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Qui est Frances Haugen, la lanceuse d'alerte qui met Facebook dans la tourmente?

Frances Haugen sur CBS, le 3 octobre 2021

Frances Haugen sur CBS, le 3 octobre 2021 - Robert Fortunato / CBS News/60MINUTES / AFP

Cette Américaine de 37 ans a notamment travaillé au sein d'un groupe interne chargé de combattre la désinformation sur le réseau social lors des élections présidentielles.

La période est compliquée pour Facebook, victime d'une panne inédite ce 4 octobre. Mais à long-terme, c'est une lanceuse d'alerte du nom de Frances Haugen qui pourrait faire le plus de dégâts au sein de l'entreprise. Interrogée ce dimanche 3 octobre sur la chaîne américaine CBS, elle a révélé être à l'origine de la série d'enquêtes parue ces dernières semaines dans le Wall Street Journal.

En effet, cette ancienne employée du réseau social a transmis au Journal plusieurs milliers de documents voués à rester en internes, alimentant plusieurs articles révélant les dessous du fonctionnement de Facebook.

Les enquêtes ont notamment révélé l'absence d'action de Facebook face à la détresse mentale des adolescents dûe à sa filiale Instagram, aux multiples trafics humains qui prolifèrent sur ses plateformes, ou encore une politique tournée vers "le buzz" plutôt que vers la lutte contre la désinformation.

Une forte expérience des réseaux

Frances Haugen a révélé son visage dans la célèbre émission 60 Minutes, diffusée sur CBS. Employée en tant qu'ingénieure chef de produit pendant deux ans au sein de Facebook, cette Américaine de 37 ans a une longue expérience professionnelle chez les grands du Web.

Diplômée en administration des affaires de la prestigieuse université de Harvard, elle a notamment fait ses armes chez Google, Yelp, l'application de rencontres Hinge ou encore le réseau social Pinterest.

"La situation (chez Facebook) est pire que tout ce que j'ai pu voir avant", regrette-t-elle au cours de son entretien avec CBS.

C'est lors des élections présidentielles américaines de 2020 que son parcours prend un tournant. Engagée peu avant le scrutin, elle oeuvre au sein d'un groupe de travail chargé de lutter contre la désinformation sur le réseau social.

A cette occasion, le groupe modifie ses algorithmes de recommandation pour limiter le partage de contenus extrêmes, mensongers ou trompeurs. Ce choix fait suite aux accusations récurrentes visant Facebook dont le fonctionnement aurait favorisé Donald Trump lors de l'élection de 2016.

Un pas en avant, trois en arrière

Or, malgré les moyens mis en oeuvre pour 2020, Frances Haugen révèle qu'un mois seulement après les élections, le réseau social revient sur ses pas. Les anciens algorithmes sont remis en place.

Selon l'ancienne employée, Facebook a choisi de "donner la priorité à la croissance plutôt qu'à la sûreté".

"Je l'ai vécu comme une trahison de la démocratie", révèle la femme auprès de la chaîne américaine CBS.

Elle quittera ses fonctions au sein du réseau social en mai 2021, après avoir minutieusement accumulé les preuves accablantes qu'elle a fournies.

"Ensemble, nous pouvons créer un réseau social qui présente le meilleur de nous-mêmes. Nous réglons les problèmes ensemble, nous ne les réglons pas individuellement", a déclaré Frances Haugen sur Twitter.

L'Américaine, qui dit avoir agi "en dernier recours" et "au péril de sa vie", doit s'exprimer ce mardi 5 octobre face au Congrès afin de demander une meilleure régulation du réseau social. Elle a également rendez-vous devant le Parlement britannique fin octobre.

Victoria Beurnez