Test du Honor Magic V2: le téléphone pliant rêvé?

Un an à peine après la sortie de son aîné, le chinois Honor propose un successeur baptisé tout simplement Magic V2.

Quelques années après l'arrivée de Samsung, on ne peut pas dire que le marché du téléphone pliant a bouleversé celui du smartphone. À défaut d'avoir été largement adopté par les consommateurs, le principe a néanmoins vu émerger de belles propositions, dont fait justement partie le Magic V2, successeur du Magic Vs de Honor, qui débarque en France en ce début d'année 2024 a un prix atteignant les 1999 euros.

Ce prix, qu'il faut relativiser au regard des offres de précommandes - avec 600 euros de réduction - le met dans le haut du panier face à ses concurrents, moins chers, mais peut-être un peu moins bien loti sur certains aspects techniques.

Un design ultra-fin

Ce qui frappe aux yeux en premier lieu, c'est le design. En apparence classique, le téléphone prend tout son sens en déployant ses ailes - littéralement - puisqu'en l'ouvrant à la verticale, on peut observer avec curiosité le format carré de l'écran déplié.

Non pas que l'appareil d'Honor se distingue d'un autre - l'ouverture de son écran pliable se fait de la même manière qu'ailleurs et l'expérience utilisateur ne change pas d'un iota face au Fold de Samsung - mais il charme immédiatement par sa finesse, et l'effet wahou de ce type d'appareil fait toujours son petit effet. Autant le dire: fermé, il est aussi épais qu'un iPhone 15 Pro max, et ouvert, il ne fait que quelques millimètres d'épaisseurs.

L'iPhone 15 Pro Max face au Magic V2 de Honor © Sylvain Trinel

Il faut bien admettre que ses mensurations impressionnantes, mais sa finesse a néanmoins un prix: l'ouverture en grand n'est pas forcément chose aisée. Il s'agit d'un détail, mais la charnière - neuve, puisque nous avions entre les mains un téléphone sorti d'usine - demandera sans doute un peu de temps avant de se plier à votre volonté pour s'enclencher, et créer le dépliage associé. La faute, probablement, a une finition des bordures un peu trop lisse, créant un effet de patinage lorsqu'on souhaite l'ouvrir rapidement. Il vous faudra vos deux mains fermement positionnées pour le faire.

L'autre petit défaut, c'est que les touches physiques sur les côtés du smartphone sont tout aussi fines. Pour le volume, comme pour le bouton d'alimentation qui sert aussi de capteur d'empreinte, il n'est pas forcément facile de se repérer au quotidien. Bien sûr, c'est une question d'habitude, mais lorsque le Magic V2 est ouvert, on perd assez vite la visibilité de ces boutons.

Honor présente un smartphone pliant ultra-fin DQJMM (1/2)

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Des écrans impressionnants

Mais justement, que valent les écrans du Magic V2? C'est toute la question, d'autant qu'on était curieux de découvrir en détail l'écran en façade (quand le smartphone est fermé), généralement parent pauvre de ce secteur. Pour son nouveau mobile, Honor n'a toutefois été du genre avare, avec une belle dalle OLED de 2376x1060 pixels, soit 6,43 pouces, et un taux de rafraîchissement de 120 Hz. La luminosité maximale, de 2500 nits, vient se placer aux côtés du Galaxy S24 Ultra. Une fois déplié, l'écran s'affiche sur 7,92 pouces, dans une résolution de 2344x2156 pixels. Avec là encore une dalle OLED de 120 Hz, mais avec tout juste 1600 nits, l'effet d'ouverture fait toujours son petit effet.

Le Magic V2 de Honor impressionne avec son écran OLED © Sylvain Trinel

Bien évidemment, la pliure se voit toujours, même après des dizaines de fermetures et d'ouvertures. Elle se sent, aussi, au toucher, lorsqu'on commence à utiliser le Magic V2 en mode tablette, mais au premier constat, on a tendance à l'oublier lorsque l'écran est allumé. Pour tout vous dire, on a même tenté de le replier dans le mauvais sens en voulant le ranger dans notre poche, persuadé que la pliure était de ce côté.

On ne relancera pas le débat de l'intérêt ou non des smartphones pliants, mais il faut néanmoins noter que la finesse globale du Magic V2 fait qu'il ne sera pas incongru de l'utiliser quasi exclusivement en mode portrait, et conserver le mode tablette pour des jeux ou des vidéos.

Une partie technique très classique

Dans ses entrailles, le Magic V2 est loin d'être un amateur. Il est même globalement assez semblable au Galaxy Z Fold 5 de Samsung grâce à son processeur Snapdragon 8 Gen 2, avec un Andreno 740 pour la partie graphique. Doté d'un généreux 512 Go de stockage et de 16 Go de RAM, le smartphone s'avère fluide au quotidien, mais aussi dans les jeux.

Pour établir notre avis, on a notamment lancé des jeux connus pour être gourmands, comme Genshin Impact ou Fortnite, et les résultats sont plutôt convaincants. Dans le cas du titre de Mihoyo, et si vous mettez les graphismes à un haut niveau, vous bénéficiez d'un 45 FPS contant, et même monter jusqu'à 60 FPS si vous abaissez un peu vos exigences. Sur Fortnite, aussi, la fluidité est au rendez-vous. Le téléphone ne chauffe d'ailleurs pas beaucoup, eu égard à l'expérience visuelle que l'on peut vivre, ce qui n'est pas une mince affaire compte tenu de la finesse de l'appareil.

Toutefois, et c'est malheureusement le cas pour tous les téléphones pliants: la plupart, si ce n'est la quasi-totalité des applications et jeux ne prennent pas en charge le format "carré" inhérent à ces smartphones. Genshin Impact est disponible en plein écran, mais les autres jeux afficheront deux bandes noires en haut et en bas. Même constat pour les applications: Youtube, Netflix, Tiktok... il faudra là aussi se contenter d'un ratio classique, et donc des bandes noires, à moins que vous n'appréciiez le super-zoom nécessaire pour que toute l'image s'affiche sur l'écran du Magic V2.

Côté batterie, avec ses 5000 mAh, le smartphone pliant d'Honor n'est pas d'une robustesse à toute épreuve, surtout si vous êtes du genre gourmand en jouant à vos jeux vidéo mobile favoris dans les transports, mais il tient une petite journée assez facilement.

Fortnite utilise pleinement l'écran du Magic V2 © Sylvain Trinel

Des photos qui mériteraient mieux

Alors qu'on dispose désormais de confortables appareils photos dans les smartphones haut de gamme de chez Google ou Samsung, les téléphones pliants n'ont, eux, jamais étaient de foudre de guerre. Mais malgré tout, on est en droit d'attendre quelque chose de propre par rapport au prix demandé par Honor sur ce Magic V2.

Avec ses deux objectifs de 50 mégapixels pour le Grand Angle et l'Ultra Grand Angle, le smartphone pliant d'Honor s'en tire avec les honneurs, mais sans pour autant faire d'éclat. C'est mieux que Samsung, qui se contentait du 12 mégapixels sur ce dernier élément, mais la qualité de la photo ne s'en trouve pas fondamentalement changée. Petite déception en revanche pour le télé-objectif, de 20 mégapixels, qui aurait là aussi pu faire mieux, bien que la partie logiciel, truffée d'options, permette de compenser certains défauts.

Il y a quelques modifications possibles, notamment grâce à une dose d'intelligence artificielle, mais on ne peut pas dire que l'on a face à nous un smartphone dont le principal intérêt se trouve être sa partie photo.

Honor s'en tire avec les honneurs

Équipé d'Android 13, le Magic V2 sera mis à jour vers Android 14 d'ici le mois de juin 2024. Un petit retard à l'allumage regrettable compte tenu du délai entre la sortie chinoise et française, mais qui n'est pas non plus rédhibitoire dans la mesure où la surcouche maison du fabricant est aussi discrète que de bonne facture.

Du côté des mises à jour, c'est justement la question qui est en droit de se poser à l'heure où Samsung, comme Google, rivalisent de chiffres pour témoigner de leur soutien à des modèles sur le long terme. Pas de surprise néanmoins pour ce Magic V2 qui est rangé au même niveau que la plupart des fabricants sur Android, vous aurez droit à 5 ans de mises à jour de sécurité, et 4 ans de mises à jour majeures.

Sylvain Trinel