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Présidentielle

De chouchou à cancre du gouvernement, la descente aux enfers de Jean-Michel Blanquer

Les revirements du gouvernement sur les protocoles sanitaires dans les écoles et la communication critiquée ont fragilisé la position du ministre de l’Éducation nationale, désormais très isolé.

A la veille d'un jeudi noir, un ministre en grande difficulté. Invité de BFMTV ce mardi, à deux jours d'une mobilisation des enseignants qui s'annonce particulièrement suivie, Jean-Michel Blanquer a eu des mots qui n'ont pas vraiment calmé les tensions avec le corps enseignant. "Je sais que c'est dur mais ça n'est pas une grève qui résoud les problèmes. On ne fait pas une grève contre un virus. On doit tout simplement traverser la situation avec le plus de sérénité possible, de sens de l'intérêt général, c'est ce à quoi j'appelle", a argumenté le ministre de l’Éducation nationale.

Une lecture de la situation qui n'est ni celle des enseignants, ni celle de notre éditorialiste Matthieu Croissandeau.

"Non, les personnels de l'Education nationale ne font pas grève contre un virus, ils font grève contre Jean-Michel Blanquer", tranche-t-il ce mercredi.

"Tous reprochent au ministre un manque de concertation, d'anticipation, tous en ont en fait raz-le-bol de ce qui ressemble quand même à une grande improvisation", a-t-il expliqué.

Le choix d'une "ligne de rupture avec les syndicats"

Dans la ligne de mire, le protocole mis en place le 3 janvier qui réclamait un test PCR ou antigénique, suivi de deux autotests négatifs pour retourner à l’école. Une organisation compliquée conditionnée à un argument martelé par le ministre: maintenir les écoles ouvertes. Une communication critiquée de toute part aussi, à savoir une interview publiée la veille au soir de la rentrée sur le site du Parisien, et le jour J dans sa version papier.

"Quand on en est là, à se payer un troisième mouvement social, à trois mois de l'élection présidentielle, en pleine pandémie, c'est bien qu'il y a un problème. Jean-Michel Blanquer ne peut s'en prendre qu'à lui-même, il a choisi une ligne de rupture avec les syndicats, il le paie cash aujourd'hui", a jugé l'éditorialiste.

Le ministre a botté en touche mardi sur BFMTV. "Les problèmes que nous avons eus la semaine dernière sont des problèmes de gestion de la santé. Le protocole, je ne l'ai pas inventé sur un coin de table. C'est la conséquence de ce que le Haut conseil de santé publique dit", a-t-il argumenté, pointant de simples problèmes de "logisitique". Comprendre: voir du côté du ministère de la Santé.

"Macron est allé jusqu'à le désavouer"

Pour Matthieu Croissandeau, cette séquence est symbolique de la mauvaise passe que traverse le ministre de l'Education.

"C'était le chouchou, c'est en train de devenir le cancre", pointe-t-il.

Et d'ajouter: "Plus personne ne dit son nom, ni le président, ni le Premier ministre." Emmanuel Macron est ainsi allé jusqu'à le désavouer la semaine dernière dans son interview au Parisien. "Je vous donne le point. Il faut plus d'anticipation et plus de temps aux rectorats pour communiquer avec les écoles", a-t-il admis.

"Dans la majorité, on lui reproche une forme d'improvisation, de dilettantisme, de passer plus de temps à s'occuper de sa petite association sur la laïcité plutôt que de s'occuper de la crise sanitaire", a pointé l'éditorialiste, en référence à son club politique, "Le Laboratoire de la République".

"Quand allez-vous présenter votre démission?"

Du côté de l'opposition, certains réclament sa démission. "Face au jeudi noir qui s’annonce, quand allez-vous présenter votre démission Monsieur le Ministre?" ont écrit le groupe des députés Socialistes et apparentés sur Twitter.

Du côté des Républicains, le président des députés LR Damien Abad a fustigé la "cacophonie" sur son compte Twitter.

"En 8 jours, l’École doit désormais appliquer son 3e protocole sanitaire. Après une semaine de cacophonie et de pénurie, Jean-Michel Blanquer est désavoué en direct par son Premier ministre", a-t-il écrit précisément.

Jean-Michel Blanquer, qui avait passé son tour pour les régionales, semble déterminé pour les législatives. Et à l'éditorialiste de conclure à ce sujet: vu son récent bilan, "il a du souci à se faire."

Nina Jackowski