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Portés près du corps, certains smartphones émettent trop d'ondes

Le Honor 8, visé fin 2018 par l'ANFR pour des expositions aux ondes trop élevées

Le Honor 8, visé fin 2018 par l'ANFR pour des expositions aux ondes trop élevées - -

Un changement de législation a permis de mieux encadrer les émissions d’ondes de nos smartphones. Des mobiles commercialisés antérieurement se retrouvent mécaniquement en dehors de ces limites réglementaires.

Certains téléphones portables mis en vente avant 2016 doivent être retirés de la circulation, ou au moins mis à jour, car ils émettent trop d'ondes et dépassent les normes les plus récentes quand ils sont portés dans la poche d'une veste, juge lundi l'agence sanitaire Anses. Fin 2018, l’ANFR avait également épinglé plusieurs modèles dépassant les seuils réglementaires.

"La durée moyenne d'usage d'un téléphone étant de quelques années (3-5 ans), un certain nombre de ces téléphones sont vraisemblablement toujours utilisés aujourd'hui", souligne le directeur général de l'Anses, Roger Genet, dans un rapport publié lundi.

L'institution avait été sollicitée il y a deux ans pour étudier l'impact sanitaire d'émissions d'ondes trop importantes, à la suite des mesures de l'ANFR sur près de 400 téléphones, dont les résultats sont accessibles en ligne. 

Une réglementation différente depuis 2016

En cause, le DAS (débit d'absorption spécifique) de ces modèles, indicateur qui évalue la quantité d'énergie absorbée par le corps exposé à des ondes. La réglementation stipule que ce DAS ne doit pas dépasser la valeur de 2 watts par kilos (W/kg). Ce DAS est mesuré en laboratoire avant la mise sur le marché des portables.

Avant 2016, la distance d'éloignement utilisée pour le mesurer pouvait aller jusqu'à 2,5 cm entre le téléphone et le corps. Comme le rappelle l’Anses sur son site, la plupart des appareils respectaient la limite d’exposition pour une distance de 1,5 cm.

Mais en avril 2016, les normes ont été durcies pour évaluer les téléphones dans des conditions plus réalistes, très près du corps. Pour les rayonnements sur le tronc, c'est-à-dire lorsque le smartphone est dans une poche ou un sac, les émissions d'ondes sont désormais mesurées à 5 mm au maximum. Conséquences: certains téléphones qui étaient conformes à la précédente réglementation ne le sont plus à la nouvelle, et leur DAS dépasse 2 W/kg si on le mesure à moins de 5 mm du corps.

Ainsi, le Huawei P9 mesuré en août 2016 affichait un DAS tronc de 3,18 W/kg à 5 mm, et de 5,6 W/kg lorsqu'il était collé au corps. De son côté, le Honor 7, testé en janvier 2016, affichait un DAS tronc de 3,65 W/kg à 5 mm. L'un des plus mauvais élèves était le smartphone Polaroid Pro, mesuré en mai 2013, et dont le DAS tronc culminait à 7,42 W/kg lorsqu'il était collé au corps. Trois mobiles pourtant certifié conformes selon l'ancienne norme, en raison d'un DAS tronc inférieur à 2 W/kg à une distance de 2,5 cm.

Dans son rapport, "l'Anses recommande que des mesures soient prises afin que les utilisateurs ne soient plus exposés à des DAS supérieurs à 2 W/kg, par exemple par le biais de mises à jour des logiciels des téléphones (ou) le rappel de téléphones". 

En attendant, l'Anses préconise de ne pas transporter ces appareils trop près du corps. Pour limiter son exposition aux ondes, plusieurs réflexes sont à adopter, comme utiliser une oreillette (filaire ou Bluetooth), ou téléphoner dans de bonnes conditions de réseau. Les accessoires “anti-ondes”, tels que des patchs à coller au dos de l’appareil, se révèlent quant à eux souvent inefficaces.

Raphael Grably avec AFP