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"C’est l’avenir de la recherche, l’avenir des réponses": le responsable de Bing revient sur les premiers pas de ChatGPT

Ce mardi, Microsoft dévoile une nouvelle mise à jour de Windows 11 qui intègre une bonne dose d'intelligence artificielle, notamment via Bing AI conçu sur le modèle de ChatGPT. Un élan que Microsoft se devait de prendre, et un grand pas pour l'avenir, selon Yusuf Mehdi, en charge du projet qui s'est confié à Tech&Co.

L’intelligence artificielle est désormais sur toutes les lèvres, dans tous les secteurs du quotidien et de toutes les nouveautés. Depuis l’avènement de ChatGPT, il ne se passe pas un jour sans que l’IA conversationnelle soit nommée, utilisée, voire soit porteuse de tous les maux comme de tous les espoirs.

Depuis l’annonce de son partenariat avec OpenAI, créateur de ChatGPT, pour intégrer la solution dans son moteur de recherche Bing et dans bien d’autres fonctions, Microsoft est sous les feux des projecteurs avec plus ou moins de réussite. L’entreprise de Redmond travaille à l’intégrer partout, mais ne veut pas le faire de manière précipitée et irréfléchie.

Une avancée pas à pas qui doit être simple

"Cela fait longtemps que nous travaillons avec l’IA de manière assez discrète dans Windows pour prendre position pour l’avenir," explique à Tech&Co Yusuf Mehdi, Corporate Vice-President chez Microsoft en charge des appareils et de Search. "Nous avons ainsi aidé les utilisateurs à faire de meilleurs appels vidéo avec des effets qui recentrent votre regard face à votre interlocuteur. L’IA sait aussi quels fichiers vous utilisez principalement et les met en avant pour vous. Désormais, on ajoute de l'IA dans la barre de tâches. Tout est fait pour améliorer et simplifier le quotidien".

Et ce mardi, Microsoft déploie une nouvelle mise à jour de Windows 11 avec notamment l’arrivée du moteur de recherche Bing AI en version avancée pour ceux qui veulent le tester en avant-première. "C’est l’avenir de la recherche, l’avenir des réponses, l’avenir du chat et de la création. Le meilleur moyen d’interagir avec l’IA et d’avoir un aperçu de l’avenir", avance-t-il. Cela va être ajouté à la barre de tâches de Windows pour être rendu accessible à des millions de personnes. "Nous le faisons de manière prudente et responsable", promet-il. "Nous voulons avant tout rendre cela puissant et simple pour tout le monde."

Satya Nadella, le patron de Microsoft, a annoncé la nouvelle version de Bing basée sur ChatGPT
Satya Nadella, le patron de Microsoft, a annoncé la nouvelle version de Bing basée sur ChatGPT © Microsoft

Chez Microsoft, on ne cache pas qu’il était important de répondre présent dès les premiers pas de l’IA conversationnelle. "C’est une opportunité incroyable de donner aux gens les moyens d’agir comme jamais ils n’ont pu le faire auparavant", s’enthousiasme Yusuf Mehdi. "Les études montrent que la moitié des requêtes de recherche actuelles ne répondent pas aux demandes. Cela fait environ 100.000 personnes qui n’ont pas de réponse adéquate à leur question chaque seconde.

Avec l’arrivée de l’IA dans la recherche, ils vont avoir l’opportunité d’avoir des réponses plus précises, plus affinées, d’être plus autonomes dans leur vie, de meilleurs créateurs, de meilleurs écrivains ou même producteurs. Cela va vraiment aider à faire avancer la technologie".

Etre clair dans ses intentions pour être compris

Selon Microsoft, les premiers utilisateurs ont pris à bras-le-corps le sujet et font appel à Bing AI pour la recherche bien plus que pour entamer une discussion, faire du divertissement social ou autre, au prix parfois de s’amuser à faire dérailler l’IA. Insultes, mensonges et même menaces… le chatbot a été poussé à bout par les testeurs en herbe.

"Je ne m’attendais pas à certains usages mais je savais que nous apprendrions des choses auxquelles nous ne nous attendions pas" explique Yusuf Mehdi.

"Bien sûr, les gens essaient de lui faire dire des choses controversées" mais "nous voulons que les gens l'utilisent de la façon dont ils veulent l’utiliser" assure-t-il. "Nous voulons apprendre à partir de ça, c'est ça l'objectif. Nous n'essayons donc pas de dire aux gens comment utiliser la technologie."

Ce qui n’a pourtant pas empêcher Microsoft de museler quelque peu son outil. "Nous savions qu’en déployant cette technologie, nous devions la tester auprès du public de manière limitée et responsable. Sinon, vous ne pouvez pas concevoir un grand produit. On n’apprend pas à faire du vélo dans un livre. Vous devez sortir, essayer, y aller lentement et prudemment au début. Nous savions que nous trouverions des cas d’utilisation auxquels nous ne pouvions pas penser".

S’il reconnaît que l’IA est une avancée folle pour tous les domaines et que l’ajout dans le moteur de recherche, la barre de tâches Windows 11 et dans plein d’autres fonctions à venir va faciliter la vie des utilisateurs, il sait aussi qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec l’intelligence artificielle. "Nous devons être clairs sur les principes, sur la façon dont nous avons construit le produit et comment nous le rendons sûre", souligne le responsable.

Une capture d'écran du moteur de recherche Bing
Une capture d'écran du moteur de recherche Bing © BFMTV

"Nous avons beaucoup travaillé pour nous assurer que le nouveau Bing est responsable, qu’il n’encourage pas les discours haineux ou la violence, qu’il protège les gens. Vous allez constater que si vous posez une question inappropriée, nous le détecterons et nous répondrons en disant que nous ne pouvons pas répondre à cette question. Si ce n’est pas quelque chose que nous recommandons, il y aura une ligne d’aide. Et si nous n’avons pas de réponse définitive et qu’il existe de multiples perspectives et points de vue, nous l’indiquerons avec des liens pour en savoir plus".

L'IA doit être un gain de temps pour être plus productif

Ainsi, pour se prémunir de toute désinformation, mésinterprétation ou autre, Bing AI se protégera en affichant des sources et des citations pour savoir d’où proviennent les informations.

Si le moteur de recherche Bing AI concentre toutes les avancées dans le domaine de Microsoft, ce n’est pas le seul secteur dans lequel il faut attendre le géant américain. "Nous voulons que toutes les nouvelles fonctions à l’IA permettent un gain de temps massif. L’IA va vous rendre plus productif d’une certaine manière. Avec les améliorations dans les appels vidéo, avec un regard qui fixe l’interlocuteur, c’est davantage de concentration et d’écoute. L’IA va nous rendre plus productifs et plus autonomes."

Yusuf Mehdi ne cache pas que Microsoft travaille déjà à d’autres nouveautés pour Windows 11 et bien d’autres secteurs, notamment en vidéo. "Il y a probablement beaucoup de progrès à faire encore", clame-t-il. "Nous n’en sommes qu’aux premiers jours de l’IA."

Par Melinda Davan-Soulas