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Semi-conducteurs: l'épineuse question de la souveraineté

L'Union européeene cherche à sécuriser la fabrication de semi-conducteurs pour garantir sa souveraineté. Le point sur la situation avec Frédéric Tilhac, directeur général d’Alter Technology France.

La course aux investissement dans les semi-conducteur continue de faire rage. Chine, Etats-Unis, Union européenne: tous les grand blocs investissent pour développer ou conserver leur souveraineté en la matière sur fond de pénurie mondiale de composants. Frédéric Tilhac, directeur général d’Alter Technology France, société spécialisée dans les semi-conducteurs, était l'invité de Tech&Co ce mardi 3 janvier. Il a livré son analyse sur la situation.

Concernant la pénurie "nous en somme au même point. Les temps de cycle se rallongent par rapport à l'approvisionnement de composants et cela touche tout le monde. Ce n'est pas simple. L'Europe et les Etats-Unis essayent d'investir à coup de milliards de dollars mais il reste l'expertise à acquérir et monter tout cela prend du temps", a-t-il souligné.

Les tensions entre la Chine et Taïwan sont une menace

Une situation qui n'est pas aidée par l'inertie qui touche le secteur: la production de semi-conducteurs nécessite du temps entre l'investissement et la fabrication de puces.

"C'est plusieurs années pour mette en place une usine et pour qualifier le processus. Derrière, il y a aussi du design de produits à effectuer. C'est des temps de cycle relativement longs. Investir maintenant est nécessaire mais nous n'en verrons les gains que dans quelques années", a détaillé Frédéric Tilhac,

Le marché mondial est fortement dépendant de TSMC, le fondeur taiwanais. Or, la situation géopolitique tendue entre Taïwan et son voisin, la Chine, continue de constituer une menace pour l'approvisionnement en semi-conducteurs qui nécessite de relocaliser la fabrication de semi-conducteurs estime Frédéric Tilhac.

"Le président Biden a vu son homologue chinois pour trouver des accords pour éviter d'avoir une agression de Taiwan par la Chine. Néanmoins, le risque est présent. Résultat: nous voyons que l'Europe ou les Etats-Unis essayent d'aller plus vite en matière de souveraineté. Texas Instruments est en train de rapatrier pas mal d'usines. Avant, ils envoyaient la fabrication sur les usines asiatiques"

Frédéric Tilhac estime par ailleurs que le plan européeen de 43 milliards d'euros pour la production de semi-conducteurs n'est pas suffisant. "C'est un bon début, mais c'est une goutte d'eau".

Louis Mbembe