Le chef de l’IA chez Facebook donne "cinq ans" à ChatGPT avant de devenir obsolète

Selon Yann Le Cun, le Français spécialiste de l’intelligence artificielle chez Meta, le modèle de ChatGPT sera totalement dépassé d’ici les cinq prochaines années.

En début d’année, Yann Le Cun expliquait que ChatGPT n’avait "rien de révolutionnaire". Mais ce mardi, le responsable de l’intelligence artificielle du groupe Meta a estimé que le robot conversationnel d’OpenAI serait même obsolète dans cinq ans.

Présent à Paris à l’occasion de la réédition de son ouvrage Quand la machine apprend, Yann Le Cunn a rencontré Usbek&Rica. L’occasion de revenir sur les faiblesses du modèle d’IA utilisé par ChatGPT. Car si l’outil fascine le plus grand nombre, il est tout de suite moins révolutionnaire à travers les yeux d’un spécialiste, notamment sur l’utilisation d’un corpus pour piocher ses réponses.

"Il ne s’agit pas d'une idée neuve. Les travaux menés dans les années 1950 par Claude Shannon reposaient déjà sur ce principe", a tempéré Yann Le Cun, relate le site spécialisé.

"Une durée de vie très courte"

Le chercheur en intelligence artificielle français regrette que la solution ne soit pas pilotable, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible de planifier ses réponses. C’est selon lui pour cela que les textes longs générés ont du mal à être cohérents. Il pointe également un manque de fiabilité dans les informations échangées. Ce qui a valu le dépôt d’une plainte auprès de la Cnil de la part du député Eric Bothorel contre ChatGPT.

Rendre pilotable les modèles d’IA est donc la priorité de Yann Le Cun. En donnant des directives et des contraintes aux solutions, il souhaite "mettre au point des IA qui raisonnent et planifient en fonction d’objectifs donnés".

"Les modèles de langage autorégressifs tels qu’on les connaît aujourd'hui auront une durée de vie très courte. D’ici cinq ans, plus personne n’en utilisera", assure le scientifique.

Jamais de domination "par accident"

Pour autant, une forme supérieure d’intelligence artificielle pose la question de sa régulation et de son niveau d’autonomie. La définition des critères pour garantir la sécurité et la fiabilité des modèles d’IA s’appelle l’alignement. Mais Yann Le Cun tente de rassurer: "Le désir de domination, et donc celui de soumission, sont spécifiques aux espèces sociales comme les humains, les babouins ou les loups."

"Ce n’est pas parce qu’on élabore des machines puissantes qu’elles seront dotées d’une volonté de puissance. En tout cas, une machine ne sera jamais dominante ‘par accident’", explique le spécialiste, mettant à mal la plupart des récits de science-fiction.

Enfin, Yann Le Cun estime que l’intelligence artificielle du futur sera ouverte. C’est d’ailleurs la direction qu’a choisi de prendre Meta avec LLaMA. Ce projet d’intelligence artificielle open-source doit aider l’entreprise à concevoir des publicités sur mesure pour ses clients.

"Toutes les technologies d’internet qui ont fini par s’imposer reposent sur de l’open-source", conclut Yann Le Cun.

Pierre Monnier