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Facebook, Instagram: quand les publicités vous ciblent pour mieux vous arnaquer

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Sur les réseaux sociaux, les annonces publicitaires sont parfois financées par des entreprises peu recommandables. Retour sur certaines des pratiques qui peuvent parfois faire perdre des milliers d’euros.

A eux deux, Facebook et Instagram - racheté par Facebook en 2012 - cumulent près de 3,5 milliards d’utilisateurs dans le monde. Autant de cibles potentielles pour les entreprises désirant vanter leurs produits sur les réseaux sociaux. Sur les deux plateformes, les annonces publicitaires s’affichent en fonction de notre âge, notre genre, ou encore nos passions.

Chaque annonceur peut créer sa propre campagne en quelques clics. Mais le manque de contrôle de ces contenus laisse également la place à de véritables arnaques, qui peuvent parfois faire des dégâts considérables.

Les faux vêtements: des superbes Nike, ou presque

La contrefaçon a fait son apparition sur le Web dès les débuts de la vente en ligne. Avec l'avènement des réseaux sociaux, les fabricants peuvent cibler les potentiels intéressés avec une précision redoutable, créant de fausses boutiques en ligne dédiées à chaque catégorie de produits. Les technologies changent, mais les ficelles restent les mêmes: les produits imitent ceux des grandes marques, mais s’affichent à des tarifs bien plus bas.

Les premières marques concernées sont celles que l’on trouve dans tous les grands magasins. Parmi les nombreuses offres frauduleuses constatées, plusieurs sites mettent en avant de fausses parkas estampillées The North Face, vendues quelques dizaines d’euros - quand la marque pratique des prix oscillant autour des 500 euros. Les vendeurs de contrefaçons investissent également le marché de la sneaker, en pleine expansion.

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En quelques jours, la rédaction de BFM Tech a pu constater l’existence de plus d’une quinzaine d’annonces sur Instagram, dédiées à des paires “en déstockage”. Sauf que les paires en question - à partir de 40 euros - sont en réalité des copies de chaussures sorties en édition limitée, qui se revendent parfois plus de 1000 euros sur le marché secondaire.

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Ces annonces ne font pas que reprendre l’image de grandes marques, comme Nike ou Adidas. Elles font parfois écho à des revendeurs bien connus des amateurs, comme la boutique Flight Club de New York. Cette fois, l’annonce sponsorisée sur Instagram renvoie vers un site reprenant la charte visuelle de l’enseigne, en y associant une adresse (URL) très proche. Le site va jusqu’à reprendre des photos des magasins existants.

Les faux prix: un superbe smartphone à 1 euro

Si les faux produits sont légion, certains vendeurs prennent le parti de proposer d’authentiques marchandises en promettant des tarifs totalement erronés. Du moins, dans leur annonce publicitaire. C’est ce que rapporte un utilisateur de Facebook à BFM Tech, qui a vu s’afficher une publicité imitant le site de la chaîne LCI. Diffusée sur Facebook, l’annonce reprend les couleurs du média français et évoque une “offre incroyable” de Samsung, qui vendrait des smartphones au tarif imbattable d’un euro seulement.

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Là encore, l’adresse du site est faite pour induire le lecteur en erreur. Le lien redirige vers un article descriptif du produit, qui n’a naturellement rien à voir avec LCI. Cette fois, c’est le tarif de 557,90 euros qui est mentionné, pour un Samsung Galaxy S9 Plus. En cliquant sur le lien, l’utilisateur est redirigé vers Rakuten, anciennement PriceMinister.

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L’entreprise, qui figure parmi les plus gros acteurs du e-commerce français, aurait-elle investi dans de la publicité frauduleuse? En regardant le détail de la fiche produit, on constate que l’appareil est en réalité commercialisé par un vendeurs tiers, baptisé Conceptzona. Sur son site, il est strictement impossible de trouver la moindre mention légale. Seule indication, les produits sont importés et la facture est “sans TVA”.

Les faux investissements: la ruée vers l'or pour tous

D’autres publicités toutes aussi alléchantes peuvent faire perdre bien plus gros. C’est le cas des nombreuses annonces mettant en avant des opportunités d’investissement en ligne. A chaque fois, les escrocs promettent des rendements records pour un risque très limité, voire nul, alors même que les taux d’intérêt sont au plus bas.

Plusieurs arnaques se sont particulièrement démarquées depuis le début de l’année 2018. D’une part, des propositions d’investissements immobiliers. D’autre part, des investissements dans des supports plus originaux, comme le vin, les timbres ou encore les cryptomonnaies. Ainsi, BFM Tech a pu constater l’existence de plusieurs publications Facebook promettant les mêmes rendements, “entre 8% et 28%”, pour des placements financiers dans des bouteilles de vin.

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Contactés, les auteurs de ces annonces n’ont jamais été en mesure d’apporter la moindre caution juridique à ces investissements, ni même d’adresse où de numéro de téléphone fonctionnel. En analysant les détails du code source du site Web de l’un d’entre eux, BFM Tech a pu constater que les clients de Facebook étaient basés en Israël, pays qui n’accepte que rarement l’extradition de ses ressortissants vers la France en cas de poursuites judiciaires.

Pour les victimes, les pertes liées à ces arnaques peuvent se compter en milliers d’euros. “Sur la foi de ces publicités, les gens investissement des montants très importants” regrette Thierry Vallat, avocat spécialisé en droit du numérique. Parmi ses clients, il évoque un internaute ayant perdu près de 50.000 euros à la suite d’une annonce parue sur Facebook.

Auprès de BFM Tech, Instagram rappelle ses conditions générales d'utilisation. “Aucune activité frauduleuse d’aucune nature n'est admise sur Instagram. Nous luttons quotidiennement contre ce type de contenu et améliorons constamment nos systèmes de détection afin de retirer au plus vite toute menace qui violerait nos Règles de Communauté” affirme un porte-parole de l'entreprise. 

quelques réflexes à avoir

Sur le papier, Facebook et Instagram se positionnent en tant que simples hébergeurs de contenus et rejettent toute responsabilité. Avec des escrocs souvent basés à l’étranger, la probabilité d’avoir gain de cause devant la justice est infime. La meilleure arme reste donc la prudence, qui implique d’adopter quelques réflexes lors de l’apparition d’offres commerciales.

Il est d’abord indispensable de prendre en compte le caractère réaliste d’une annonce publicitaire. Un produit vendu à un tarif négligeable sans raison particulière doit systématiquement alerter, au même titre que des solutions pour gagner de l’argent “sans effort”. Ainsi, les annonceurs promettant des rendements financiers à deux chiffres “sans risque” ont de grandes chances de générer uniquement des pertes. Il en est souvent de même pour des spécialistes proposant des formations “miracle”, par exemple pour devenir trader en quelques heures.

Comme l’entreprise américaine le rappelle régulièrement, Facebook développe des algorithmes chargés de repérer ces publicités frauduleuses. Malheureusement, ces outils sont encore très imparfaits. Pour les compléter, les utilisateurs peuvent utiliser les fonctions de signalement de contenus illégaux. Ce qui n’est pas toujours efficace. Certaines pages ayant vanté de faux investissements existent toujours, plusieurs semaines après le signalement.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co