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"Quand allez-vous présenter votre démission?": l'opposition charge Blanquer sur sa gestion du Covid

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, le 1er avril 2021 à Paris

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, le 1er avril 2021 à Paris - THOMAS COEX © 2019 AFP

Recadré par Emmanuel Macron la semaine passée, le ministre de l'Éducation nationale a été attaqué à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Le soutien d'Emmanuel Macron à son ministre de l'Éducation nationale, en Conseil des ministres ce mardi, vaut quasi preuve de la mauvaise passe que traverse Jean-Michel Blanquer. "Je remercie le Premier ministre et le ministre de l'Education pour les décisions pragmatiques qui ont été prises", a ainsi fait savoir le chef de l'État dans le cénacle du salon Murat, selon des propos rapportés à BFMTV. Soutien appuyé et réitéré en compte-rendu de Conseil des ministres par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, qui a toutefois admis qu'"évidemment que tout n'a(vait) pas été parfait".

Brocardé pour sa gestion de la crise sanitaire à l'école, avec trois protocoles successifs en l'espace d'une semaine, dont le troisième a été annoncé lundi par le Premier ministre Jean Castex au journal télévisé de France 2, ce qui sonnait comme une reprise en main de la communication par Matignon, Jean-Michel Blanquer doit aussi faire face à une grève massive au sein des personnels de l'Éducation nationale ce jeudi, avec 75% d'enseignants qui devraient suivre le mouvement social.

"Gouvernance solitaire"

Une brèche dans laquelle les oppositions se sont engouffrées. "Face au jeudi noir qui s'annonce, quand allez-vous présenter votre démission, M. le ministre?", a notamment lancé mardi la députée socialiste de la Sarthe Sylvie Tolmont, lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Un appel à la démission de nouveau formulé mardi soir lors du bureau politique du Parti socialiste (PS).

"Avec la crise sanitaire, la gouvernance solitaire du ministre Blanquer touche à ses limites", se positionne le parti dans un communiqué. "Démissionner plutôt que de continuer à mettre l'école aux bords de la crise de nerfs", ajoute le texte.

"Rupture de confiance"

Ce mercredi, c'est Yannick Jadot qui a enfoncé le clou dans un entretien au Dauphiné Libéré: "J'appelle à la démission de Jean-Michel Blanquer", plaide le candidat écologiste à l'élection présidentielle.

Évoquant un appel qui n'est pas à son "habitude", le député européen justifie sa position par "l'attitude de mépris du ministre de l'Éducation et son dilettantisme". Et d'enfoncer le clou: "On a clairement un ministre qui ne travaille pas, qui ne travaille plus. (...) La rupture de confiance entre le personnel enseignant et aussi les parents d'élèves est telle qu'Emmanuel Macron doit le remplacer dès maintenant", cingle Yannick Jadot.

L'appareil Les Républicains (LR) ne s'est pas (encore?) positionné, mais certaines voix dans ses rangs s'élèvent, comme celle du sénateur des Pyrénées-Atlantiques Max Brisson. "Pourquoi tant d'impréparation?", s'est agacé ce mercredi l'élu du Sud-Ouest lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, interpellant Jean-Michel Blanquer au sujet des protocoles sanitaires successifs.

Malaise dans la majorité

Si les oppositions ferraillent, Jean-Michel Blanquer fait aussi face à des difficultés au sein de la majorité à laquelle il appartient.

"Ça ne sert à rien de l'enfoncer. On ne va pas changer de ministre à moins de 100 jours de la présidentielle. Mais ce n'est pas une situation facile", soulignait auprès de l'Agence France-Presse (AFP) un poids lourd de la macronie qui regrette surtout des "erreurs de com'".

"Il paye son dilettantisme et des erreurs de communication énormes.Mais ce n'est pas nouveau, il n'imprime plus trop", selon un cadre de la majorité qui se confiait mardi à BFMTV.

De surcroît, "il a énervé le Président avec son think tank", selon un autre cadre de LaREM. Jean-Michel Blanquer avait lancé en octobre dernier un "laboratoire de la République" notamment destiné à lutter contre le "wokisme".

"Discussion franche" avec Véran

Et si Jean-Michel Blanquer a été soutenu ce mercredi en Conseil des ministres par Emmanuel Macron, l'occupant de la rue de Grenelle s'est écharpé avec son homologue de la Santé Olivier Véran quelques minutes avant la réunion, selon nos informations confirmant celles du Parisien.

Le ton est monté lorsque Jean-Michel Blanquer est arrivé, interrompant Olivier Véran qui parlait à d'autres membres du gouvernement, lui reprochant de ne pas le défendre suffisamment. "La discussion était franche. Blanquer s'est senti lâché en rase campagne", selon un ministre à BFMTV.

Et si Emmanuel Macron l'a soutenu quelques minutes après, ce n'était pas le cas la semaine passée, dans un entretien face aux lecteurs du Parisien, dans lequel il a concédé: "Je vous donne le point. Il faut plus d'anticipation et plus de temps aux rectorats pour communiquer avec les écoles en amont", avait reconnu le locataire de l'Élysée, interrogé par une enseignante sur l'annonce du nouveau protocole sanitaire, découvert par le personnel éducatif dans les médias.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV