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Trintignant, Darmon, Bouquet... Ces signataires "mal à l'aise" avec la tribune de soutien à Depardieu

Plusieurs des 56 signataires de la tribune de soutien à Gérard Depardieu ont fait savoir, ces dernières heures, qu'ils étaient "mal à l'aise" vis-à-vis de son co-auteur ou de certaines parties du texte.

Quatre jours après la publication dans Le Figaro de la tribune de soutien à Gérard Depardieu, au cœur d'une polémique politico-médiatique depuis plusieurs semaines, certains signataires ont pris de la distance avec le texte, qui a suscité une vive indignation.

Tout en continuant à dénoncer le "lynchage" de celui décrit comme le "dernier monstre sacré du cinéma" - visé par trois plaintes pour viols et agressions sexuelles, mis en examen dans une des affaires et critiqué pour des propos obscènes tenus à l'encontre de femmes et d'une fillette lors d'un voyage en Corée du Nord - une petite partie des 56 personnalités du monde de la culture a exprimé un certain "malaise".

Le co-auteur dérange

Si elle réaffirme sa volonté de signer le texte, Carole Bouquet a ainsi expliqué sur Instagram ne pas soutenir "les idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune. Lui donner de la visibilité par l'entremise de Gérard me met, comme vous pouvez l'imaginer, profondément mal à l'aise".

En cause, Yannis Ezziadi, à l'initiative du texte avec l'acteur Michel Fau. Comédien quasi-inconnu, il est éditorialiste au magazine d'extrême droite Causeur et proche de Julie Depardieu, la fille de l'acteur.

La genèse de cette tribune laisse donc un goût amer. Notamment à la réalisatrice Nadine Trintignant, dont la fille Marie a été tuée par le chanteur Bertrand Cantat en 2003. Elle a dit au Point n'avoir pas su qui l'avait écrite. "Je demande aux personnes que j'ai choquées de ne pas m'en vouloir de ma grave erreur", a-t-elle déclaré, ajoutant sur BFMTV qu'elle menait un combat "contre les lynchages médiatiques quels qu'ils soient".

"J'assume", fait de son côté savoir à l'AFP le producteur et ex-agent Dominique Besnehard: "Je soutiens la présomption d'innocence de Gérard et de tout individu. Et je m'en veux d'avoir été naïf".

"C'est des conneries"

Ancien patron de la Cinémathèque française, Serge Toubiana a aussi assuré à l'AFP ne pas avoir su qui était à l'origine du texte. "J'ai signé parce que j'ai horreur de l'esprit de meute et que la présomption d'innocence doit être défendue".

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Le texte "n'est pas parfait", admet-il a posteriori, car il donne l'impression "que parce qu'il (Depardieu) est un immense acteur, ça pourrait le mettre au-dessus de la loi". Or "cela ne le dédouane pas, pas plus mais pas moins qu'un autre".

Mêmes regrets pour Gérard Darmon qui, sur RTL, a annoncé ne pas être en phase avec la teneur du texte signé. "Attention de ne pas dire qu'en touchant Depardieu, on touche à l'art. (...) C'est des conneries", a-t-il reconnu. Sur notre antenne, l'acteur a toutefois tenu à rappeler qu'il a "une sainte horreur, au-delà de Depardieu, des hordes de chiens, ceux qui frappent un homme à terre, le bashing, l’acharnement.

Tout comme Yvan Attal, qui a admis "un malaise". "Je n'ai pas signé (...) contre les femmes", a-t-il précisé à BFMTV, mais Depardieu "a le droit de ne pas être lynché publiquement (...) il faut laisser la justice parler".

"J'ai d’ailleurs demandé aux gens qui ont écrit cette pétition de reformuler des choses, de parler de certaines choses, et ils n'ont pas voulu", a-t-il ajouté. "Mais j'ai signé parce qu'il y a trop de choses qui ne vont pas."

"Je regrette d'être associée à l'initiateur de cette tribune dont j'ignorais l'engagement politique", a aussi écrit la réalisatrice Josée Dayan dans un communiqué, tout en précisant ne pas retirer sa signature car elle "reste attachée à la présomption d'innocence".

Dernier rétropédalage en date: celui de Charles Berling, qui a apporté quelques précisions sur les raisons de sa signature dans un message publié samedi 30 décembre sur Instagram. "Je défends la légitimité de la justice contre les effets de horde et de meute et c'est cette haine collective, rendue possible par l'usage massif des réseaux sociaux, que j'ai voulu dénoncer", a-t-il expliqué. Tout en reconnaissant: "Je ne souscris pas à l'ensemble de cette tribune (...) Je regrette le manque de nuance et les raccourcis de ce texte et j'entends l'indignation qu'il suscite."

Théo Putavy