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Aux Etats-Unis, les arnaques au kidnapping virtuel se multiplient

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- - CC, Flickr (Claudio Alvarado Solari)

A l’aide d’applications d’appel par Internet et des réseaux sociaux, des escrocs font croire à l’enlèvement d’un enfant ou d’un parent pour soutirer de l’argent à leur famille.

C’est un appel qui peut avoir de lourdes conséquences morales et financières. Outre-Atlantique, des familles sont de plus en plus confrontées à des kidnappings virtuels, organisés par des individus vivant parfois à des milliers de kilomètres de chez eux. Dans un article publié ce 15 mai, le média américain CNN Business évoque le cas de la famille Baker, qui a récemment reçu un appel menaçant d’un anonyme prétendant avoir enlevé leur fils. Les deux parents avaient des raisons d’y croire: le numéro de leur enfant s’affichait à l’écran de leur smartphone.

Applications d’appels et réseaux sociaux

Contrairement à ce qu’a prétendu l’homme se faisant passer pour le ravisseur, aucun enlèvement n’a eu lieu. Ce dernier est malgré tout parvenu à leur soutirer 1500 dollars, versés en communiquant les numéros de deux cartes bancaires prépayées, achetées sous la contrainte. Face à l’effet de surprise et à l’insistance de leur interlocuteur, les Baker n’ont pas eu pour réflexe de tenter de joindre leur fils pour vérifier les faits.

"Nous voyons de plus en plus de kidnappings virtuels ces dernières années car il s’agit d’un crime lucratif [...] et bien plus simple à mener qu’un véritable enlèvement", explique à CNN Matthew Horton, directeur de l’unité en charge des crimes avec violence au FBI.

Pour organiser ces faux kidnappings, les escrocs n’ont besoin que d’un smartphone et d’un peu de temps. Grâce à des applications proposant de passer des appels par Internet - comme Skype, il est possible de renseigner un numéro qui n’est pas le sien, afin qu’il s’affiche à l’écran de son correspondant. Une fois la victime identifiée, les auteurs de ces arnaques débusquent davantage d’informations sur les réseaux sociaux, en épluchant ses différents profils.

Des appels de plus en plus crédibles

Une fois en communication avec la famille, ils peuvent alors apporter des détails supplémentaires sur la prétendue victime de l’enlèvement, afin de crédibiliser leur appel.

Pour que leurs agissements restent sous les radars des autorités, les auteurs de ces kidnappings virtuels multiplient le nombre d’appels, tout en réclamant à chaque fois des sommes limitées. Il est ainsi difficile pour les autorités américaines d’obtenir une estimation du nombre de victimes. Toujours selon CNN, de nombreux escrocs se trouvent hors de la portée de la police. Certains passent ces appels directement depuis les prisons de Mexico.

A l’avenir, de nouvelles technologies pourraient renforcer la crédibilité de ces appels. En plus d’un faux numéro de téléphone et d’informations personnelles glanées sur les réseaux sociaux, les escrocs pourraient bientôt compter sur les deepfakes, des technologies permettant de manipuler la voix et le visage d’un anonyme pour lui faire prendre les traits d’une autre personne.

Face à la multiplication des cas de kidnapping virtuel, les opérateurs américains travaillent sur de nouveaux outils chargés d’identifier ces appels frauduleux.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co