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A 7 ans, ce youtubeur millionnaire est mis en cause pour publicité dissimulée

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- - YouTube (Ryan ToysReview)

Sur sa chaîne, Ryan Kaji met en scène des centaines de jouets, souvent contre rémunération. Mais son jeune public n’est pas armé pour comprendre le caractère publicitaire de certaines séquences.

Aux Etats-Unis, le jeune Ryan Kaji est l’une des plus grandes stars de YouTube. A seulement 7 ans, il met en scène un concept simple - et paradisiaque pour des millions d’enfants: déballer et découvrir des centaines de jouets. Selon un récent classement de Forbes, il serait même la personnalité la mieux rémunérée de la plateforme, avec 22 millions de dollars de recettes en 2018 (20 millions d’euros). Si 21 millions de dollars proviennent des publicités diffusées par YouTube avant ses vidéos, un million est directement versé par des marques, pour lesquelles il réalise des vidéos sponsorisées. Une pratique que dénonce aujourd'hui Truth in Advertising, un organisme indépendant de surveillance publicitaire.

Comme le rapportent le New York Times et nos confrères de Numerama, Truth in Advertising a adressé une plainte à la Federal Trade Commission (FTC), équivalent américain de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF). Dans le document daté du 28 août, l’organisation évoque les dizaines de vidéos à caractère publicitaire, où le jeune enfant s’amuse avec des jouets fournis par les fabricants.

Parmi les annonceurs répertoriés figurent des géants de l’industrie du jouet comme Playmobil, Hasbro, Mattel. On retrouve également dans la liste des marques plus inattendues, comme Colgate ou Netflix, dont Ryan Kaji a fait la promotion en octobre 2018.

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- © Ryan ToysReview

Pour Truth in Advertising, le public auquel s’adresse sa chaîne YouTube baptisée Ryan Toys Review (21 millions d’abonnés, pour un total de 30 milliards de vues) est en grande partie composé de très jeunes enfants, qui ne sont pas capables de comprendre le caractère publicitaire d’une vidéo, y compris en la présence d’un message d’avertissement.

“De nombreux enfants ne reconnaissent pas une publicité jusqu’à 8 ou 9 ans” explique au New York Times Josh Golin, responsable de l’association Campaign for a Commercial-Free Childhood, qui lutte contre la publicité visant les enfants.

Des mesures “appropriées”

“La chaîne (YouTube, ndlr) se livre à une promotion trompeuse de produits auprès de millions d’enfants en bas âge, en violation des règles de la FTC”, précise la plainte de Truth in Advertising. “Un enfant de moins de trois ans n’a pas les armes cognitives pour prendre conscience d’une vidéo sponsorisée. Il s’agit-là d’un fait reconnu scientifiquement. C’est précisément pour cette raison que la FTC [...] interdit le placement produit dans des programmes télévisés destinés aux moins de 12 ans” conclut le document. Les auteurs réclament des mesures “appropriées” afin que les parents du jeune homme, en charge de sa chaîne YouTube, cessent ces pratiques.

“Alors que le streaming continue de s’étendre et d’évoluer, nous soutenons les efforts du législateur, de l’industrie et des régulateurs tels que la FTC pour évaluer et faire évoluer les directives existantes, ainsi que pour établir de nouvelles règles dans le but de mieux protéger les spectateurs et les créateurs” se défend le père du jeune Ryan, toujours auprès du New York Times.

Pour YouTube, les millions de vidéos destinées aux enfants représentent une immense manne financière. Pour capter cette audience, la filiale de Google a lancé YouTube Kids, une plateforme de streaming réservée aux plus jeunes, avec quelques accrocs. Ce 4 septembre, YouTube a été condamné à payer 170 millions de dollars d’amende (154 millions d’euros) à la FTC pour avoir collecté les données personnelles d’enfants de moins de 13 ans, sans l’accord de leurs parents.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co