BFM Var
Var

Gestion du Grand prix de France du Castellet: Eric Boullier s'explique et annonce la dissolution du GIP

Le célèbre circuit du Castellet, le 24 juillet 2022

Le célèbre circuit du Castellet, le 24 juillet 2022 - @IconSport

Invité de BFM Nice Côte d'Azur ce samedi 2 mars, Éric Boullier, directeur général du Groupement d'intérêt public du Grand Prix de France, est revenu sur certaines dépenses du GIP.

67.000 euros pour Disneyland Paris, 10.800 euros pour des stylos Montblanc, 4.200 euros pour un hôtel à Courchevel... Une enquête est en cours autour de la gestion du Grand prix de France de Formule 1, qui se tenait au Castellet jusqu'en 2022. Et pour cause, le Groupement d'intérêt public (GIP) qui gère le Grand Prix est aujourd'hui endetté à hauteur de 32 millions d'euros.

Éric Boullier, directeur général du GIP Grand Prix de France, est revenu ce samedi 2 mars sur BFM Nice Côte d'Azur sur certaines des dépenses qui "suscitent de vives interrogations", notamment de la part de la députée LR de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes, Christelle d'Intorni.

"Elles sont justifiées, elles sont légales. On l'a prouvé, on peut le re-prouver de nouveau. Il faut savoir que nous sommes dans un État de droit, qu'il y a des process et des contrôles réguliers, des commissaires aux comptes, que nous avons même été audités deux fois par l'inspection générale des finances de la région", déclare-t-il, avant d'entrer dans le détail.

"Chaque facture est justifiée"

BFM Nice Côte d'Azur s'est procuré des extraits de la comptabilité du Groupement d'intérêt public (GIP), ceux sur lesquels s'appuie la députée Christelle d'Intorni pour porter ces soupçons. Éric Boullier justifie notamment une facture de 67.000 euros à Disneyland Paris en 2019.

"Tout est justifiable. Si vous regardez sur Internet, vous allez voir qu'à l'époque nous avions une équipe de road show, c'est-à-dire que nous faisions tourner une Formule 1 dans plusieurs villes de France, dont la ville de Nice. La première ville était Paris, mais cela s'est transformé en opération de communication avec Disneyland. Donc, on a fait un road show à Disneyland pour faire activer la notoriété du Grand Prix de France et le retour du Grand Prix de France à l'époque", indique-t-il.

Pour les factures chez Mont-Blanc, il s'agissait d'un cadeau de bienvenu aux membres d'un club business à l'automne 2021 où les membres paient une cotisation avec laquelle ils peuvent acheter des prestations, selon lui. Il détaille: "Vous avez quatre événements qui ont été associés à ces achats de prestations qui étaient: la descente de la piste de Courchevel avec l'équipe organisatrice des championnats du monde de ski, un stage de F4 au circuit Paul Ricard, la visite de l'écurie de F1 Alpine en Angleterre et un dîner à Paris".

"Chaque facture est justifiée et a été contrôlée par les instances, par les commissaires aux comptes, par les comptables", se défend-il.

"Christian Estrosi n'a pas généré un seul euro de frais, de factures"

Éric Boullier se dit même prêt à rendre publiques les factures à Christelle d'Intorni, députée LR de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes.

"Les rendre publiques? Bien sûr. (...) On va les fournir. Après, elle nous demande une comptabilité de cinq ans d'existence d'une société: il y a énormément de factures, il faut tout scanner et il faudra tout envoyer", poursuit-il.

Le directeur général du GIP Grand Prix de France revient aussi sur comment se sont déroulés ces dépenses. "Dans la plupart des cas, il s'agissait d'achats de facture", mais il précise que seulement la direction générale, en charge de l'opérationnel du Grand Prix de France avait accès à une carte bleue. Si lui en avait une, il fait savoir que Christian Estrosi, qui présidait le groupement d'intérêt public, n'en n'avait pas.

"J'ai pris mes fonctions en février 2020, pendant toute la durée où j'ai occupé cette fonction de DG, Christian Estrosi n'a pas généré un seul euro de frais, de factures ou autre chose. Il n'a jamais été remboursé de quoi que ce soit non plus, parce que ça fait partie du statut du GIP où les administrateurs n'ont pas accès à ce genre de prestation. Pas un seul euro n'a été généré en frais, en dépenses par le président", mentionne-t-il.

Quid du modèle politique du Grand Prix

Éric Boullier rappelle aussi sur le plateau de BFM Nice Côte d'Azur que le GIP est financé à 80% par des fonds privés et "seulement 20% de fonds publics". Il remet en cause le modèle économique du Grand Prix.

"Un Grand Prix européen, ça coûte à peu près 40 millions d'euros, dans les grandes lignes. Ça rapporte 20, donc il y a un problème intrinsèque de modèle économique d'un Grand Prix. Si vous regardez nos voisins européens, l'Espagne ou l'Italie ou la Belgique: tous ces Grand Prix là sont financés entre 21 et 27 millions d'euros de fonds publics. En France, on avait 11 millions de la part des collectivités et 1,5 million de l'Etat. 12,5 au lieu de 27 ou 26", développe-t-il.

Pour lui, il s'agit d'un modèle économique qui ne fonctionne pas: "On ne peut pas gagner d'argent sur le modèle économique avec une dizaine de millions de fonds publics. Tous les Grand Prix qui survivent en Europe aujourd'hui, ont des fonds publics qui s'élèvent à plus de 20/25 millions d'euros".

Dissolution du Groupement d'intérêt public

Sur la question de la dissolution du Groupement d'intérêt public, Éric Boullier évoque un arrêté préfectoral du préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, pris en fin de semaine dernière.

"On va donc appeler dès le début de la semaine prochaine un conseil d'administration pour pouvoir nommer un liquidateur, une assemblée générale et enfin pouvoir dissoudre ce Grand Prix", déclare-t-il.

En septembre dernier, les résultats d'un audit interne ont été présentés au conseil d'administration du Groupement d'intérêt public (GIP) qui gère le Grand Prix. Ils ont révélé que le groupement était aujourd'hui endetté à hauteur de 32 millions d'euros.

Sur cette dernière, Éric Boullier stipule qu'une "grosse partie" de la dette a été "épongée" grâce à la région et à la Métropole Nice-Côte d'Azur.

Dans une dernière réponse, il s'offusque qu'on ne retienne pas les points positifs du Grand Prix de France de Formule 1.

"C'est quand même dommage aujourd'hui qu'on ne parle que de ça", souffle-t-il en rappelant "que le Grand Prix de France de Formule 1 était un des plus grands événements sportifs français de renommée internationale et qu'en 5 ans il a généré des centaines de millions d'euros de retombées économiques pour tout ce qui a été l'activité locale et dans la région".

Solenne Bertrand