserve notamment aujourd'hui le souvenir d'une puissante "envie de vomir".

Enflammer un papier pour purifier sa souffrance? C'est le rite que proposait l'ancien archevêque de Strasbourg Jean-Pierre Grallet. Une fidèle, racontent nos confrères des Dernières Nouvelles d'Alsace, se souvient de cette cérémonie à laquelle, elle s'est adonnée dans le jardin de l'archevêque, en 2008.

De cette séance, elle conserve notamment aujourd'hui le souvenir d'une puissante "envie de vomir".

"Macabre"

Quelques mois avant cette cérémonie, la fervente catholique avait révélé à l'archevêque, les agressions sexuelles et les abus spirituels qu’elle dit avoir subis, commis par un homme d’Église en Lorraine, vingt ans plus tôt.

L'archevêque écrit alors une lettre à la fidèle, consultée par les DNA, dans laquelle il annonce l’organisation d’un "grand feu purificateur". Cette dernière se souvient avoir trouvé cette mention "macabre".

"C’est comme si c’était moi qui devais être purifiée", rapporte cette dernière.

Le prélat, qui fait actuellement l'objet d'une enquête pénale menée par le parquet de Strasbourg après avoir reconnu des "gestes déplacés" à l'encontre d'une jeune femme, revient sur l'organisation de ce rite.

"J’étais dans une démarche bienveillante, précise-t-il, aux DNA. J’étais en face de quelqu’un qui souffrait, qui voulait expulser le mal qu’elle avait subi. Je l’ai écoutée. Nous étions dans un dialogue."

Il ajoute: "C’est une méthode comme une autre (...) je ne vois pas en quoi cela était déplacé".

"Je recherchais ce qui était le mieux pour la libérer"

Après ce "rite", le prélat fait écrire un texte, à la présumée victime: "Aujourd’hui, sous le regard de Dieu, et avec l’aide de l’Église, ma mère, représentée par l’Archevêque de Strasbourg, Jean-Pierre Grallet, j’ai expulsé tout le mal dont j’avais souffert et toute la mémoire de ce mal. Cela a été dit, reconnu et brûlé. Désormais, je décide d’entrer dans la Résurrection que le Christ nous a offerte et je consens à entrer patiemment et inexorablement dans la guérison qu’Il m’accorde et ne cessera de m’accorder. C’est ma foi profonde et la Source de ma paix."

Une façon de la faire taire? Selon elle, l'archevêque lui aurait demandé de ne pas révéler l’identité du religieux qui avait abusé d’elle, voire d’affirmer qu’il était mort. Des faits démentis par le prélat qui affirme plutôt qu'"à l'époque", il ne savait "pas s'il fallait dénoncer les faits".

"Je recherchais ce qui était le mieux pour la libérer, rapporte-t-il, à nos confrères. Je n’avais pas à lui dire ce qu’elle devait faire [au niveau pénal]. Quelques années plus tard, j’aurai certainement pris la mesure."

Avec le soutien de Mgr Luc Ravel, qui a succédé à Mgr Grallet en 2017, cette fidèle dépose plainte contre son agresseur, un prêtre de 90 ans, actif au sein du diocèse de Metz. Auditionné par la police, ce dernier a tout contesté.

Les faits étant prescrits, le parquet de Sarreguemines a classé la procédure.

Mais la fidèle ne souhaite pas en rester là. Depuis les révélations de la conférence des Évêques de France, elle envisage de porter plainte contre l'ancien archevêque de Strasbourg Jean-Pierre Grallet, pour son comportement.

S. B.