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Sécheresse

Sécheresse: un aqueduc prolongé pour faire venir l'eau du Rhône jusqu'à Perpignan?

Cette solution a été envisagée par les autorités locales afin de poursuivre l'agriculture dans ce département touché par une sévère sécheresse.

Une solution à long-terme pour les Pyrénées-Orientales? Depuis maintenant plus de deux ans, le département est soumis à une sécheresse historique, qui met en péril la faune, la flore, l'agriculture et l'économie locale. "Il n'a pratiquement pas plu depuis deux ans", rappelle à l'AFP Bruno Vila, maraîcher et arboriculteur près de Perpignan alors que les nappes phréatiques sont à un niveau extrêmement bas avant la saison estivale.

Étude de faisabilité

Afin de remédier à cette situation, les représentants politiques locaux ont imaginé une extension jusqu'à Perpignan de l'aqueduc Aqua Domitia, qui draine déjà une partie des eaux du Rhône, situé à plusieurs centaines de kilomètres de là, vers les départements de l'Hérault et de l'Aude.

L'aqueduc, opérationnel depuis 2022, pompe 12 millions de mètres cube dans le Rhône, à Fourques (Gard), puis distribue l'eau non traitée via un canal, puis une conduite d'eau de 60 cm à 1,2 mètre de diamètre. Dix ans de travaux ont été nécessaires, pour un investissement de 220 millions d'euros.

La réalisation d'une étude de faisabilité pour son prolongement a été votée fin mars par la région Occitanie. "On considère que les eaux du Rhône ne sont pas inépuisables mais abondantes, et qu'une partie de cette eau peut-être utilisée pour le développement et le maintien de la vie d'un autre territoire, maintenir un certain nombre d'écosystèmes qui aujourd’hui sont fragilisés par le réchauffement climatique", souligne à BFMTV Fabrice Verdier, conseiller régional PS de la région Occitanie.

Le plan de l'actuel aqueduc Aqua DOmitia ainsi que son projet d'extension
Le plan de l'actuel aqueduc Aqua DOmitia ainsi que son projet d'extension © BFMTV

Une extension inévitable?

Sur la partie déjà existante du projet, en particulier dans l'Hérault, les stations de captage fonctionnent à plein régime. "Le pompage au niveau de la station est de 2.500 litres par seconde pour satisfaire des besoins en eau sur une distance d'environ 120 à 130 kilomètres", décrit à BFMTV Jean-François Blanchet, directeur général du groupe BRL (Bas-Rhône-Languedoc).

L'eau est utilisée pour l'irrigation agricole (40%), potabilisée (40%) ou vient en substitution à des ressources locales fragilisées.

Selon une étude de 2022 sur l'hydrologie du Rhône, l'ensemble des prélèvements dans le fleuve, dont les pompages pour les villes de Lyon, Marseille, et de la Côte d'Azur, correspondent à 5% du débit à Beaucaire/Tarascon, jusqu'à 30% en août d'une année sèche.

Du côté des exploitants héraultais, on se réjouit de la mise en place de cet aqueduc. "En système méditerranéen, c'est indispensable. La formule que je dis depuis 20 ans c’est l’agriculture méditerranéenne sera irriguée ou ne sera plus’, ce sera le désert", nous explique Michel Pontier, fondateur de l'exploitation "Les jardins de Montpellier."

Critiques d'écologistes

Des associations écologistes s'étaient opposées à la réalisation d'Aqua Domitia et le projet d'extension est tout aussi critiqué. "C'est une fuite en avant. Alors, on apporte l'eau à Narbonne, à Perpignan, puis à Barcelone...", ironise Marc Maillet, président de l'association écologiste Frene 66.

"C'est un non-sens de penser qu'on va solutionner la question de la sécheresse en créant d'autres problèmes, ce n'est pas en transportant les eaux d'un bassin versant à un autre, qu'on va résoudre le problème. Il faut respecter les cycles naturels", poursuit l'écologiste.

Aqua Domitia, interroge-t-il, "c'est pour faire quoi? Tout est à revoir pour la production agricole. L'avenir, ce n'est pas le transport de l'eau du Rhône, l'avenir c'est de changer de cultures, moins consommatrices d'eau".

Provocateur, l'écologiste rappelle que, voici 20 ans, les agriculteurs locaux s'étaient opposés au projet Aqua Domitia jusqu'à Perpignan, car ils redoutaient que la conduite d'eau soit ensuite prolongée vers l'Espagne, dont la concurrence affecte déjà la production de fruits et légumes du Roussillon. Si le projet est finalement accepté, cette extension devrait voir le jour d'ici 10 à 15 ans.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV