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Coupe du monde: sur Twitter, 99% des tweets racistes visant les joueurs sont laissés en ligne

A l'approche de la Coupe du monde, le Centre britannique pour la lutte contre la haine en ligne a mené une étude sur les contenus racistes sur Twitter, visant plus de 40 joueurs différents.

Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, les craintes s'accélèrent quant à l'absence de modération sur le réseau social. La semaine précédant le lancement de la Coupe du monde au Qatar, une nouvelle étude, menée par le Centre pour la lutte contre la haine numérique (CCDH), a montré que la plateforme n'a pas supprimé 99 des 100 tweets racistes visant des joueurs qui lui ont été signalés, relève le quotidien anglais The Guardian.

Dans le détail, l'analyse portait sur 100 tweets. Parmi ceux-ci, 11 ont utilisé le mot "nègre" pour évoquer des footballeurs noirs, 25 ont partagé des émojis montrant un singe ou une banane, 13 autres ont appelé à l'expulsion des joueurs. Par ailleurs, 25 de ces publications ont suggéré que les joueurs visés "retournent" dans un pays, tandis que 13 les attaquaient sur leur pratique de la langue anglaise. Sur la centaine de messages signalés, un seul a été supprimé.

Les messages signalés, visant 43 joueurs différents, sont toujours visibles sur la plateforme ce 21 novembre. Parmi ces joueurs, les stars anglaises Raheem Sterling et Bukayo Saka, qui étaient déjà ciblés après la finale de l'Euro 2020. L'analyse précise à ce propos que les deux tiers des comptes qui ont ciblé les footballeurs anglais avec un torrent d'abus racistes à la suite de la finale de l'Euro 2020 sont toujours actifs. Un laxisme qui n'est donc pas attribuable au seul Elon Musk.

Tous les tweets identifiés dans l'analyse de la CCDH mentionnaient les footballeurs par leur nom ou marquaient leur identifiant Twitter. Nombre d'entre eux étaient des publications sous des tweets officiels de clubs de football ou de sites d'information.

Le nouveau patron de Twitter, Elon Musk, s'est placé "en défenseur absolu de la liberté d'expression". Elon Musk a déclaré le 18 novembre que les "tweets négatifs/haineux" seraient "démonétisés", mais pas nécessairement supprimés. Il a ajouté que les utilisateurs "ne trouveront pas le tweet à moins de le chercher spécifiquement, ce qui n'est pas différent du reste d'Internet".

Kick It Out, un groupe anti-discrimination qui travaille avec des organisations de football, a publié une lettre ouverte le 15 novembre pour interpeller Elon Musk et Mark Zuckerberg, leur demandant de prendre des mesures plus fortes pour lutter contre les abus en ligne.

En janvier 2022, Twitter a été contraint par la justice française de fournir des informations sur ce qu'il met en œuvre pour lutter contre les contenus haineux, après avoir été assigné en référé par plusieurs associations dont SOS homophobie et l'Union des étudiants juifs de France. Une décision à laquelle l'entreprise, qui refuse toute communication à ce sujet, ne s'est jamais conformée.

Margaux Vulliet