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Vie numérique

"Sharenting": les photos de vos enfants peuvent se retrouver sur des sites pédopornographiques

Une proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants en ligne est actuellement en débat à l'Assemblée Nationale.

En plein été, les parents peuvent être tentés de publier des photos de leur enfant à la plage ou au restaurant. Et pour cause, plus de la moitié des parents ont déjà publié des photos de leur enfant sur les réseaux sociaux. Pourtant cette pratique, appelée "sharenting", n'est pas sans risques puisque ces contenus peuvent être récupérés, enregistrés et se retrouver sur des sites pédopornographiques.

Le sharenting est le fait que des parents publient et partagent des photos de leur enfant sur les réseaux sociaux. Parmi ces parents, 3% d'entre eux sont des influenceurs. Mais une fois publiés, il est impossible de tracer la réutilisation de ces contenus. Mais la moitié des photos publiées sur des forums pédopornographiques sont des images extraites des réseaux sociaux et prises par les parents eux-mêmes, selon une enquête du bureau de la protection de l'enfance sur internet en Australie.

"Ce qu'il apparaît dans toutes les affaires de pédopornographie, lorsqu'on analyse les fichiers numériques des criminels, est que l'on retrouve un certain nombre de photos qui ne sont pas pornographiques au départ. Elles proviennent notamment des réseaux sociaux", explique Maître Anthony Bem sur BFMTV.

Ainsi, tous ces contenus publiés sur Instagram, Facebook ou encore TikTok, n'importe qui peut les récupérer, les enregistrer, les partager.

L'avocat tient pour autant à nuancer: "il ne faut pas non plus surexagérer le phénomène" mais "c'est un constat qu'il faut faire: la photo de votre enfant peut un jour apparaître sur l'ordinateur d'une personne mal intentionnée".

Le sharenting peut donner lieu à un deuxième risque: l'utilisation de l'intelligence artificielle avec notamment la création de deepfake qui permet, à partir d'une simple vidéo, de faire faire et dire n'importe quoi à une personne.

Prévenir ces risques

En Allemagne, une publicité y a eu recours pour prévenir de ce risque. La vidéo, qui cumule un million de vues sur YouTube, met en scène des parents qui découvrent, lors d'une séance de cinéma, leur enfant vieilli de quelques années par l'intelligence artificielle. "Les photos comme celles que vous partagez sur les réseaux sociaux peuvent être dérobées et utilisées par tout le monde", leur lance-t-elle.

Pour éviter cela, il faut toujours avoir en tête que des personnes mal intentionnées peuvent utiliser des images et des données et peuvent un jour les utiliser à l'encontre des enfants. Il est aussi nécessaire de se souvenir que "dès lorsqu'un contenu est publié, il est susceptible d'exister ad vitam æternam sur internet", rappelle l'avocat.

Une proposition de loi portée par le député Renaissance Bruno Steder vise notamment à encadrer les "vlogs familiaux" ces vidéos qui montrent la vie de toute la famille et les "pranks", ces blagues filmées quand cela inclut des enfants. La loi souhaite également associer l'enfant "à l'exercice de son droit à l'image, selon son âge et son degré de maturité", souligne le député auprès de Franceinfo.

Margaux Vulliet