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Pourquoi une entreprise britannique pourrait faire augmenter le prix de nos smartphones

L’entreprise britannique ARM souhaite facturer la conception de ses microprocesseurs directement auprès des fabricants d’appareils électroniques plutôt que des constructeurs de puces, comme c’était jusqu’ici l’usage.

Vous les retrouvez dans quasiment tous les appareils électroniques de votre quotidien, smartphones compris. Les plans et les outils du concepteur britannique ARM permettent aujourd’hui aux fournisseurs de puces électroniques comme Apple, Qualcomm ou Nvidia de fabriquer des microprocesseurs qui seront ensuite utilisés par les constructeurs du monde entier.

Mais pour augmenter sa rentabilité, ARM, société basée à Cambridge et propriété du conglomérat japonais Softbank, ne souhaite plus prélever de commission aux constructeurs de microprocesseurs (jusqu’ici de l’ordre de 1 à 2% par puce vendue) à qui elle accordait jusqu’ici directement ses licences. L’entreprise souhaite désormais réclamer son dû aux fabricants d’appareils électroniques et de téléphones en fonction du prix de vente moyen desdits appareils.

Explosion des marges… et des prix

Une petite révolution qui pourrait faire grimper le prix des smartphones, car les sommes demandées par ARM seront d’un ordre tout autre. Le Financial Times estime que le prix moyen d’une puce Qualcomm, de 40 dollars (et respectivement 17 et 6 dollars pour ses concurrents MediaTek et Unisoc), permettait jusqu’ici à ARM de dégager 40 cents en moyenne par téléphone vendu.

Mais alors que le coût moyen d’un smartphone tournait autour de 335 dollars en 2022, les sommes demandées explosent, même en faisant l’hypothèse d’une commission minime de l’ordre de 0,5 % de valeur totale d’un terminal, comme le suggère 01net.com.

Le géant britannique prévoit par ailleurs de contraindre les constructeurs de puces à ne vendre qu’aux fabricants qui ont conclu un contrat avec ARM, afin de s’assurer de ces redevances. Dans ces conditions, l’augmentation des coûts pourrait logiquement être répercutée sur le prix des smartphones auprès du grand public.

Renflouer les caisses

Si ARM veut à tout prix décupler ses marges, c’est d’abord car sa situation financière n’est pas reluisante. L’an dernier, son mégaprojet de rachat avait été interrompu en plein vol, après que des enquêtes de différentes autorités de la concurrence se sont inquiétées de la position centrale dans l'industrie mondiale des semi-conducteurs que cette acquisition pouvait offrir au potentiel acheteur, Nvidia. Ajoutons à cela que la rentabilité du groupe n’est pas au beau fixe, tandis que ses coûts internes augmentent.

ARM espère ainsi redorer ses comptes et se rendre indispensable sur le marché pour doper sa valorisation, estimée aujourd’hui entre 30 milliards et 70 milliards de dollars. La rumeur d’un changement de modèle économique couvait depuis octobre 2022, comme le rapporte le site spécialisé Semi Analysis, mais ARM accélère désormais le mouvement en amont de son introduction en Bourse.

Dans un marché des semiconducteurs en crise, le chamboulement du modèle proposé par ARM pourrait profiter à son concurrent RISC V, qui propose une architecture ouverte que ses clients peuvent modifier en toute liberté, quitte à ensuite revendre leurs propres puces à d’autres.

Lucie Lequier