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Gouvernement

"Je suis restée libre": Rima Abdul Malak quitte le ministère de la Culture, remplacée par Rachida Dati

L'ex-ministre de la Culture remplacée par Rachida Dati a souligné ce vendredi la "liberté" qui a caractérisé son passage au ministère. Rima Abdul Malak a notamment été désavouée par Emmanuel Macron pour ses propos sur Gérard Depardieu, accusé de viols et de violences sexuelles.

Rima Abdul Malak fait ses adieux au ministère de la Culture. Remplacée par Rachida Dati à l'occasion du remaniement, Rima Abdul Malak a tenu à souligner la "liberté" dont elle a fait preuve au ministère pendant un an et demi.

"En acceptant cette magnifique responsabilité (...) je me suis mise au service d'une ambition pour la France à laquelle j'ai cru totalement, ardemment. Mais je suis restée libre", a-t-elle déclaré ce vendredi 12 janvier lors de sa cérémonie de passation de pouvoir.

"Libre de mes engagements, libre de mes prises de position, libre dans mon amour pour les artistes", a-t-elle martelé, ovationnée par ses équipes au début de sa prise de parole.

Désavouée sur l'affaire Depardieu

Son départ du gouvernement intervient après un désaveu public d'Emmanuel Macron. Réagissant à un documentaire choc sur Gérard Depardieu, accusé de viols et de violences sexuelles qu'il conteste, Rima Abdul Malak avait annoncé mi-décembre le lancement d'une procédure disciplinaire pouvant ôter la Légion d'honneur à l'acteur, qu'elle a qualifié de "honte" pour la France.

Le président de la République l'a brutalement démentie quatre jours plus tard, estimant que sa ministre s'était avancée, et que le monstre sacré du cinéma français rendait au contraire "fier la France".

Cette intervention intervenait en pleine crise gouvernementale et au sein de la majorité, plusieurs ministres ayant menacé de démissionner à la suite l'adoption de la loi sur l'immigration avec le soutien de l'extrême droite.

La "malédiction" du ministère de la Culture

Lors de la passation de pouvoir avec Rachida Dati, Rima Abdul Malak n'en a pas fait ministère: son départ de la rue de Valois n'est pas de son fait. "J'espérais parvenir à déjouer la malédiction qui s'est abattue sur le ministère de la Culture depuis plus de 10 ans, qui fait que les ministres restent moins de deux ans à leur poste", a-t-elle lancé. "Mais cette malédiction est décidément tenace."

L'ex-ministre de la Culture a listé "plusieurs regrets" au moment de céder son poste: ne pas poursuivre sa politique de diversification des nominations dans le monde de la culture, son plan pour les métiers d'arts ou encore la restitution de certains biens culturels usurpés.

"J'avais déjà écrit un texte en alexandrin pour répondre à une éventuelle interpellation lors de la prochaine cérémonie des Molières ou des César", a-t-elle plaisanté.

Un esprit "combatif"

Une référence à son intervention aux Molières, cérémonie de récompenses du théâtre français, qui avait frappé les esprits au printemps 2023. Attaquée par deux artistes sur la réforme des retraites, elle s'était levée pour prendre la parole.

"D'habitude, le rôle du ministre, c'est de rester assis à ne rien dire, mais là, c'est pas possible", avait-elle déclaré, avant de défendre un budget "historique" pour la culture, ainsi que le régime de l'intermittence.

Désormais libérée de ses fonctions ministérielles, Rima Abdul Malak affirme vouloir continuer à travailler dans un esprit "combatif" pour la "défense de la liberté de création" et contre l'extrême droite.

Sophie Cazaux avec AFP