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"Au revoir": le fils de Jean-Claude Gast retrace les derniers moments de son père avant son euthanasie

De l'arrivée à l'hôpital jusqu'au moment même de l'euthanasie, Yannick Gast se rappelle d'un moment paisible et doux, qu'il a vécu au chevet de son père Jean-Claude Gast.

"Avec 'Gastou' c'était hyper doux. Du moment où il s'est mis à ronfler deux fois, dix secondes, après ça s'est arrêté." Jean-Claude Gast, ancien maire de Saint-Julien-en-Beauchêne (Hautes-Alpes), est mort jeudi 9 novembre après avoir choisi de recourir à l'euthanasie en Belgique.

Un dernier combat suivi par BFM DICI, sous la volonté de celui qu'on appelait "Gastou", qui voulait que son exemple aide à la légalisation de l'euthanasie en France. Les deux dernières heures de Jean-Claude Gast se sont néanmoins passées sans caméra. Des instants qu'il a dédié à sa famille et ses proches, tous auprès de lui à l'hôpital.

"Les infirmières nous ont demandé si on voulait du thé, du café et en rigolant du champagne, et 'Gastou' a dit 'ah oui du champagne'', raconte son fils Yannick Gast. Les deux dernières heures de Jean-Claude Gast se sont néamoins passées sans caméras. Des instants qu'il a dédié à sa famille et ses proches, tous auprès de lui à l'hôpital.

"On aurait préféré nos montagnes"

La famille a ensuite été invitée à visiter la chambre. "Il y avait un lit, et une belle photo tout le long de la chambre, de la mer avec un ponton", se souvient Yannick, sourire aux lèvres. "On a dit qu'on aurait quand même préféré rester dans nos montagnes ou voir la montagne".

Car Jean-Claude Gast a dû quitter les Hautes-Alpes malgré lui pour pouvoir mourir dignement et dans la légalité, en Belgique. "J'ai fui mon village, tel un fugitif", expliquait-il au micro de BFM DICI. C'est 11 mois après son accident de ski de randonnée qui l'a rendu paraplégique, que la famille haute-alpine a pu se rendre à Bruxelles pour ces ultimes moments, "dans la plus grande sérénité".

"On a discuté, et puis à un moment donné les infirmières sont venues pour installer le cathéter. On a installé 'Gastou' sur le lit", relate méthodiquement Yannick.

S'en est suivi un moment très intime pour chacun des membres de la famille et des amis. Chacun a pu passer du temps seul avec Jean-Claude Gast, à discuter et dire au revoir.

"Quand c'était mon tour, j'étais à la fin. Je leur ai dit à tous de venir dans la chambre parce que moi j'ai eu le temps d'énormément discuter avec lui pendant 11 mois et j'ai mis une musique", explique le fils de l'édile.

"Je m'en servais pour raconter aux enfants des histoires là-dessus. Je l'ai lancé pour lui raconter une histoire, un dernier voyage, et on était tous là ensemble."

"Il s'est mis à ronfler"

Les médecins sont alors venus dans la chambre pour commencer l'euthanasie. "Ils étaient déjà venus une première fois mais on leur avait demandé encore dix minutes", précise Yannick.

"Ils avaient une seringue, assez grande, avec le produit à l'intérieur. Un produit un peu jaune visqueux." L'un d'eux s'est alors installé à côté de Jean-Claude Gast. "Il a discuté, il lui a demandé si il était bien sûr de son choix, ce qu'il avait déjà fait auparavant. 'Gastou' a dit oui."

À ce moment-là, seuls Yannick et sa mère sont restés au chevet du Haut-Alpin. "C'était chacun son choix, comment on le sent", précise-t-il.

"Quand le professeur a commencé à appuyer sur la seringue, 'Gastou' a dit 'au revoir.'"

"Vraiment trois secondes après, il s'est mis à ronfler. Deux fois. Il faisait la sieste tous les jours et là c'était vraiment la même chose", insiste-t-il. "Deux ronflements, la tête un petit peu en arrière, la bouche semi-ouverte, les yeux se sont fermés."

"C'était paisible"

C'est ainsi que Gastou a vécu ses derniers instants. "C'était paisible. Et ça quand même, pour moi, c'était une chance, un accompagnement."

Pour Yannick, il est important, aujourd'hui, après avoir vécu ça, de dédiaboliser l'euthanasie. Pour le grand public, d'abord. "J'en discutais avec deux amis. Et le fait de leur dire exactement ce qu'il se passe à la fin ils m'ont dit 'c'est cool que tu me racontes ça, parce que ça évite de penser que c'est la guillotine'."

Mais aussi pour les politiques afin d'aider à la légalisation de la pratique. "Au niveau de nos politiques, il y a quand même une vraie déception. (...) C'est pas le fait d'être pour ou contre la fin de vie, c'est dire on laisse le choix. Quel est le problème de laisser le choix le gens?", s'interroge-t-il.

Un dernier hommage a été rendu à Jean-Claude Gast lundi 13 novembre dans la commune de Saint-Julien-en-Beauchêne. Une cérémonie joyeuse et rassembleuse à l'image de l'ancien élu, qui a rassemblé de nombreux amis de l'ancien maire.

Juliette Moreau Alvarez