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Ukraine: face à l'épuisement des soldats sur le front, le difficile recrutement de nouveaux volontaires

Alors que les soldats ukrainiens tiennent leurs positions depuis plusieurs mois face aux poussées russes, certains civils souhaitent s'engager mais redoutent de se retrouver directement au front.

Un "anniversaire" dans la douleur. Près de deux ans jour pour jour après le début de l'invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu une situation "extrêmement difficile" pour ses soldats sur le front face aux forces du Kremlin. En plus d'une contre-offensive avortée qui a échoué, Kiev subit en effet plusieurs pertes sur le terrain, dont celle de la ville d'Avdiivka samedi 17 février.

"Je me sens fatigué"

Alors que le conflit est parti pour s'étaler dans le temps, une certaine lassitude se laisse entrevoir parmi les hommes ukrainiens mobilisés depuis parfois plusieurs mois. BFMTV a rencontré Elyona, l'épouse de Sacha, un homme de 38 ans physicien de métier qui s'est porté volontaire pour défendre son pays. Chaque jour, le couple parvient à se téléphoner.

"Je me sens fatigué physiquement et moralement parce que c’est dur. J’ai toujours envie de me battre, mais j’aimerais avoir quelqu’un pour m’épauler, me remplacer, et me donner une chance de me reposer", dit-il à sa femme ce jour-là, lors d'un appel immortalisé par notre caméra.

Depuis maintenant plusieurs mois, Elyona participe de son côté à des manifestations au cours desquelles, avec d'autres épouses, elle réclame le retour de leurs maris. "Je pense qu’il a déjà accompli son devoir envers le pays, pour de bon. Je pense qu’il devrait rentrer et qu’il y en a d’autres qui peuvent le remplacer", dit-elle.

"Je ne sais pas comment me battre"

À mesure qu'avance le conflit, de moins en moins de volontaires souhaitent garnir les rangs de l'armée ukrainienne, devenue exsangue. Certains civils, qui aimeraient s'engager, hésitent de peur de se retrouver en première ligne sans formation.

"Je ne sais pas comment me battre, je ne sais pas faire. Et puis j’ai surtout peur de finir sur la ligne de front" dit Vlad, 48 ans, à BFMTV.

Il y a plusieurs mois, ce dernier a ignoré une convocation du bureau de recrutement. Depuis, il redouble d'inventivité afin d'éviter les brigades qui cherchent à enrôler les nouvelles recrues et s'est inscrit sur un compte du réseau social Telegram avec d'autres réfractaires pour les éviter.

"Je comprends que les familles de soldat veuillent que quelqu’un prenne leur place. Mais ces gens doivent se demander qui va remplacer leurs bien-aimés, des personnes arrêtées dans la rue?", se justifie-t-il.

Afin de résoudre cette problématique du manque de soldats, le Parlement ukrainien a voté le 7 février un projet de loi controversé sur la mobilisation militaire. Celui-ci, qui abaisse l'âge de la mobilisation de 27 à 25 ans et simplifie les procédures d'enrôlement, doit encore faire l'objet de débats parlementaires, de propositions d'amendements et d'un vote en deuxième lecture. Une procédure qui peut s'étaler sur plusieurs semaines

Le président Volodymyr Zelensky avait affirmé en décembre que l'armée lui avait proposé de mobiliser jusqu'à 500.000 personnes supplémentaires. 

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV