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Intelligence artificielle

Grâce à l'IA, l'ancien Premier ministre pakistanais fait désormais campagne depuis sa prison

L'ancien Premier ministre pakistanais a donné un discours virtuel sur les réseaux sociaux en marge des législatives de 2024.

L'intelligence artificielle s'invite de plus en plus dans la sphère politique. Après qu'une ville brésilienne a adopté un projet de loi intégralement rédigé par ChatGPT, c'est au Pakistan qu'elle a de nouveau servi.

L'intelligence artificielle a permis à l'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan, en prison depuis août, de faire campagne, dans la nuit de dimanche à lundi, pour les législatives de 2024, malgré sa détention, via une reconstitution de sa voix donnant un discours enflammé.

"Mes chers compatriotes, je voudrais d'abord féliciter notre équipe réseaux sociaux pour cette tentative historique", a dit la voix reconstituée de l'ancien joueur de cricket de 71 ans qui attend derrière les barreaux son procès dans plusieurs affaires, notamment des soupçons de fuite de documents d'Etat. Ces accusations visent selon lui à le tenir à l'écart des élections législatives de février 2024.

"Vous vous demandez peut-être tous ce que je fais en prison", a ajouté la voix artificielle de celui qui fut Premier ministre du Pakistan de 2018 à 2022, "ma détermination en faveur d'une liberté réelle est aujourd'hui très forte".

Le message artificiel de quatre minutes a été diffusé par le parti d'Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice) sur les réseaux sociaux, malgré des coupures sur l'internet.

4,5 millions de spectateurs

Selon Netblocks l'accès aux réseaux sociaux a été restreint pendant sept heures tard dimanche soir, des perturbations similaires à celles observées lors de précédentes opérations de censures visant Imran Khan, d'après cet organisme de surveillance du réseau. Plus de 4,5 millions de personnes ont toutefois pu assister à ce meeting virtuel.

L'intervention artificielle a été diffusée à la fin d'une série de discours en direct de militants du PTI sur Facebook, X (ex-Twitter) et YouTube sur fond d'images d'archives d'Imran Khan.

Une mention "Voix IA d'Imran Khan basée sur ses notes" apparaissait régulièrement, selon le PTI.

"C'était une évidence pour nous, comme Imran Khan n'est plus là" pour prendre part à des meetings, a déclaré Jibran Ilyas le responsable réseaux sociaux du PTI basé aux Etats-Unis, "il s'agissait de contourner la répression". "Aucun meeting politique du PTI n'est complet sans Imran Khan", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.

Le fruit du travail d'ElevenLabs

En vue de ce message artificiel, Imran Khan a d'abord transmis via ses avocats un bref texte, étoffé ensuite dans sa rhétorique habituelle, selon le PTI. Puis la technologie de la start-up spécialisée dans l'IA ElevenLabs a permis de le transformer en discours oral prononcé par un clone de sa voix créé à partir de discours réels passés de l'homme politique.

Imran Khan, qui fut capitaine de l'équipe du Pakistan lors de la victoire à la Coupe du monde en 1992, a été banni des ondes après que sa brève arrestation en mai a déclenché des émeutes.

Les hommes politiques de ce pays d'Asie du Sud sont souvent empêtrés dans des procédures judiciaires qui, selon les défenseurs des droits humains, sont orchestrées par la puissante armée, qui a dirigé le pays directement pendant plus de la moitié de son histoire et continue de jouir d'un immense pouvoir.

W.G avec AFP