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La Cnil anglaise intervient contre la reconnaissance faciale dans les cantines des écoles

Des élèves à la cantine.

Des élèves à la cantine. - NICOLAS TUCAT © 2019 AFP

Les élèves de neuf écoles écossaises montrent désormais leur visage pour accéder à leur déjeuner. Un dispositif "plus rapide et plus sécurisé contre le Covid-19", mais qui inquiète fortement parents et associations.

La technologie s'invite chez les petits. Cette semaine, neuf écoles primaires écossaises, du North Ayrshire, ont lancé des paiements de cantine via reconnaissance faciale. Une nouveauté qui inquiète l'Information Commissioners' Office (ICO), l'équivalent britannique de la Cnil, gendarme des données personnelles.

Selon le conseil du North Ayrshire, relayé par le Financial Times, "97% des enfants ou de leur parent ont donné leur consentement pour ce nouveau système. Ils sont nombreux chaque jour à oublier leur carte, tandis que certains d'entre eux ont été victime de vol de carte de paiement. Ils sont donc pour faciliter le système et en apprécient les bénéfices", a précisé le conseil.

Vers une approche "moins intrusive"

Le visage de chaque élève est ainsi scanné lors de la file d'attente de la cantine, faisant craindre à la fois aux parents et aux associations des dérives. Un porte-parole de l'ICO a rappelé que tous les établissements et organisations utilisant la reconnaissance faciale doivent se conformer aux règles en vigueur sur les données personnelles.

Selon les informations du quotidien The Guardian, l'ICO a contacté le conseil du North Ayrshire à ce sujet, mais également pour les inviter à opter pour une approche "moins intrusive".

"Les lois sur la protection des données donnent des règles de conduite spécifiques pour les mineurs, et les établissements doivent considérer avec rigueur leur utilisation", a conclu le gendarme des données.

Les écoles du Royaume-Uni utilisaient déja les données biométriques des élèves dans le cadre de la cantine, notamment leur empreinte digitale. Mais selon les établissements à l'initiative du projet, ce système "est plus rapide et plus sécurisé face au Covid-19". Le système de reconnaissance faciale a été installé par l'entreprise CRB Cunninghams.

"Au collège, vous avez potentiellement une période de 25 minutes pour servir un millier d'élèves. Nous avons donc besoin d'un système de paiement permettant un débit rapide", a déclaré David Swanston, directeur de l'entreprise.

Selon CRB, les données biométriques des élèves sont "stockées sur des serveurs locaux dans l'école", et n'ont donc pas vocation à être conservés. L'entreprise n'informe pas, cependant, sur leur durée de conservation.

Un dispositif qui inquiète

L'association Big Brother Watch a, elle, tiré la sonnette d'alarme sur ce nouveau dispositif. "On banalise les contrôles d'identité biométriques pour des activités du quotidien. Il est inutile de déployer des technologies d'aéoport pour que des élèves puissent prendre un déjeuner", a regretté Silkie Carlo, membre de l'association.

Actuellement en contrat avec neuf écoles, CRB Cunninghams a, d'après le Financial Times, signé pour déployer ses services dans 65 autres établissements.

La reconnaissance faciale a déjà fait l'objet de tests dans d'autres écoles du monde: l'État américain de New York l'a banni fin 2020. En Suède, une municipalité a été contrainte de payer une amende après l'avoir testée dans plusieurs écoles.

Le sujet de la reconnaissance faciale est sensible au Royaume-Uni. Son système, l'un des premiers, a fait de Londres l'une des villes les plus surveillées au monde, avec près de 500 000 caméras. En janvier 2020, les craintes se sont accentuées lorsque la police a reçu l'autorisation d'utiliser la reconnaissance faciale en direct pour surveiller les citoyens.

Victoria Beurnez