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Rachat de Twitter par Elon Musk: pourquoi les "faux comptes" ont tué l'accord

Le milliardaire s'est retiré de l'accord d'acquisition de Twitter, accusant le réseau social d'avoir menti sur la proportion de faux comptes sur la plateforme.

Après trois mois de rebondissements, Elon Musk a finalement officiellement renoncé à son acquisition de Twitter, le vendredi 8 juillet. Il avait annoncé sa volonté d'acheter le reseau social, le 25 avril, pour 44 milliards de dollars. A la suite de cette annonce, le milliardaire avait émis des craintes quant à la proportion de faux comptes sur la plateforme, pouvant représenter un enjeu financier.

Le réseau social lui a fourni, début juin, les données nécessaires pour comptabiliser ces derniers. Après avoir analysé ces chiffres, le milliardaire a finalement déclaré se retirer du processus d'achat, accusant le réseau social d'avoir donné des "informations fausses et trompeuses" sur la proportion de faux comptes.

Dans ses résultats financiers, parus fin avril, la plateforme indique environ 229 millions d'utilisateurs réguliers, dont moins de 5% de faux comptes. Une proportion qui n'a d'ailleurs pas évolué depuis une dizaine d'années selon la plateforme.

Des comptes automatisés

Parmi ces 5% estimés de faux comptes, on trouve principalement des "bots", des comptes automatisés derrière lesquels se trouve un robot. Il s'agit la plupart du temps de coquilles vides, que l'on retrouve par ailleurs sur d'autres réseaux sociaux.

Certains utilisateurs peuvent également "acheter" des abonnés, moyennant quelques dizaines, voire centaines d'euros, afin d'accroître leur visibilité. Pendant l'élection présidentielle américaine en 2017, par exemple, une analyse avait estimé à près de la moitié le nombre de robots parmi les abonnés de Donald Trump. Le business des faux abonnés a, depuis, particulièrement bien fleuri, tous réseaux sociaux confondus.

Mais les créateurs de bots peuvent également s'en servir à des fins malveillantes, pour faire de la propagande ou harceler des utilisateurs, une pratique que l'on voit notamment sur la plateforme de diffusion en direct Twitch.

Enfin, certains "bots" peuvent aussi avoir un objectif ludique ou informatif, notamment dans le milieu du développement web. Ils sont alors considérés comme des "good bots", des "bons robots". Les personnes à l'origine de ces derniers peuvent ainsi les faire étiqueter avec le macaron "Automatisé", et ce depuis la mi-février.

Utilisateurs monétisables

Financièrement, ces "faux comptes" influent directement sur les résultats de l'entreprise. Si cette dernière a tenté de diversifier ses revenus, notamment en proposant des abonnements payants, son modèle économique tient en grande majorité à la publicité. La publicité est elle-même évidemment dépendante du nombre d'utilisateurs.

Or, en achetant Twitter, Elon Musk aurait acheté également ses utilisateurs "monétisables", c'est-à-dire tous les utilisateurs qui ont été exposés à une publicité au moins une fois sur le réseau social. Cette variable ne doit pas être confondue avec le nombre d'utilisateurs actifs mensuels, sur lequel Twitter ne communique plus depuis 2019.

Or, dans le cas où la proportion de faux comptes irait au-delà de 5%, cela pourrait avoir un impact non seulement sur la publicité, mais également fausser les prévisions d'abonnements payants. Une situation qui a poussé Elon Musk à renoncer au rachat du réseau social, estimant que sa valeur financière serait ainsi faussée.

Paralèllement à ces enjeux financiers, Elon Musk a régulièrement évoqué les effets néfastes des faux comptes, mais aussi des escroqueries - qui ont parfois exploité sa propre image - sur l'expérience des utilisateurs. Un problème qu'il décrit comme étant l'un des plus importants de la plateforme.

Le renoncement d'Elon Musk l'expose désormais à une bataille juridique contre le réseau social: les deux parties s'étaient engagées à débourser une indemnité de rupture pouvant aller jusqu'à un milliard de dollars. Une somme bien plus importante pourrait par ailleus être en jeu sous forme de dommages et intérêts.

Victoria Beurnez