Gérard Depardieu: un Français sur deux estime qu'Emmanuel Macron a trop soutenu l'acteur

Selon un nouveau sondage Elabe pour BFMTV, 50% des Français jugent qu'Emmanuel Macron a trop soutenu Gérard Depardieu, accusé de violences sexistes et sexuelles. Le 20 décembre, le chef de l'Etat avait dénoncé une "chasse à l'homme" contre l'acteur et appelé au respect de la présomption d'innocence.

Des propos fraîchement accueillis. Le nouveau sondage L'Opinion en direct, piloté par l'institut Elabe pour BFMTV et publié ce mercredi 3 janvier, montre que les Français ont un avis mitigé sur la réaction d'Emmanuel Macron à l'affaire Depardieu.

Le 20 décembre, le chef de l'État avait notamment dénoncé une "chasse à l'homme" contre Gérard Depardieu, après la diffusion d'un "Complément d'enquête" sur les accusations de violences sexistes et sexuelles portées contre l'acteur.

Un Français sur deux juge que Macron a trop soutenu Depardieu

28% des personnes interrogées par Elabe n'ont pas d'avis sur la position d'Emmanuel Macron, quand une personne sur deux (50%) estime qu'il a trop soutenu l'acteur. Seuls 22% ont une opinion favorable et estiment que ses propos étaient équilibrés.

Sondage Elabe pour BFMTV publié le 3 janvier 2024 sur la position d'Emmanuel Macron face à l'affaire Depardieu © Elabe/BFMTV

Le président de la République s'est dit "grand admirateur" de Gérard Depardieu, "un immense acteur". "Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (...) il rend fier la France", a poursuivi Emmanuel Macron. Et de conclure: "vous pouvez accuser quelqu'un, il y a peut-être des victimes, mais il y a aussi une présomption d'innocence qui existe".

"J'ai simplement envie" que Gérard Depardieu "puisse défendre ses droits comme tout un chacun" et "continuer à travailler, à créer", a souligné le chef de l'Etat.

Plusieurs tribunes sur l'affaire

L'affaire Depardieu a occasionné ces dernières semaines la publication de plusieurs tribunes. Le 25 décembre, plusieurs personnalités, parmi lesquelles Nathalie Baye, Carla Bruni ou Yvan Attal ont appelé dans le Figaro à "ne pas effacer" l'acteur.

"Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l'amalgame le plus complet et au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est", dit la tribune.

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17:23

Elabe a soumis cette phrase aux sondés et une majorité d'entre eux (54%) se dit en désaccord avec elle. 14% sont tout à fait d'accord et 31% plutôt d'accord.

Une tribune de soutien à Depardieu peu défendue

Les signataires de la tribune y estiment aussi que "lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque. Par son génie d'acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays". "Le cinéma et le théâtre ne peuvent se passer de sa personnalité unique et hors norme. Se priver de cet immense acteur serait un drame, une défaite. La mort de l'art", ajoutent-ils.

Sondage Elabe pour BFMTV publié le 3 janvier 2024 sur deux des tribunes publiées sur l'affaire Depardieu © Elabe/BFMTV

Seuls 18% des personnes interrogées sont d'accord avec ces déclarations (5% tout à fait d'accord et 13% plutôt d'accord). 48% ne sont pas du tout d'accord et 33% pas vraiment d'accord.

Plusieurs des quelque 60 personnalités qui avaient signé ce texte ont depuis pris leurs distances, dont Carole Bouquet, Nadine Trintignant et Gérard Darmon. Dimanche, c'est l'acteur Pierre Richard qui s'est désolidarisé, expliquant sur X avoir signé cette tribune "uniquement au nom de la présomption d'innocence", mais que le texte "ne reflète pas le soutien (qu'il) porte à toutes les victimes d'agressions sexuelles".

Un soutien plutôt dirigé vers les victimes

Le soutien populaire semble se diriger majoritairement vers la "contre-tribune" publiée le 29 décembre sur le site Cerveaux non disponibles et signée par 8.000 personnes, dont les chanteuses Angèle, Louane, Clara Luciani ou le rappeur Médine. 75% des personnes interrogées sont d'accord avec l'extrait suivant:

"Que la justice fasse son travail. Mais nous devons également faire le nôtre. Celui de soutenir les victimes et de ne pas laisser tranquilles des agresseurs, des violeurs, des oppresseurs. Qu’ils ne puissent plus penser qu’ils peuvent agir en toute impunité, et parfois même en étant récompensés et glorifiés."

15% des sondés ne sont pas vraiment d'accord avec ces mots et 9% ne sont pas du tout d'accord.

L'acteur mis en examen pour viols en 2020

Les signataires ont aussi affirmé que la tribune de soutien à Depardieu et la position d'Emmanuel Macron "sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles". "C'est l'illustration sinistre et parfaite du monde d'avant qui refuse que les choses changent", ont-ils ajouté.

58% des personnes interrogées par Elabe sont d'accord avec ces déclarations (26% tout à fait d'accord et 32% plutôt d'accord). 25% ne sont pas vraiment d'accord et 16% pas du tout d'accord.

Gérard Depardieu a fait l'objet d'un reportage de "Complément d'Enquête" diffusé début décembre sur la chaîne publique France 2, dans lequel on le voit multiplier les propos sexistes.

Le reportage revenait aussi sur sa mise en examen pour viols en 2020, à la suite d'une plainte d'une comédienne d'une vingtaine d'années, Charlotte Arnould. L'acteur, visé par deux autres plaintes pour agression sexuelle et viol, réfute ces accusations. Quelques voix dans le cinéma français, comme Sophie Marceau, ont depuis dénoncé son comportement envers les femmes, notamment sur les plateaux de tournage, et le silence qui l'a entouré.

Échantillon de 1.002 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge, CSP, région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 2 au 3 janvier 2024.

Sophie Cazaux