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Le gouvernement veut expérimenter la reconnaissance faciale via la vidéosurveillance

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Cédric O, secrétaire d’Etat au Numérique, annonce que le gouvernement souhaite ouvrir une phase d’expérimentation pour la reconnaissance faciale en temps réel, à l’aide des caméras de surveillance. Une pratique aujourd’hui interdite.

Les technologies de reconnaissance faciale vont-elles être un jour être utilisées pour identifier les citoyens en temps réel? Ces méthodes, qui sont une réalité dans certains pays comme la Chine, sont pour l’heure interdites en France comme dans l’ensemble de l’Union européenne, dans la mesure où la loi impose de recueillir le consentement explicite de chaque individu soumis à un algorithme de reconnaissance faciale. Le gouvernement ne ferme cependant pas la porte à l’utilisation de ces logiciels à grande échelle, comme l’annonce le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O au Parisien.

Des usages parfois décriés

“Le gouvernement souhaite [...] ouvrir une phase d'expérimentation, de six mois à un an, sous la supervision de la société civile et des chercheurs” explique-t-il, concernant l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réelle sur les images de vidéosurveillance. “Cela doit nous permettre d'avoir des retours sur les différents cas d'usage et sur la performance réelle de cette technologie, ainsi que sur les questions qui se posent” complète-t-il. Cédric O en appelle par ailleurs à un débat public autour du sujet. “Il y a de toute évidence des avantages, et des opportunités, mais aussi un certain nombre de risques pour les libertés publiques” concède-t-il.

Si la reconnaissance faciale peut effectivement s’avérer efficace, elle s’accompagne de nombreux doutes quant à ses potentielles dérives. En Chine, où elle est utilisée pour analyser les images fournies par les dizaines de millions de caméras de vidéosurveillance, elle serait utilisée pour traquer les Ouïghours, une minorité musulmane, d’après une enquête du New York Times publiée en avril 2019. Dans le pays, cette technologie est désormais obligatoire pour les utilisateurs de smartphones.

Les usages abusifs de la reconnaissance faciale ne sont pas les seuls problèmes pointés du doigt. Ces systèmes sont régulièrement soupçonnés d’être très imparfaits et de s’accompagner de nombreux biais, notamment selon la couleur de peau.

Auprès de BFM Tech, Cédric O précise l'ambition du gouvernement. "Un système à la chinoise est évidemment totalement exclu. Mais des usages limités, encadrés et supervisés peuvent faire sens - de nombreux Français utilisent déjà la reconnaissance faciale pour déverrouiller leur smartphone! C’est l’objet des expérimentations - localisées et encadrées dans le temps - et du débat apaisé que je souhaite que nous puissions avoir" explique-t-il.

Dans son interview accordée au Parisien, Cédric O se veut par ailleurs rassurant concernant Alicem, un projet d’application du gouvernement permettant la création d’une identité numérique. La plateforme - dont le nom et les contours ne sont pas définitifs - pourrait être utilisée pour se connecter à des services publics ou privés et fonctionnerait à l’aide de la reconnaissance faciale. Le secrétaire d’Etat au Numérique rappelle que d’autres solutions seront toujours proposées, à commencer par l’outil FranceConnect, accessible grâce à un mot de passe traditionnel.

Mise à jour du 24/12/19 à 16h30: ajout de la déclaration de Cédric O auprès de BFM Tech.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co