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"J'ai dû fuir mon village": le dernier combat du Haut-Alpin Jean-Claude Gast, qui a eu recours à l'euthanasie en Belgique

Jean-Claude Gast, ancien maire de Saint-Julien-en-Beauchêne, a choisi de recourir à l'euthanasie. Interdite en France, il a dû s'expatrier en Belgique pour mourir dignement. Il espère la légalisation de la pratique prochainement en France.

Jean-Claude Gast, ancien maire de Saint-Julien-en-Beauchêne (Hautes-Alpes), est mort ce jeudi 9 novembre, peu avant midi à l'âge de 79 ans. La fin d'un combat pour le haut-alpin, qui a décidé de recourir à l'euthanasie à Bruxelles.

Depuis un grave accident de ski de randonnée l'hiver dernier, Jean-Claude Gast était paraplégique. Il avait rapidement pris la décision de recourir à l'euthanasie médicalement assistée, une pratique interdite en France. Ce mardi, il s'est donc dirigé avec ses proches en Belgique, à presque un millier de kilomètres de chez lui, pour mener son dernier combat politique.

"Monsieur le Président, je ne vous écris pas de lettre"

Son dernier message est clair: la France doit absolument légiférer pour légaliser l'euthanasie, le droit de mourir dignement pour les malades en fin de vie. "Ce n'est pas possible de nous laisser dans cet état-là. C'est bien pour ça que j'essaye de me mettre en avant pour qu'on puisse faire bouger les choses et que les citoyens fassent pression auprès des politiques."

Alors qu'Emmanuel Macron doit évoquer mardi 14 novembre son projet de loi sur la fin de vie, l'ancien édile s'est directement adressé au chef de l'État, au micro de BFM DICI.

"Monsieur le Président, je ne vous écris pas de lettre parce que ce n'est plus d'actualité. Dans deux heures, je vais mourir (...) Je suis actuellement en Belgique. J'ai dû fuir mon pays, mon village", a-t-il déclaré.

"Pourquoi on ne fait pas ça à la maison?"

Pour Jean-Claude Gast et sa famille, devoir s'expatrier pour mourir est une violence supplémentaire et injuste. Son fils, Yannick, a même songé à contourner la loi pour permettre à son père de partir plus sereinement.

"Pourquoi on fait pas ça tranquillement à la maison, devant son feu?", demande-t-il. "Moi, franco, je lui ai proposé cette solution-là."

"Je lui ai dit, 'viens on se débrouille'." Ce sont les conséquences de cet acte qui ont freiné les proches de Jean-Claude Gast. "Ce qui est sûr, c'est que dans la discussion familiale c'était pas envisageable d'avoir ensuite derrière une enquête, des rapports de police, le corps qui est confisqué...", explique Yannick.

Une décision qui est restée difficile pour la famille. "Au moment où il se retrouve face à une difficulté, face à une manière de finir sa vie, il devrait subir, il devrait ne pas décider? Ce n'est pas possible", estime Alain Matheron, ami intime de Jean-Claude et président de la communauté de communes du Diois.

"Il a essayé de mener sa vie, pour lui et pour les autres. C'est pour ça qu'il est devenu élu", raconte-t-il. "Gastou", comme on le surnommait, a complété trois mandats dans le Buëch. "Il a voulu agir pour changer les choses autour de lui", insiste Alain Matheron. Une vigueur qui perdure même après sa mort.

À ce jour, seul quatre pays d'Europe ont encadré le recours à l'euthanasie. En France, une proposition de loi devrait être débattue au Parlement l'année prochaine.

Un hommage sera rendu à Jean-Claude Gast ce lundi 13 novembre à 11 heures dans sa commune de Saint-Julien-en-Beauchêne. BFM DICI lui consacrera une soirée spéciale, suivi d'un débat sur la fin de vie mercredi 15 novembre à partir de 17 heures.

Jérémie Cazaux, avec Juliette Moreau Alvarez