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Culture

Printemps des poètes: Rachida Dati appuie le choix contesté de Sylvain Tesson comme parrain

Rachida Dati, ministre française de la Culture et maire du 7e arrondissement de Paris, s'exprime lors de son discours de fin d'année à l'Hôtel de ville du 7e arrondissement de Paris, le 16 janvier 2024.

Rachida Dati, ministre française de la Culture et maire du 7e arrondissement de Paris, s'exprime lors de son discours de fin d'année à l'Hôtel de ville du 7e arrondissement de Paris, le 16 janvier 2024. - Dimitar DILKOFF / AFP

Une tribune publiée dans Libération dénonçait le choix de Sylvain Tesson comme parrain de l'événement, estimant que cela participe à la "normalisation de l'extrême droite". L'écrivain a reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques, dont celui de la ministre de la Culture.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a soutenu dimanche le choix de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes (9-25 mars), après une tribune qui s'y opposait en accusant l'écrivain d'être une "icône réactionnaire".

"Sylvain Tesson fait partie de ces écrivains qui ont le désir de partager avec tous l'amour des mots. Je suis heureuse que le Printemps des poètes célèbre partout en France cette vision de la poésie, ouverte, libre et populaire", a déclaré la ministre sur le réseau social X (ex-Twitter).

"Banalisation d’une idéologie réactionnaire"

L'écrivain Sylvain Tesson a été choisi pour être le parrain du Printemps des poètes, initiative soutenue par le ministère de la Culture, le Centre national du livre et le ministère chargé de l'Éducation. Un collectif de 1.200 acteurs du monde de la culture s'était opposé au choix de Sylvain Tesson comme parrain de cette manifestation annuelle dans une tribune publiée jeudi 18 janvier dans Libération. Chloé Delaume, Douce Dibondo, Nancy Huston ou encore les éditions Blast y dénonçaient le choix de Sylvain Tesson le qualifiant d'"icône réactionnaire".

Ils lui reprochaient notamment d'avoir préfacé un roman de Jean Raspail, écrivain monarchiste et catholique traditionaliste, admiré par les identitaires.

"Nous alertons sur le fait que la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024, loin d’être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société", peut-on lire dans la tribune.

Les signataires soutiennent que "la banalisation d’une idéologie réactionnaire incarnée par Sylvain Tesson va à l’encontre de l’extrême vitalité de la poésie revendiquée par le Printemps des poètes".

Tesson soutenu par la ministre de la Culture

Depuis la publication de cette tribune, Sylvain Tesson a pu compter sur de nombreux soutiens, à droite, mais aussi à gauche. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a ainsi lui dénoncé samedi "l’exclusion sectaire d’une plume aventureuse", apportant son "soutien total à Sylvain Tesson, poète de notre monde".

D'autres personnalités sont venues à la rescousse de Sylvain Tesson, de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, au chef de file des LR Éric Ciotti en passant par Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.

Une "campagne imbécile"

Jack Lang, le créateur du Printemps des Poètes, s'est de son côté insurgé "avec force et indignation contre la campagne imbécile menée à l'égard de Sylvain Tesson". "Un tel crétinisme est une insulte à la poésie qui, par excellence, est libre et sans frontières", a ajouté l'ancien ministre de la Culture.

Outre les politiques, Sylvain Tesson a également été défendu par des figures du monde littéraire, comme l'écrivain Nicolas Mathieu, prix Goncourt en 2018. "Le SAV des prises de position est devenu un job à temps plein et ce temps qu'on y consacre semble de plus en plus vide. Un peu la flemme", a-t-il déclaré sur Instagram.

"J'ai durant toute ma vie admiré le travail d'auteurs de droite, de réacs, voire même de salauds, et n'ai jamais pensé qu'il fallait aligner ni la littérature ni mes goûts sur mon appétit de progrès. (...) Je crois qu'il faut craindre autant que le mal certains moyens que l'on met à favoriser l'avènement du bien", a-t-il ajouté.
Marine Langlois