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Service national universel: la promo du gouvernement sur Instagram vivement critiquée

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Le gouvernement a fait appel à de jeunes influenceurs pour mettre en avant le Service national universel. Mais le manque de transparence de la part du ministère de l’Education nationale et des influenceurs fait grincer des dents.

Le gouvernement a recruté des influenceurs pour promouvoir son nouveau "Service national universel" auprès des jeunes, ont confirmé mardi les services de Gabriel Attal, après un article de Libération. Sundy Jules (1,3 million d'abonnés sur YouTube) et "Enzo, tais-toi!" (1,1 million d'abonnés) ont publié de courtes vidéos sur Instagram pendant le week-end, renvoyant vers un clip officiel faisant la promotion du SNU. 

Une publicité présentée comme une vidéo spontanée

"T'as plein d'activités, t'apprends énormément de choses", s'enthousiasme notamment Sundy Jules, 20 ans. "A vrai dire, on fait partie d'une société qui nous donne énormément pour nous, donc maintenant c'est à nous de donner en retour en incarnant les valeurs du pays comme il le faut", souligne de son côté Enzo, 16 ans.

Contrairement aux obligations légales, aucun des deux n’a précisé qu’il s’agissait d’une publicité. 

Le youtubeur-bodybuilder TiboinShape a de son côté publié vendredi sur YouTube une vidéo tournée en Guyane avec les jeunes du SNU, où il pose des questions à Gabriel Attal. Le youtubeur aux six millions d'abonnés, spécialisé au départ dans le fitness puis qui a élargi ses sujets à des domaines très variés, précise en début de vidéo qu'elle inclut une "communication commerciale". Les plateformes Konbini, Démotivateur, Melty ou MinuteBuzz ont également diffusé des messages promouvant le SNU à leurs abonnés sur différents réseaux sociaux.

Opacité sur les rémunérations

Auprès de BFM Tech, le ministère de l’Education nationale assume cette stratégie. “Le SNU est un dispositif qui concerne en premier lieu les jeunes et à ce titre, nous avons fait le choix dès cette phase pilote de concentrer notre communication dans leur direction. À côté de dispositifs presse classiques (RP, DP, CP, interviews ...), nous avons donc fait le choix, pour être efficaces, de concentrer notre communication sur les médias sociaux où les jeunes sont présents (Instagram, Tiktok, Youtube ...) précise un porte-parole. Le gouvernement n’a en revanche pas communiqué sur la rémunération des influenceurs, et sur le manque d’avertissement lié aux messages à caractère publicitaire.

Auprès de l’AFP, un porte-parole de Gabriel Attal, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, confirme que les partenariats sont rémunérés. “C'est la même chose que d'acheter de l'espace dans un journal” explique-t-il.

Si la pratique est plutôt inédite en France, elle est devenue habituelle au Canada, où le gouvernement a dépensé "quelques centaines de milliers de dollars" ces trois dernières années pour promouvoir la sécurité en ligne ou sensibiliser les jeunes aux dangers des opioïdes, selon Radio Canada.

Quelque deux mille adolescents ont expérimenté en juin le nouveau service national, plus civique que militaire. Un projet polémique et impulsé par le président Macron, qui espère renforcer la "cohésion de la Nation" avec ce dispositif, appelé à devenir obligatoire pour tous les jeunes de 16 ans.

Raphael Grably avec AFP