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Reconnaissance faciale: vers une interdiction dans les lieux publics?

L'Union européenne envisage d'interdire la reconnaissance faciale dans les lieux publics.

L'Union européenne envisage d'interdire la reconnaissance faciale dans les lieux publics. - Pixabay/StockSnap

L'Union européenne envisage de fixer à cinq ans la durée avant laquelle la reconnaissance faciale ne pourra pas être déployée dans l'espace public. De quoi se donner le temps de fixer des garde-fous efficaces, d'après le projet de la Commission, révélé par Reuters.

Face aux incertitudes liées à la reconnaissance faciale, l'Union européenne miserait sur la plus grande prudence. D'après un projet de la Commission européenne, révélé par Reuters, cette technologie pourrait être tout bonnement interdite dans l'espace public, pour les trois à cinq prochaines années.

Le livre blanc de 18 pages, qui sera présenté à l'occasion d'un débat sur l'utilisation de la reconnaissance faciale par les pouvoirs publics pour des missions de maintien de l'ordre et de sécurité, voit dans ce délai la durée nécessaire à la mise au point de garde-fous assez solides, à même de prévenir les dérives de cette technologie. Parmi elles, les biais algorithmiques qui auraient tendance à fausser les décisions des forces de l'ordre, et à peser injustement sur des vies humaines.

En décembre dernier, un rapport du gouvernement américain avait notamment prouvé que la reconnaissance faciale pouvait être plus ou moins efficace en fonction de la couleur de peau. Cette technologie a également eu tendance à montrer ses limites. Expérimentée sept années durant par les forces de l'ordre de San Diego (Californie), elle n'aurait mené à aucune arrestation concrète.

Des dérogations possibles, à la marge

Au cours de cette interdiction, "une solide méthodologie d'évaluation des impacts de ces technologies et d'éventuelles mesures de gestion des risques pourraient être identifiées et développées", précise le livre blanc. Des dérogations à cette interdiction pourraient néanmoins être accordées de façon ponctuelle et pour mener à bien des projets dans le domaine de la sécurité et en matière de recherche et développement.

En parallèle, l'exécutif européen mise sur un durcissement des règles en vigueur, à même de garantir le respect des citoyens en matière de vie privée et de protection des données personnelles. La Commission suggère également des obligations à imposer aux développeurs et aux utilisateurs de systèmes d'intelligence artificielle, ainsi que la création d'autorités de supervision, pour venir retoquer les projets ayant tendance à outrepasser les limites prédéfinies par la réglementation européenne. 

Ce livre blanc a vocation à servir de support pour des avis et réactions sollicités par la Commission européenne, avant de prendre une décision finale. La Commissaire européenne chargée du numérique, Margrethe Vestager, devrait présenter ses propositions le mois prochain.

En France, le débat sur l'utilisation de la reconnaissance faciale dans l'espace public émerge tout juste. En décembre dernier, le gouvernement a annoncé vouloir expérimenter cette technologie via la vidéosurveillance, à grande échelle. 

"Un système à la chinoise est évidemment totalement exclu", avait assuré à cette occasion Cédric O, le secrétaire d'Etat au Numérique, auprès de BFM Tech. "Mais des usages limités, encadrés et supervisés peuvent faire sens - de nombreux Français utilisent déjà la reconnaissance faciale pour déverrouiller leur smartphone! C’est l’objet des expérimentations - localisées et encadrées dans le temps - et du débat apaisé que je souhaite que nous puissions avoir". Durée de l'expérimentation prévue: de six mois à un an.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech