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Police-Justice

Cycliste percutée par un camion sur une piste cyclable: le parquet requiert un procès pour Rennes Métropole

Un cycliste dans une piste cyclable à Rennes. (Image d'illustration)

Un cycliste dans une piste cyclable à Rennes. (Image d'illustration) - Damein Meyer

Une jeune femme de 22 ans a trouvé la mort en 2019 après avoir été percutée par un camion alors qu'elle se trouvait à vélo sur une piste cyclable. La justice considère que les infrastructures n'étaient pas aménagées "selon les préconisations réglementaires".

Le parquet a demandé le renvoi de la métropole de Rennes devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire après le décès en 2019 d'une jeune cycliste, percutée par un camion à un carrefour alors qu'elle circulait sur une piste cyclable, a-t-il annoncé lundi.

Rennes Métropole, en tant que personne morale, avait été mise en examen le 17 mai 2022 après la mort de Grâce Lochin le 4 novembre 2019. La jeune femme de 22 ans avait été heurtée par le chauffeur d'un camion qui ne l'avait pas vue se déporter sur la gauche pour éviter l'îlot central situé au milieu d'un carrefour.

La Métropole "alertée"

Lundi, le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc a indiqué que le parquet requérait désormais "le renvoi devant le tribunal correctionnel de la personne morale Rennes Métropole pour homicide involontaire".

"Force est de constater que dans le carrefour incriminé, la piste cyclable débouchait directement sans aucune signalisation ni avertissement sur un terre-plein central, obligeant un déport particulièrement dangereux", a-t-il indiqué.

La métropole avait été à plusieurs reprises "alertée" de ce danger par une association, a-t-il ajouté. Selon le parquet, bien que "des alertes avaient été conduites sur cette avenue", "ce carrefour n'avait pas été aménagé selon les préconisations réglementaires".

Le parquet a en revanche requis un non-lieu contre le chauffeur du camion, mis en examen pour homicide involontaire. Le parquet estime que "la configuration des voies et de la piste cyclable ne lui permettait pas d'apercevoir la cycliste" avant le choc.

Pas "l'issue attendue" pour la famille de la victime

Le père de la victime, qui a porté plainte contre la métropole en 2020, partage "l'analyse du procureur de la République concernant la responsabilité de Rennes Métropole du fait de la dangerosité du carrefour où s'est produit l'accident", a indiqué à l'AFP son avocat Stéphane Babonneau. Mais "il y a une forme d'incompréhension" concernant la responsabilité du chauffeur, selon lui.

"Ce n'est pas l'issue que mon client attendait mais nous allons dès à présent prendre connaissance dans le détail du raisonnement du parquet".

La métropole de Rennes a rappelé que ce décès avait "fortement marqué les habitants de la métropole rennaise". "L'instruction se poursuit, pour déterminer les circonstances de ce drame. Depuis le début de l'enquête, Rennes Métropole s'est tenue à la disposition de la Justice afin d'apporter l'ensemble des éléments techniques susceptibles d'éclairer l'instruction".

L'association Rayons d'action, qui promeut "sous toutes ses formes l'utilisation de la bicyclette comme moyen de déplacement à part entière" et qui revendique 800 adhérents, a qualifié de "logique" la demande du parquet. "Clairement Rennes métropole a une part dans la mauvaise conception de l'aménagement. Il y a un carrefour qui avait été retravaillé légèrement et qui n'avait pas pris en compte suffisamment les trajectoires cyclistes pour éviter ce type d'accident", a réagi le président de l'association Rémi Salembier.

J.C. avec AFP