BFMTV
Toulouse

Toulouse: la fragilité de plusieurs immeubles en question après une série d'évacuations dans le centre-ville

Intervention des pompiers aux abords de l'immeuble effondré de la rue Saint-Rome à Toulouse, le 9 mars 2024

Intervention des pompiers aux abords de l'immeuble effondré de la rue Saint-Rome à Toulouse, le 9 mars 2024 - Ed JONES

Ces derniers mois, plusieurs immeubles ont été évacués en raison de la fragilité supposée des bâtiments. Un immeuble s'était notamment effondré le 9 mars dernier dans le centre-ville.

Le bâti toulousain est-il suffisamment entretenu? Alors qu'un immeuble s'est effondré le 9 mars dernier à 200 mètres du célèbre Capitole, sans faire de victime, plusieurs bâtiments ont dû être évacués ces dernières semaines, en raison de leur fragilité supposée.

Les dernières évacuations en date concernent un immeuble de la rue Castellane et un autre situé à l'arrière du premier, rue de l'Industrie, entre le 5 et le 7 avril derniers.

Selon la mairie, contactée par BFMTV.com, une infiltration d'eau, signalée par le syndic du premier immeuble, pourrait être en cause. Le syndic Midi Habitat, en charge de l'immeuble touché rue de l'Industrie, évoque lui aussi une infiltration ancienne.

Vétusté et phénomène climatique en cause?

Mais pourquoi une telle série dans le centre de la ville en rose? Pour Dominique Boussuge, présidente de l’Institut international des experts et des experts Vauban et experte en risques bâtimentaires, ces craintes sont d'abord liées à la vétusté des bâtiments. "Certains ont plus de 200 ans", rappelle-t-elle à BFMTV.com.

À cela, s'ajoute, selon elle, un phénomène climatique. En effet, en raison de "précipitations importantes récemment", "plus d'eau vient disjointer les briquettes" qui habillent de nombreux immeubles toulousains.

Ces pluies "très violentes" touchent des zones géographiques réduites de façon ponctuelle lors d'orages, mais endommagent à la longue les bâtiments.

"La pierre n'est plus tenue", estime l'experte.

Des travaux nécessaires

Face à ce besoin d'entretien, Dominique Boussuge déplore un manque de travaux dans certains immeubles de la ville.

"S'il y a un signalement, les syndics ne font rien ou ils ne réussissent pas à faire voter les travaux alors qu'ils le voudraient, parce que les gens (copropriétaires) n'ont pas les moyens", déplore-t-elle.

La spécialiste en risques bâtimentaires rappelle que l'entretien d'immeubles privés est du ressort des syndics et ne relève pas de la mairie. Cette dernière peut simplement prononcer un arrêté de péril si un bâtiment menace ses habitants ou des personnes à proximité.

Des habitants "plus vigilants" depuis l'effondrement?

Du côté de la mairie de Toulouse, on estime que depuis l'effondrement de l'immeuble survenu le 9 mars dernier, les habitants sont "probablement plus vigilants" aux signes d'une potentielle fragilité de leur immeuble, notamment en cas de fissure dans un mur.

La ville rappelle par ailleurs qu'un Plan de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine toulousain (PSMV), présenté en 2024, est prévu pour entrer en vigueur en 2025. Il vise à protéger le centre-ville ancien. L'effondrement du 9 mars n'a imposé "aucune modification" au PSMV, avait assuré le maire au moment de la présentation du plan.

Dans le cadre de ce plan, un inventaire patrimonial a été mené, ce qui a conduit au recensement de 25 bâtiments potentiellement fragiles. "On a pu alerter les propriétaires et les syndics d'immeubles et parfois prononcer un arrêté de péril", assure la mairie.

Une loi sur "l'habitat dégradé" adoptée

Peu après l'effondrement de l'immeuble de la place Belfort, le 9 mars dernier, le maire divers droite de Toulouse Jean-Luc Moudenc avait par ailleurs assuré auprès de BFMTV qu'une loi contre "l'habitat dégradé", votée le 14 mars, allait permettre de mieux repérer de façon anticipée la fragilité de certains bâtiments.

"La loi qui va être promulguée va obliger à un diagnostic structurel à partir du moment où le maire aura lui-même délimité un périmètre géographique d'immeubles estimés à risques. Évidemment, dans le vieux Toulouse, nous aurons une vigilance particulière", disait-il.

Depuis, la loi a été définitivement adoptée par le Parlement le 27 mars dernier. Concrètement, elle prévoit différents mécanismes destinés à améliorer les logements en France, et donne par exemple la possibilité aux maires de faire procéder d'office à un diagnostic structurel des immeubles en zone d'habitat dégradé, y compris dans les centres-villes anciens.

De l’info, du Sport, de l’humour et de la bonne humeur… Cette année, Charles Magnien, vous accompagnent de 5h à 6h30 lavec sa bande : Géraldine de Mori, Emmanuel Lechypre Alexandre Biggerstaff, Anthony Morel. Parmi les nouveautés  une première version de RMC s'engage avec vous et l'équipe de Amélie Rosique, une histoire PJ chaque jour et les indiscrets de la rédaction, sans oublier les chroniques humour d'Arnaud Demanche.
Manu conso : Logement, le début de la fin de la crise ? - 08/04
2:11

Cette loi est une "bonne nouvelle" pour Dominique Boussuge, mais "ne va pas assez loin" car le diagnostic du bâtiment est de la décision du maire et n'est pas rendu obligatoire. "Je me bats pour rendre obligatoire l'expertise des bâtiments une fois par an pour toute location ou copropriété de plus de 15 ans", appelle l'experte.

Juliette Desmonceaux