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“Irresponsable et dangereux”: Twitter poursuivi en justice pour ses lacunes face à la haine en ligne

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Le réseau social est poursuivi par des associations antiracistes pour son inaction face aux propos haineux. Une médiation était en cours, mais n’a pas abouti.

Twitter sera devant le juge le 26 mai prochain. Dans un communiqué de presse, SOS Racisme, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), la Licra, J’accuse, le MRAP et SOS Homophobie, annoncent mettre fin à une médiation en cours face au réseau social depuis octobre 2020. L'initiative avait été proposée par la justice après une procédure judiciaire lancée en mai 2020. Les associations reprochent à Twitter son inaction face aux contenus racistes et son manque de transparence.

11% de contenus haineux supprimés

Au printemps 2020, ces mêmes associations avaient procédé à un “testing”, en sélectionnant 1.100 contenus considérés comme haineux (racistes, antisémites ou homophobes) par leurs avocats et en les signalant auprès de la plateforme. Après cinq jours, seuls 11% d’entre eux avaient été modérés par le réseau social.

Selon les conclusions de ce “testing”, seulement 16% des contenus “manifestement racistes” ont été supprimés, contre 13% des contenus “manifestement antisémites” et seulement 4,5% des contenus “manifestement homophobes”.

Dans un souci de confidentialité, le communiqué de presse ne précise pas les raisons de l’abandon de la médiation.

“Twitter ne démontre pas de réelle volonté politique pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme ou l’homophobie sur sa plateforme, il se contente d’un léger saupoudrage et de communications inutiles et imparfaites alors qu’il faudrait modérer sérieusement et imposer enfin de l’éthique et la loi française. Cette attitude est irresponsable et dangereuse” regrettent les associations parties civiles.

Ces dernières font notamment face à une difficulté de taille: Comme Facebook, Twitter ne dispose pas de représentant légal en France. Si l’entreprise Twitter France existe bien à des fins de relations publiques et de communication, les utilisateurs signent en réalité les conditions d’utilisation de Twitter International Company, basée en Irlande.

Par ailleurs, Twitter refuse depuis des années de communiquer l’ampleur de ses moyens de modération afin de faire respecter la loi française et refuse régulièrement de coopérer avec la justice pour communiquer les adresses IP de comptes à l’origine de propos illicites. Un élément pourtant indispensable pour identifier les suspects.

Pour l’heure, les associations ne réclament pas une condamnation directe de Twitter mais la désignation d’un expert judiciaire chargé de faire toute la lumière sur ses méthodes de modération. Avant, dans un second temps, d’éventuelles poursuites concernant les défaillances de l’entreprise dans le domaine.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co