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Séismes en Turquie et en Syrie: comment les satellites aident les équipes de secours

Grâce à un dispositif international, les satellites de 11 agences spatiales fournissent des données et des cartes précieuses aux équipes de secours turques et syriennes.

Alors que les tremblements de terre en Turquie et en Syrie ont fait plus de 17.000 morts selon les derniers chiffres, la Charte internationale "Espace et catastrophes majeures" a été déclenchée le 6 février au matin par l’autorité turque de gestion des risques et catastrophes. En quelques heures, plus de 11 agences spatiales ont été mobilisées pour cartographier la zone sinistrée et orienter les secours et les ONG vers les zones prioritaires.

Créée en 1999, la Charte a été lancée à l’initiative du Centre national d'études spatiales (CNES) et de l’Agence spatiale européenne. Elle rassemble aujourd’hui 17 agences membres.

"Notre dispositif est pensé pour être le plus réactif possible", explique à Tech&Co Emilie Bronner, représentante du CNES au Secrétariat Exécutif de la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures.

Dans le cas actuel de la Syrie et de la Turquie, différents satellites ont été mobilisés. Dès lors qu’une autorité demande l’activation de la Charte, une personne compétente au sein du programme active la programmation des satellites les plus adaptés parmi les agences qui le composent. Ici, des satellites optiques et radars (qui permettent notamment de prendre des images de nuit) ont été réquisitionnés et les premières images ont été envoyées en quelques heures.

Les cartes fournies aux équipes de secours rassemblent plusieurs informations: des cartes mises en forme avec des couleurs pour être facilement interprétées, un recensement des routes barrées, mais surtout une indication des zones les plus touchées pour préciser là où il faut envoyer les urgences en priorité. Les images et cartes satellites sont également utiles aux ONG pour savoir là où les populations se sont rassemblées après la catastrophe (stades, parcs…) afin d’acheminer des vivres et de l’eau.

Une Charte apolitique

Parmi les satellites mobilisés pour cette catastrophe, on retrouve les satellites optiques de la Chine et des Etats-Unis ou les images radar des agences spatiales allemande et européenne. En ce qui concerne la France, le CNES et Airbus Defense and Space ont mobilisé trois satellites: Spot, Pléiades et Pléiades Neo. Par exemple, Pléiades permet d’avoir une image avec un détail à 50 cm et Neo à 30 cm et savoir par exemple si un bâtiment a été détruit. Si des pays, pas toujours amis, apportent leur aide c’est aussi parce que "la Charte a été pensée pour être apolitique et dans un but humanitaire", précise Emilie Bronner, loin des enjeux géopolitiques du spatial.

Les images sont également envoyées aux autorités afin qu’elles estiment le coût financier des dégâts. Le dispositif mis en place par la Charte est activé pour une dizaine de jours. A plus long terme, les images satellites sont aussi utiles pour la phase de reconstruction grâce à l'initiative "Observatoires de la Reconstruction".

Margaux Vulliet