BFMTV
Dossier

Violences sexuelles dans l'industrie du porno

"Violences systémiques", femmes "exploitées", mineurs trop facilement exposés à des contenus traumatisants: un rapport sénatorial dévoilé le 27 septembre 2022 dénonce les dérives de l'industrie du porno.

La lutte contre ces violences doit devenir une "priorité de politique publique et pénale", plaident les quatre sénatrices Annick Billon (UDI), Alexandra Borchio Fontimp (LR), Laurence Cohen (PCF) et Laurence Rossignol (PS) dans ce rapport intitulé "Porno: l'enfer du décor", et adopté par la délégation aux droits des femmes du Sénat.

Depuis l'apparition, au milieu des années 2000, des grandes plateformes internet comme Pornhub ou Xvideos, la diffusion du porno est devenue massive, ce qui a "contribué à la recrudescence de contenus de plus en plus trash et violents, sans aucun contrôle ni considération pour les conditions dans lesquelles ces contenus sont produits", dénoncent les autrices.

Les producteurs ne craignent pas d'exploiter la vulnérabilité économique et psychologique de femmes jeunes, voire très jeunes, et de réaliser des tournages dans des conditions déplorables", ajoutent-elles.

Face à des productions "qui atteignent le paroxysme de la violence", la société doit réagir en renforçant la répression pénale contre les responsables de cette industrie, en "favorisant l'émergence de plaintes des victimes", et en imposant aux plateformes de supprimer gratuitement les vidéos lorsque les femmes en font la demande, préconisent les élues.

Actuellement, lorsqu'une femme abusée demande la suppression d'une vidéo dans laquelle elle apparaît, les producteurs lui réclameraient entre 3000 et 5000 euros, "soit dix fois plus que la rémunération obtenue pour la scène tournée", pointe le rapport.

Ce rapport parlementaire survient alors que le milieu du porno français dit "amateur" est secoué depuis deux ans par plusieurs enquêtes judiciaires, l'une visant "Jacquie et Michel", et l'autre la plateforme "French Bukkake".

Trois acteurs et un réalisateur ont été placés en garde à vue le 27 septembre 2022 dans cette dernière enquête, pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé. Au total, douze hommes, acteurs, réalisateurs, producteurs, sont poursuivis dans ce dossier exceptionnel par son ampleur. La grande majorité est incarcérée.

Dans le dossier "Jacquie et Michel", quatre hommes dont le fondateur du site, Michel Piron, ont été mis en examen en juin 2022 dans une information judiciaire ouverte notamment pour proxénétisme aggravé, traite des êtres humains en bande organisée, viol avec torture et acte de barbarie.

"Ces procédures judiciaires révèlent au grand jour la barbarie, la violence, la haine sexiste et raciste de l'industrie pornographique française", a commenté dans un communiqué un collectif d'associations féministes, qui a salué le "rapport fondamental" du Sénat. Au vu des plaintes déposées par des femmes victimes, "plus personne ne peut parler d'art ou de cinéma", ont ajouté ces associations.

Dans une tribune parue dans le Journal du dimanche, la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes s'attaque aux violences dans l'industrie pornographique. Elle prêche pour des changements de mentalité et des barrières légales.

Pourquoi Michel Piron, le propriétaire du site pornographique "Jacquie et Michel", a été placé en garde à vue

Pourquoi Michel Piron, le propriétaire du site pornographique "Jacquie et Michel", a été placé en garde à vue

Selon des sources concordantes, Michel Piron, président du groupe Ares, propriétaire du site « Jacquie et Michel », a été interpellé ce mardi matin à son domicile dans la petite commune d’Odos (Hautes-Pyrénées) et placé en garde à vue par les enquêteurs du 1er district de la police judiciaire de Paris. L’homme, âgé de 64 ans, est entendu pour des soupçons de « complicité de viols aggravés », « agressions sexuelles », « proxénétisme » et « traite des êtres humains ».