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Fin de vie: l'Église s'indigne d'une loi qui mène le système de santé "vers la mort comme solution"

Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, le 31 mars 2023

Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, le 31 mars 2023 - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Évêques et archevêques catholiques sont montés au créneau ce lundi 11 mars pour condamner le projet de loi sur "l'aide à mourir" dévoilé par Emmanuel Macron la veille.

"Une mauvaise surprise", "une tromperie". L’Église de France ne manque pas d'adjectifs négatifs ce lundi 11 mars pour évoquer le projet de loi sur "l'aide à mourir", présenté la veille par Emmanuel Macron.

Dans les médias, plusieurs évêques se sont succédés, évoquant à la fois "une tromperie", des promesses "vagues" et "une absence de fraternité".

"Appeler 'loi de fraternité' un texte qui ouvre à la fois le suicide assisté et l'euthanasie est une tromperie", a ainsi déclaré dans un entretien à La Croix Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.

"Une telle loi, quoi qu'on veuille, infléchira tout notre système de santé vers la mort comme solution", a-t-il ajouté.

Des promesses approximatives

L’archevêque de Reims regrette que "le président de la République" ait présenté "un texte tout ficelé sur ce qu'il appelle 'l'aide à mourir' et considère que "sur les soins palliatifs, [ce sont, NDLR] de vagues promesses avec un chiffrage tout à fait approximatif".

Par ailleurs "nulle part n'apparaît une clause de conscience spécifique: n'est-ce pas un manque?" s'est-il interrogé, appelant les parlementaires "à mesurer combien est ambigu le texte annoncé".

"Absence de fraternité"

"Une très mauvaise surprise", a abondé Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, sur France Inter ce lundi. "Il y a quelque chose d'incompréhensible, et la dissimulation, derrière un terme de fraternité, de l'absence de fraternité", selon cet évêque.

"Ce qui me frappe, c'est qu'on a l'impression que dans la 'start-up nation', les personnes non productives n'ont plus le droit de cité", a-t-il également déploré.

Après de longs mois de réflexion et plusieurs reports, Emmanuel Macron a dévoilé son "modèle français de la fin de vie": une "aide à mourir" qui doit permettre à certains patients, selon des "conditions strictes", de recevoir une "substance létale".

Dans un entretien publié par La Croix et Libération dimanche soir, le chef de l'État annonce que le projet de loi du gouvernement, qui inclura aussi un volet pour renforcer les soins palliatifs, sera présenté en avril en Conseil des ministres. Le texte sera ensuite examiné en première lecture à l'Assemblée nationale "à compter du 27 mai" a annoncé ce lundi Gabriel Attal, avant les élections européennes de juin.

Le projet de loi, qui doit être transmis d'ici dix jours au Conseil d'État, "ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes", explique le président dans son interview.

H. de M. avec AFP